Cirrhose et diabète : une association fréquente avec des spécificités

Dr Isabelle Catala

Auteurs et déclarations

14 mai 2013

Que sait-on aujourd'hui du risque de diabète chez le cirrhotique ? Comment traiter ces patients ? Les données d'une enquête française. 14 avril 2012

Montpellier, France - L'étude multicentrique cas-témoins, présentée par le Pr Jean Michel Petit (Dijon) à l'occasion du Congrès de la Société francophone de diabétologie, avait pour objet d'évaluer les facteurs associés (cliniques, biologiques, environnementaux, métaboliques) à la présence d'un diabète en cas de cirrhose et de préciser la prise en charge médicamenteuse de ces patients polypathologiques [1].

Premier constat, dans la population des 885 cirrhotiques suivis dans les CHU de l'Est de la France (groupe CIRce), la prévalence du diabète est particulièrement importante (37,7 %). Le deuxième est que ces patients ne sont peut- être pas traités de manière optimale.

Identification de facteurs de risque de diabète


Au total 885 patients atteints de cirrhose, associée ou non à un carcinome hépatocellulaire (CHC), ont été inclus. Un total de 334 d'entre eux était atteint conjointement de diabète.


L'analyse des données a permis de retenir des facteurs de risque de dysglycémie chez les patients atteints de pathologie hépatique : le sexe masculin, l'âge (plus de 65 ans), l'IMC (supérieur à 27), les antécédents familiaux de diabète, l'étiologie de la cirrhose (NASH bien plus que la cirrhose d'origine virale ou alcoolique) et l'existence d'un CHC.

A l'inverse, le score de CHILD et les antécédents vasculaires (IDM, AVC ou AOMI) ne sont pas associés à l'existence d'un diabète.

Prise en charge médicamenteuse non optimale


« Au total, 24,5 % des patients atteints de diabète et cirrhose étaient traités par statines contre 8 % des cirrhotiques sans autre atteinte. Ce résultat peut être lié soit à une majoration des facteurs de risque chez les patients multipathologiques, soit à un lien entre la prescription de statine et l'existence d'un diabète, comme cela a déjà été suggéré. Mais la méthodologie que nous avons utilisé ne permet pas de répondre de façon formelle à cette question », explique le Pr Petit.


Dans cette série, 76,9 % des patients diabétiques (257) sont traités médicalement par un hypoglycémiant : de l'insuline exclusivement pour 52 d'entre eux, de l'insuline associée à un antidiabétique oral pour 52 autres. Les deux traitements antidiabétiques oraux utilisés - seuls ou en association - étaient la metformine (152 patients) et les sulfamides (127).

« Du fait de son action préventive sur le développement des CHC, la metformine gagne à être prescrite de façon plus large chez les patients polypathologiques », analyse le Pr Petit.

Enfin, par comparaison aux non diabétiques, les patients atteints des deux maladies ne présentaient pas de majoration du risque de complications macro-vasculaires (IDM, AVC, AOMI).

Commenter

3090D553-9492-4563-8681-AD288FA52ACE
Les commentaires peuvent être sujets à modération. Veuillez consulter les Conditions d'utilisation du forum.

Traitement....