Vaccin grippe A, H1N1 : les cas français de narcolepsie-cataplexie confirmés
L'étude cas-témoin NarcoFlu-VF confirme le lien entre les vaccinations contre la grippe A de fin 2009 et une soixantaine de cas de narcolepsie-cataplexie en France. 17 septembre 2013Montpellier, France—Les résultats d'une sous-analyse de l'étude cas-témoins NarcoFlu-VF confirment le lien entre la vaccination de masse contre la grippe A (H1N1) qui a eu lieu fin 2009 en France et plusieurs cas de narcolepsie-cataplexie [1].
Il y a tout juste un an, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) rapportait les résultats de deux études sur le sujet : l'étude européenne VAESCO (Vaccine Adverse Event Surveillance & COmmunication) et les données préliminaires de l'étude NarcoFlu-VF, menée en France uniquement [2].
Les données françaises de l'étude VAESCO mettaient en évidence une augmentation du risque de narcolepsie chez l'adulte. Et, ceux de l'étude NarcoFlu-VF, une association significative aussi bien chez les adultes que chez les enfants et les adolescents.
Les résultats d'une nouvelle sous-analyse de l'étude NarcoFlu-VF confirment cette association, avec un risque accru de narcolepsie avec cataplexie.
Les résultats sont publiés dans la revue Brain du mois d'août.
Une étude cas-témoins spécifiquement française
Les auteurs de l'étude Narcoflu-VF, menée par le Pr Yves Dauvilliers (hôpital Gui de Chauliac, CHU Montpellier, INSERM, U1061, Montpellier, France), ont évalué l'association entre la vaccination H1N1 et la narcolepsie avec cataplexie chez des enfants et de adultes comparés à des témoins appariés pour l'âge, le sexe et la localisation géographique.
Les patients atteints de narcolepsie-cataplexie ont été inclus à partir de 14 centres français. Un entretien téléphonique structuré a permis de colliger les informations sur les antécédents médicaux, les infections contractées par le passé et les autres vaccinations (hépatite B, grippe saisonnière, diphtérie, tétanos).
Parmi les 85 cas de narcolepsie-cataplexie qui ont été inclus, seuls 62 ont été retenus et 59 (64% d'hommes et 57,6% d'enfants) ont pu être appariés avec 135 contrôles.
6,5 fois plus de risque chez les enfants et 4,7 fois plus de risque chez les adultes
L'analyse révèle que la vaccination contre le virus H1N1 est associée à la narcolepsie avec un risque relatif multiplié par 6,5 (2,1 à 19,9) chez les enfants et les adolescents et de 4,7 (1,6 à 13,9) chez les adultes.
« Dans cette sous-analyse, la vaccination contre le H1N1 était fortement associée à un risque accru de narcolepsie-cataplexie à la fois chez les adultes et les enfants, en France », notent les auteurs.
De légères différences sont observées entre les cas de narcolepsie-cataplexie chez les personnes exposées à la vaccination contre le H1N1 (n=32, dont 28 avec Pandemrix®, GSK ) et les personnes non exposées (n=30), notamment un délai de diagnostic plus court et un nombre plus important de périodes de mouvements oculaires rapides (sommeil paradoxal) chez les personnes exposées.
En revanche, aucune différence n'a été observée concernant les antécédents d'infections et de vaccinations.
« Même si, comme dans toute étude observationnelle, il est possible que des biais aient contribué à faire ressortir une association, les associations semblent robustes dans les analyses de sensibilité et une analyse spécifique ciblée sur le vaccin Pandemrix® a donné des résultats similaires », précisent les auteurs.
A l'origine…
La narcolepsie est une maladie très rare (un cas pour 3300 et 5000 personnes). Les premières notifications de narcolepsie en lien avec la vaccination contre la grippe A ont été émises en Suède et en Finlande en 2010. Elles concernent plus d'une centaine d'enfants et d'adolescents qui présentaient les symptômes de la maladie quelques mois après avoir reçu le vaccin Pandemrix®, seul vaccin utilisé dans ces deux pays pendant la campagne de vaccination en 2009/2010.
Devant le nombre accru de cas rapportés, une réévaluation de Pandemrix® a été engagée par l'Agence européenne du médicament (EMA). En juillet 2011, l'EMA a conclu que la balance bénéfice/risque du Pandemrix® restait positive, mais a recommandé de n'utiliser le vaccin qu'en l'absence d'autres vaccins disponibles. Pour sa part, l'ANSM a financé l'étude nationale NarcoFlu-VF menée par l'Inserm en complément du suivi de pharmacovigilance.
L'ANSM a financé l'étude Narcoflu-VF en complément du suivi de pharmacovigilance. |
Citer cet article: Vaccin grippe H1N1 : les cas français de narcolepsie-cataplexie confirmés - Medscape - 17 sept 2013.
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