Paris, France - Au cœur de l'été, en plein mois de juillet, l'Ordre national des pharmaciens (ONP) a fait une bien inquiétante découverte : une dizaine de sites de pharmacies en ligne légaux ont été piratés par des réseaux criminels russes, pour revendre des médicaments sans autorisation. Autorisée depuis le 14 juillet dernier en France, la vente de médicaments en ligne semble attirer les pirates russes, qui y voient une juteuse source de revenus. Pour ce faire, les hackers détournent les adresses URLs de sites de pharmacies en ligne existantes, et les redirigent vers des sites miroirs, qui leur proposent des médicaments sans autorisation. Un faux site Internet, singeant le logo et la charte graphique de Pfizer, proposait de vendre sans ordonnance du Viagra. Du Viagra contrefait, dangereux, pouvant contenir des principes actifs sur-dosés, ou sous-dosés.
Une centaine de sites « hackés »
En juillet dernier, l'Ordre avait en effet constaté que neuf sites français de pharmacies dûment répertoriés, en déshérence, avaient été squattés par un réseau russe. Il en avait informé l'Office central de lutte contre les atteintes à l'environnement et à la santé publique (Oclaesp), lequel avait pour sa part repéré une vingtaine d'autres sites de pharmacies en ligne piratés. L'Ordre, de son coté, en a de nouveau signalé une centaine, tandis qu'un nouveau réseau de pirates informatiques, à l'origine de ces hackings, faisait son apparition en Sibérie. « L'hébergeur a fermé ses sites illégaux, mais ils ont été ré-ouverts. Nous ne nous décourageons pas pour autant, indique Isabelle Adenot, présidente de l'ONP, interrogée par Medscape France. Ces réseaux utilisent la notoriété de sites de pharmaciens existants, ou encore de sites reconnus comme celui de la ville de Chamonix par exemple ».
Le phénomène a pris une telle ampleur que le moteur de recherche Google a arrêté de référencer un site légal de vente de médicaments en ligne qui avait été « visité » par des hackers. ll s'agit du site de vente de parapharmacies pharmetsens.com. Depuis, ce site est de nouveau opérationnel.
L'Ordre a trouvé la parade
La justice s'est elle aussi emparée de ce phénomène. Le parquet du Tribunal de Grande Instance (TGI) de Paris a ouvert une instruction et enquête. En attendant que cette instruction aboutisse, l'Ordre a trouvé la parade. Il devrait proposer dès le mois d'octobre d'héberger, sous un nom de domaine sous la responsabilité de l'Ordre national des pharmaciens, les sites de pharmacies en ligne, qu'il s'agisse de pharmacies d'officine ou de pharmacies hospitalières, pour leur éviter de se faire pirater.
« Si ces sites sont hackés, c'est tout simplement parce qu'ils sont laissés à l'abandon. Dès qu'un nom de domaine, déposé, n'est plus utilisé, n'importe qui peut s'en saisir. Et c'est ce qui arrive à ces sites de pharmacies en ligne, récupérés par des réseaux. Nous allons proposer dès le mois d'octobre d'héberger sous notre nom de domaine tous les sites de pharmacies en ligne qui le désirent, quels que soient leurs statuts. Ainsi, nous leur éviterons de se faire pirater car ils seront hébergés sous notre nom de domaine, lequel reste actif », explique Isabelle Adenot.
En attendant, pour déjouer les pièges des hackers, Le ministère des Affaires sociales et de la Santé et l'Ordre national des pharmaciens ont mis en ligne sur leur site Internet une liste des pharmacies autorisés à la vente en ligne de médicaments. Le ministère de la Santé devrait aussi lancer une campagne d'information sur le web, afin de mettre en garde les acheteurs en ligne de médicaments, des dangers des sites de pharmacies en ligne illégaux.
Citer cet article: La mafia russe s'attaque aux sites français de pharmacies en ligne - Medscape - 11 sept 2013.
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