Cancer du poumon : les Etats-Unis favorables au dépistage annuel par scanner

Dr Isabelle Catala

Auteurs et déclarations

12 août 2013

Cancer du poumon : les Etats-Unis favorables au dépistage annuel par scanner

Dépister le cancer du poumon par scanner low-dose chez les sujets à risque a un « intérêt limité » mais l'USPSTF accorde au scanner annuel une recommandation de grade B.
12 aout 2013

Rockville, Etats-Unis —En se fondant sur une méta-analyse des 4 essais randomisés sur l'intérêt du dépistage du cancer du poumon par scanner low-dose, l'USPSTF (US Preventive Services Task Force) propose la réalisation annuelle de cet examen chez les personnes à risque [1] [2]. Aux Etats-Unis, déjà d'autres sociétés savantes avaient établi des recommandations assez similaires depuis 2011 : American Cancer Society, American College of Chest Physicians et le National Comprehensive Cancer Network (NCCN).

L'USPSTF a mis en ligne à destination du grand-public sur son site une première version de ces recommandations en invitant les personnes intéressées à poster des commentaires afin d'établir un texte définitif correspondant aux attentes du plus grand nombre.

Une recommandation de grade B pour la population cible

La population cible pour le dépistage est constituée de :

  • fumeurs actifs ou non,

  • âgés de 55 à 80 ans,

  • dont le tabagisme est estimé à 30 paquets années ou plus,

  • qui ont consommé du tabac au cours des 15 dernières années.

En 2013, 20 % de la population des Etats-Unis était fumeuse et le nombre des anciens fumeurs est bien plus élevé. Le cancer du poumon est actuellement la troisième cause de décès dans ce pays (27 %) et on estime que 6 % des enfants nés au cours des années 2010 décèderont de cancer du poumon à l'âge adulte.

La réalisation systématique de scanners pourrait-elle diminuer les chiffres ?

Pour l'USPSTF, « le bénéfice de l'examen sera modéré » et certainement bien inférieur à un arrêt massif du tabagisme. Mais en l'absence de pistes plausibles pour limiter l'addiction au tabac, le scanner low-dose apparaît comme « l'une des rares possibilités d'intervention qui a prouvé son efficacité ». La recommandation est classée grade B.

La réalisation de l'examen chez 320 personnes pourrait éviter un décès par cancer du poumon et la répétition du scanner annuellement pourrait éviter un décès pour 219 personnes à l'issue de 6,5 années de suivi.

Autrement dit, la réalisation annuelle de l'examen dans la population à risque pourrait faire baisser de 14 % la mortalité liée au cancer du poumon et 521 décès par cancer du poumon pourraient être évités pour 100 000 habitants.

Avec la mammographie, le nombre de cancers évités est de 1 pour 1 339 femmes âgées de 50 à 59 ans et avec un suivi de 11 à 20 ans. Pour le cancer du côlon, ce chiffre s'établi à 1 pour 817 examens.

Discordance entre l'Europe et les Etats-Unis

La méta-analyse prise en compte par l'USPSTF incluait quatre études :

  • L'étude NLST réalisée aux Etats-Unis sur 50 000 patients qui s'est révélée significativement positive,

  • L'étude DANTE (Detection and Screening of Early Lung Cancer by Novel Imaging Technology and Molecular Essays) réalisée en Italie dont le seuil de positivité n'a pas été atteint

  • L'étude DLCST (Danish Lung Cancer Screening Trial)

  • L'étude MILD (Multicentric Italian Lung Detection).

En raison du grand nombre de patients inclus dans NLST et du degré de significativité de cette étude, la méta-analyse conclut à un effet positif de la surveillance, même si les trois études européennes n'ont pas atteint de seuil de significativité. En outre, les critères d'évaluation pris en compte dans ces trois études différaient par rapport à l'étude NLST.

Vrais ou faux positifs

Reste que les auteurs insistent sur deux points : le sur et le sous diagnostic et les cancers radio-induits (1%).

Actuellement, 4 % de cancers du poumon sont diagnostiqués et traités à tort en se fondant sur les résultats du scanner. Dans l'étude NLST, des anomalies nécessitant des examens complémentaires étaient retrouvées chez 24,3 % des patients au total (après analyse des trois examens réalisés). Si des examens complémentaires ont permis d'attribuer ces images dans 96,4 % des cas à des lésions non tumorales, le coût de cette prise en charge était particulièrement élevé.

Enfin, les auteurs soulignent que la réalisation de scanners aboutit dans un nombre de cas non négligeable à d'autres diagnostics tels que des calcifications coronaires, un emphysème, une BPCO… Or l'impact psychologique de ces diagnostics n'est pas anodine, et il doit aussi être pris en compte. 

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