Manger végétarien réduit la mortalité dans l'Adventist Health study 2

Muriel Gevrey

26 juin 2013

Loma Linda, Etats-Unis — Manger végétarien réduit la mortalité de 12 % selon les résultats de la cohorte prospective de l'Adventist Health Study 2 ayant inclus plus de 73 000 adventistes du septième jour, suivis pendant près de 6 ans, et cette diététique est plus efficace chez les hommes, réputés manger moins sainement que les femmes [1].

Malgré le bénéfice significatif sur la mortalité toutes causes, les auteurs restent prudents dans leurs conclusions. Sur le cancer, rien ne sort dans aucun groupe.

« Le plus grand bénéfice sur le risque de décès s'observe chez les végétariens qui consomment du poisson (pesco-végétarien) qui apporte des oméga-3 », note pour sa part le Pr Jean-Michel Lecerf (Chef du service de nutrition, Institut Pasteur, Lille), interrogé par heartwire.

Manque de données sur le régime végétarien

La relation entre diététique et mortalité comporte encore bien des incertitudes. Les fruits, les noix, les céréales, les acides gras polyinsaturés, le régime méditerranéen ou riche en végétaux, emportent la conviction tandis que les régimes riches en sucre, en viande, en plats carnés industriels, sont manifestement mauvais. Intuitivement, le régime végétarien semble plutôt contenir les bons produits mais les preuves scientifiques sur la réduction de mortalité manquent de données consistantes.

Ainsi, les études sur la relation entre végétarisme et mortalité sont encore peu solides. Dans la première Adventist Health Study 1, menée chez près de 35 000 adventistes, la mortalité globale était réduite. Mais ce bénéfice n'a pas été retrouvé dans une étude européenne EPICOxford sur près de 50 000 sujets de sa majesté. La compilation des deux études a néanmoins montré une réduction de la mortalité par cardiopathie ischémique.

Le but de ce nouveau travail a été d'évaluer le lien entre régime végétarien et mortalité de différentes causes sur un suivi de 5,9 ans ans concernant 73 308 adventistes. Ils ont été classés en cinq strates : non végétariens, semi-végétariens, pesco-végétariens, lacto-ovo-végétariens et végétaliens.

Il faut noter que cette population d'adventistes de Loma Linda, en Californie, est connue pour avoir une espérance de vie de près de 10 ans supérieure à la moyenne américaine. Le groupe comparateur est certes homogène puisque provenant du même groupe religieux, mais presque trop vertueux sur le plan des habitudes alimentaires.

Protection cardiaque seulement chez les hommes

Les auteurs ont enregistré 2570 décès soit un taux de mortalité de 6,05 pour 1000 personnes-années. Le risque relatif ajusté de décès de toutes causes pour les végétariens comparés aux non végétariens, est de 0,88.

« C'est significatif mais il n'y a que chez les hommes végétariens où l'on voit un bénéfice cardiovasculaire comparativement aux hommes du groupe comparateur qui se nourrissent moins bien, comme c'est souvent le cas dans ces études », note le Pr Lecerf, qui estime par ailleurs que « les résultats sont mitigés ».

« Sur le cancer, rien ne sort mais je n'en suis pas étonné », ajoute-t-il. « Le plus grand bénéfice sur le risque de décès s'observe chez les végétariens qui consomment du poisson (pesco-végétariens). On a observé que chez les purs végétariens, il y a un déficit en oméga 3 et le fait d'être pesco-végétarien assure un apport en oméga-3 ».

Chez ceux-ci, la réduction du risque relatif de décès atteint 19 %, contre 9 % chez les lacto-pesco-végétariens et 8 % chez les végétariens occasionnels (semi-végétarien).

RR et (IC95%) de mortalité toutes causes et spécifiques chez les végétariens vs non végétariens dans l'Adventist Health Study 2


Mortalité toutes causes
Mortalité par cardiopathie ischémique
Mortalité par maladie cardiovasculaire
Mortalité par cancer
Tous participants
0,88 (0,80-0,97)
0,81 (0,64-1,02)
0,87 (0,75-1,01)
0,92 (0,78-1,08)
Hommes
0,82 (0,72-0,94)
0,71 (0,51-1)
0,71 (0,57-0,9)
1,02 (0,78-1,32)
Femmes
0,93 (0,82-1,09)
0,99 (0,83-1,18)
0,99 (0,83-1,18)
0,87 (0,71-1,07)

La principale limite est un suivi relativement court pour un critère aussi robuste que la mortalité. Il y a aussi la possibilité de facteurs de confusion inhérents au choix d'un style de vie sain, et qui ne relèvent pas obligatoirement de l'alimentation. Enfin, on ne peut exclure des évolutions de l'alimentation en cours d'étude, alors que l'évaluation n'a été faite qu'en début d'étude.

Les auteurs mettent en garde contre la généralisation des résultats à d'autres populations, où l'adhésion à ce type de régime ou la motivation peuvent ne pas être aussi fortes.

« Ce n'est pas la panacée mais on peut s'en inspirer dans le sens d'un conseil nutritionnel, dans la perspective d'un régime méditerranéen en voie de disparition. Il ne faut pas non plus tout mettre sur le dos de la consommation de viande », a conclu le Pr Lecerf.

L'étude a été financée par le National Cancer Institute.
Le Pr Lecerf a déclaré ne pas avoir de liens d'intérêt en rapport avec le sujet.

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