Rougeole : attention aux salles d'attente, notamment aux urgences !

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

19 juin 2013

Rougeole : attention aux salles d'attente, notamment aux urgences !

La rougeole est très contagieuse, avec des complications parfois sévères. En cas de doute, éviter autant que possible, les salles d'attente et les voyages vers les pays émergents.
19 juin 2013

Paris, France -Triste record pour la France, notre pays cumule la moitié des cas de rougeole déclarés au niveau européen. Des épidémies de rougeole touchent la France depuis 2008 et mettent en exergue l'insuffisance vaccinale.

En 5 ans, 23 000 cas de rougeole ont été déclarés en France mais « ce chiffre est très en dessous de ce qui se passe en population. Il faut multiplier ce chiffre par au moins 10 pour être plus près de la réalité », a expliqué le Dr Isabelle Claudet (pédiatre, CHU Toulouse) lors d'une intervention sur la prise en charge de la rougeole aux urgences au congrès Urgences 2013[1].

Les complications peuvent toucher tous les organes. En tout, 1000 pneumonies graves (responsables de 34% des décès attribués à la rougeole), 30 complications neurologiques et 10 décès dont deux enfants ont été déclarées mais là encore ces chiffres sont bien en dessous de la réalité, estime l'oratrice.

Cette maladie a une contagiosité élevée. La période de contagion s'étale de 5 jours avant à 5 jours après le début des symptômes. On estime à 15-20 le nombre de personnes qui sont contaminées par un cas de rougeole.

Longtemps considérée comme une maladie infantile, la rougeole touche désormais aussi les jeunes adultes, une population qui n'a souvent pas été vaccinée.

Limiter les déplacements aux urgences autant que possible !


Seuls 17 % des adultes sont diagnostiqués en pré-hospitalier contre 40% des enfants. « Globalement, les patients nous sont adressés pour éruption alors que nous ne sommes pas spécialisés en dermatologie aux urgences », ironise le Dr Claudet.

Envoyer les cas d'éruptions fébriles douteux aux urgences pose le problème de la participation des salles d'attente à la transmission de la maladie.

« Dans certaines situations de week-end ou d'hiver, nos urgences ressemblent à des halls de gare. Identifier celui qui a la rougeole au milieu de cette foule, surtout s'il est en phase pré-éruptive est très compliqué », explique la pédiatre.

A l'hôpital, en cas d'éruption fébrile, il est recommandé d'isoler le cas suspect en chambre seule, de lui faire porter un masque simple et de limiter les visites. Pour le personnel soignant, le port d'un masque FFP1 ou 2 est préconisé.

« Le masque est une excellente protection », note l'intervenante.

Il peut également être judicieux de refaire un point sur la vaccination contre la rougeole du personnel soignant et de reproposer une vaccination en cas de besoin.

Les voyages dans les pays émergents ont des conséquences catastrophiques 


Autre problématique sérieuse liée à la contagion: le voyage d'un patient en phase pré-éruptive vers un pays émergent ou un pays où la rougeole était éradiquée. Dans ce cas, cela peut avoir des conséquences catastrophiques.

« Nous ne nous en rendons pas compte car nous vivons dans des pays très favorisés médicalement. Même en cas de complication infectieuse pulmonaire, chez nous, le patient va être pris en charge de façon appropriée. En revanche, si une personne voyage en phase pré-éruptive et déclare la rougeole dans un pays émergent ou à faible revenu, elle va entrainer des décès d'enfants ou des cécités. Il ne faut pas oublier que la rougeole est une des premières causes de cécité d'origine infectieuse », souligne le Dr Claudet.

Son conseil : « Si vous avez été en contact avec une rougeole, que vous savez que vous ne l'avez pas faite et que vous n'êtes pas sûr d'avoir une couverture vaccinale, allez voir votre médecin pour vous faire vacciner ou faite une sérologie rapidement avant de voyager. Au besoin, il faut décaler le voyage. »

Dans le monde, en 2011, 158 000 décès ont été attribués à la rougeole, soit 420 par jour et dans 95% des cas, ces décès sont survenus dans des pays à faible revenu.

Ne pas passer à côté d'une rougeole

Il est parfois difficile de distinguer une rougeole d'une rubéole, d'une scarlatine, d'un érythème infectieux, d'une roséole infantile ou d'autres éruptions.

Tableau clinique classique :

La période d'incubation de la rougeole est de 10 à 12 jours. A la phase invasive (2 à 4 jours), la fièvre est élevée (39°C/40°C), le patient a un catarrhe oculo-nasal important et un éxanthème inconstant (le signe de Köplick n'est pas toujours présent, purpura du palais).

L'éruption (exanthème) apparaît 24 à 48 heures après le début de la fièvre. Elle est descendante (débute souvent derrière les oreilles) puis se généralise. Elle est maculopapuleuse. Elle peut être confluante, mais avec des intervalles de peau saine. Il existe une atteinte palmo-plantaire. Le visage est quasiment systématiquement bouffi. La fièvre persiste 48 à 72 heures.

Chez l'adulte, elle s'accompagne souvent d'une forte asthénie, de vomissements très fréquents et de diarrhée.

Il existe des formes frustres, des formes graves d'emblée et des formes compliquées (terrains à risque).


Le Dr Isabelle Claudet n'a pas de liens d'intérêt en rapport avec le sujet.

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