Migraine chez la femme : un traitement adapté au statut hormonal
Contraception, grossesse, ménopause : les nouvelles recommandations sur la migraine insistent sur l'adaptation aux circonstances hormonales. 28 mai 2013Montpellier, France — A l'occasion des Journées de Neurologie de Langue Française 2013, le Dr Anne Donnet (Clermont Ferrand) a présenté pour la première fois l'actualisation 2013 des recommandations de la Société Française d'Etudes des Migraines et Céphalées (SFEMC) sur la prise en charge diagnostique et thérapeutique de la migraine [1].
Cette actualisation détaille pour la première fois les particularités de la prise en charge aux différents âges de la femme.
Migraine : rémission totale ou partielle pendant la grossesse
« Une migraineuse qui désire une grossesse doit avant tout être rassurée puisqu'aucune conséquence de cette maladie n'a été décrite sur l'évolution de l'enfant et que la vaste majorité des migraineuses enceintes connaissent une rémission partielle ou complète des crises », explique le Dr Donnet. Aucun traitement prophylactique ne doit être débuté au moment du désir de grossesse. Le traitement des crises par aspirine, AINS ou triptans doit être privilégié en informant sur les risques éventuels de ces traitements.
Méfiance lors du dernier trimestre de la grossesse
Si une patiente a consommé des antimigraineux de crise alors qu'elle ne se savait pas enceinte, elle doit être rassurée et la grossesse ne devra pas être particulièrement surveillée sauf en cas de prise massive de dihydroergotamine (DHE) ou de tartrate d'ergotamine. Par la suite, le paracétamol est conseillé en première intention au moment des crises mais les AINS et l'aspirine peuvent aussi être une option thérapeutique au cours des premier et deuxième trimestres. En revanche, ces derniers médicaments sont contre-indiqués dès le 5eme mois de grossesse révolu. La DHE et le tartrate d'ergotamine sont aussi contre-indiqués, tout comme les triptans, bien que les données de pharmacovigilance soient rassurantes.
Quid du traitement de fond ?
Certaines patientes migraineuses débutent leur grossesse sous traitement prophylactique. Là encore, pas de surveillance particulière en dehors d'un traitement par DHE, tartrate d'ergotamine ou divalproate de sodium. Ces trois derniers traitements doivent être suspendus par la suite pendant toute la grossesse. Idéalement, la prophylaxie par bêtabloquants (propanolol, métoprolol) ou par antidépresseurs tricycliques (amitriptyline) n'est pas conseillée. Néanmoins si elle se révèle nécessaire, la posologie minimale efficace doit être privilégiée.
Pendant la grossesse
Un suivi mensuel doit être proposé tant que la rémission des crises ne s'est pas manifestée. Le traitement des crises est fondé sur le paracétamol en première intention ou les AINS ou l'aspirine avant la fin du 5eme mois de grossesse. Si un traitement de fond est nécessaire la prophylaxie par bêtabloquants (propanolol, métoprolol) ou par antidépresseurs tricycliques (amitriptyline) à dose minimale efficace doit être privilégié.
Migraine cataméniale
La migraine menstruelle est définie par la survenue lors d'au moins deux à trois cycles consécutifs d'une crise sans aura débutant entre le 2ème jour précédent et le 3ème jour faisant suite à la période menstruelle. Ces crises n'empêchent pas la survenue d'autres crises en dehors de la période menstruelle.
Les migraines cataméniales se caractérisent par leur plus grande sévérité, leur durée plus longue et leur moindre sensibilité au traitement. Le traitement est similaire à celui des crises habituelles.
Un traitement préventif peut parfois être envisagé (aucun d'entre eux ne bénéficie néanmoins de l'AMM) : oestradiol cutané 1,5 mg par jour pendant 7 jours débutant 2 jours avant la période menstruelle ou triptans préventifs séquentiels (frovatriptan, naratriptan, zolmitriptan).
Chez les patientes sous contraception orale, il est possible de proposer l'utilisation d'un oestroprogestatif en continu ou d'un progestatif pur.
Migraine et contraception orale
L'influence de la contraception est éminemment variable selon les migraineuses et ce traitement n'est pas contre-indiqué.
Les patientes jeunes (de moins de 35 ans) souffrant de migraine avec aura présentent une augmentation du risque neuro-vasculaire, en particulier si elles sont fumeuses ou traitées par oestro-progestatifs. Dans ce cas précis seulement, une contraception purement progestative ou un autre moyen de contraception doit être privilégié.
Migraine et THM
Le THM est associé aux migraines dans les études transversales menées chez les femmes ménopausées. L'utilisation d'oestradiol transdermique induit moins de migraines que les estrogènes conjugués oraux. Et c'est l'utilisation du THM en continu qui est le moins associé aux migraines.
Enfin, le THM est un facteur de risque indépendant d'infarctus cérébral mais on ne dispose pas de données sur le risque de l'association migraine THM.
Le Dr Anne Donnet déclare avoir eu des activités donnant lieu à une rémunération personnelle occasionnelle ou permanente avec Almirall, Allergan, Astellas, Pfizer, Orkyn, MSD, Lilly, Zambon. |
Citer cet article: Migraine chez la femme : un traitement adapté au statut hormonal - Medscape - 28 mai 2013.
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