Soins en mer : Samu et Smur maritimes en voie de reconnaissance

Vincent Richeux

Auteurs et déclarations

17 juin 2013

Soins en mer : Samu et Smur maritimes en voie de reconnaissance

Les quatre Samu de coordination médicale maritime (SCMM) se partageant les côtes françaises devraient être officiellement désignés par le Ministère de la santé d'ici la fin de l'année.
17 juin 2013

Paris, France - Les Samu de coordination médicale maritime (SCMM) du Havre, Brest, Bayonne et Toulon, qui assurent la coordination de l'aide médicale d'urgence en mer, devraient être officiellement désignés par le Ministère de la santé d'ici la fin de l'année, ce qui laisse espérer un renforcement des budgets de fonctionnement, a indiqué le Dr Muriel Vergne du SCMM de Toulon, lors d'une intervention au congrès Urgences 2013, à Paris [1].

Bien que la compétence des SCMM soit définie par une circulaire interministérielle de 1983, « cette désignation officielle apportera une reconnaissance, ainsi qu'un cadre qui permettra de mieux se positionner sur le terrain », ce qui sera bénéfique aux Service mobile d'urgence et de réanimation (Smur) maritimes, a assuré auprès de Medscape France l'urgentiste, qui évoque une certaine « lassitude à travailler dans l'ombre ».

Téléconsultations pour les navires en mer


Depuis l'instruction de 1983, l'organisation de l'aide médicale en mer s'appuie sur le Centre de consultation médicale maritime (CCMM) de Toulouse, les cinq Centres régionaux opérationnels de surveillance et de sauvetage (Cross) se partageant les côtes françaises et les quatre SCMM associés.

Rattaché au Samu du CHU de Toulouse, le CCMM est chargé d'assurer un service d'aide médicale à distance par téléconsultation pour les navires en mer. L'assistance médicale s'effectue essentiellement par voie satellitaire et couvre toutes les mers du globe.

Sur un bateau, le capitaine est responsable des soins. En cas de besoin, il peut demander une assistance auprès de médecins régulateurs du CCMM. Pour les situations les plus graves et lorsque le navire n'est pas trop éloigné des côtes, ceux-ci sont habilités à déclencher une procédure d'évacuation, qui fait alors intervenir le Cross et le SCMM de la zone côtière.

« La mission du Cross est de rechercher et de réunir les moyens opérationnels pour évacuer la victime ou apporter une aide médicale jusqu'au navire. Le SCMM est, quant à lui, chargé de mettre en œuvre les moyens médicaux, puis de gérer l'accueil des patient à l'hôpital, comme tout Samu », explique le Dr Vergne.

« La responsabilité pour le SCMM est double puisqu'il s'agit à la fois d'organiser l'évacuation sanitaire et de désigner les équipes de Smur, réparties sur le littoral, les mieux habilitées à intervenir », ajoute-t-elle.

L'activité nautique attire de plus en plus de personnes


Les équipes Smur, qui ont suivi une formation spécifique, exercent dans des centres hospitaliers côtiers. Ils assurent bénévolement une astreinte continue pour une intervention urgente en mer. Selon le Dr Vergne, les Smur maritimes devraient également être officiellement nommés cette année dans la circulaire relative aux SCCM.

« L'élément clé de la régulation en mer » est la conférence téléphonique entre le CCMM, le Cross et le SCMM mise en place au cours de la procédure opérationnelle. Elle aboutit à l'intervention d'un Smur choisi par le SCMM avec le vecteur désigné par le Cross parmi les moyens mis à disposition par le service de santé de l'armée, la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) ou encore la gendarmerie maritime.

Cette reconnaissance de l'ensemble des acteurs de l'aide médicale en mer est d'autant plus attendue que leur activité est en constante hausse en raison d'un engouement croissant pour la plaisance et les loisirs nautiques, qui attirent une population toujours plus nombreuse et aussi plus âgée.

Si les appels concernant des traumatismes sont en baisse, notamment chez les pêcheurs, qu'ils soient professionnels ou amateurs, grâce à la prévention, les appels associés à des pathologies médicales sont en nette augmentation. « A Toulon, les trois quarts des interventions concernent des pathologies cardiovasculaires », précise le Dr Vergne.

Un relâchement concernant les règles élémentaires de sécurité pourrait également contribuer à cette hausse d'activité puisque, « parmi les 42 personnes décédées en mer en 2012, pour lesquelles le Cross de Méditerranée (Cross-Med) est intervenu, 18 étaient tombées à l'eau, sans gilet de sauvetage ».

Avec la désignation officielle des SCMM, « on peut espérer l'attribution d'un budget pour couvrir nos frais de fonctionnement », avance le Dr Vergne. Comme pour le CCMM, qui bénéficie de cette reconnaissance en percevant de l'Etat un budget de fonctionnement.

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