Les allergènes recombinants permettent de mieux déterminer le profil allergique
Les allergènes recombinants représentent un progrès important pour déterminer le profil allergique d'un patient, comprendre les polysensibilisations et cibler la désensibilisation. 15 avril 2013Lille, France - Sur le plan de la pratique allergologique, les allergènes constituent un nouvel outil diagnostic permettant une meilleure interprétation des polysensibilisations mises en évidence par les tests cutanés et les tests in vitro. Des exemples de tableaux cliniques particuliers associés à des sensibilisations spécifiques vis-à-vis de certains allergènes recombinants ont présentés par le Pr Frédéric de Blay, pneumo-allergologue (Strasbourg) à l'occasion du 17eme congrès de Pneumologie de langue française[1].
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Les 3 piliers du diagnostic
Pour le Pr de Blay, aborder la question du diagnostic en allergologie nécessite de tenir compte de 3 éléments :
une histoire clinique évocatrice (par ex. le patient du nord de la France qui au mois de mai-juin dit avoir le nez qui coule, les yeux qui piquent et parfois de l'asthme, annuellement),
la mise en évidence d'un marqueur de sensibilisation aux IgE (tests cutanés, dosages d'IgE spécifiques, soit de la source allergénique : par ex, pollens et graminées, soit vis-à-vis de l'allergène moléculaire ou allergène recombinant) ;
réalité de l'exposition allergénique (si test positif aux graminées mais pas de graminées dans la région du patient à la période donnée, alors le patient n'est pas allergique aux pollens de graminées).
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Histoire clinique évocatrice ou pas
Deux types de situations peuvent se présenter :
Histoire clinique évocatrice :
il est nécessaire de faire des tests cutanés (pollinose, allergènes aux animaux domestiques...). S'ils sont positifs, faire un dosage d'IgE spécifiques (et à fortiori d'allergènes recombinants) est inutile, le diagnostic est établi facilement si l'exposition à l'allergène est vérifiée.
Histoire clinique peu évocatrice :
- c'est le cas des allergies per-annuelles (un patient chez qui on suspecte une allergie aux acariens, aux moisissures, aux chats car il se plaint de symptômes de type rhinites ou d'asthme toute l'année). « Si les tests cutanés sont positifs pour les allergènes de chat et positifs pour les allergènes d'acariens, alors ce serait intéressant d'avoir un marqueur biologique pertinent sur la plan clinique. Malheureusement, on ne dispose pas encore de tels allergènes recombinants, en revanche, il peut être utile de mesurer la quantité de l'allergène en question au domicile. Cela arrive souvent que des patients aient des asthmes allergiques au chat sans animal mais que les allergènes soient présents à la maison » explique le Pr de Blay.
- cela peut être aussi le cas des allergies périodiques. Par exemple, les patients du nord de la France qui vont avoir des symptômes évocateurs d'une allergie au pollen de bouleau, au pollen de frêne en avril. Ils n'ont pas d'allergie alimentaire envers la pomme ou la noisette mais peuvent en présenter une vis-à-vis du latex. Les tests cutanés sont alors peu contributifs car ils vont être positifs pour le pollen de frêne et de bouleau. Dans ce cas, en revanche, les allergènes recombinants sont intéressants. Mais cela ne représente au final que peu de situations.
« On va pouvoir doser rBet v1 qui correspond aux allergènes majeurs du pollen de bouleau (rBet v1), nOle e1 qui correspond aux allergènes majoritaires de l'olivier mais aussi du frêne mais aussi les marqueurs de l'allergie au latex. On pourra ainsi retrouver chez un patient des IgE pour rBet v1, rien pour nOle e1 mais une réponse pour rHev b8 (latex) homologue de rBet v1 (bouleau), ce qui permettra d'orienter la réponse en immunothérapie spécifique » conclut le pneumologue.
Les allergènes recombinants permettent de réfléchir plus en termes de familles moléculaires qu'en familles biologiques :
- notion de « panallergènes » : protéines ubiquitaires, de structures conservées communes à des organismes de classes botaniques différentes (taxonomie).
Quelques exemples de famille :
- Tropomyosine : acariens et crevettes
- Profilines : pollens de bouleaux, de graminées, latex ou arachide…
- Protéines liant le calcium…
Des composants moléculaires ayant de fortes homologies bien qu'éloignées sur le plan taxonomique sont responsables de tests simultanément positifs, ces familles moléculaires sont communément appelées allergènes croisants, responsables de sensibilisations croisées (IgE et tests cutanés simultanément positifs), et parfois d'allergies croisées (symptomatologie clinique induite par les deux sources d'allergènes). Exemple d'allergènes croisants : les molécules Bet v 1 like présentes dans tous les pollens de fagales (bouleau, noisetier, aulne, charme, chêne), dans les fruits de la famille des rosacées (pomme, cerise, pêche, etc.), les panallergènes comme les profilines, les protéines liant le calcium.
A retenir
« L'intérêt des allergènes recombinants dans la prise en charge thérapeutique des patients présentant une allergie respiratoire est finalement assez limité.
En revanche, l'utilisation des recombinants pour comprendre et expliquer aux patients les différentes sensibilisations croisées voire les allergies, est, elle, beaucoup plus intéressante.
Enfin, la pertinence clinique des allergènes recombinants dans les allergies alimentaires est établie » conclut le Pr de Blay.
La déclaration d'intérêt du Pr Frédéric de Blay (datant de 2007) est consultable sur le site de la Haute Autorité de Santé. |
Citer cet article: Les allergènes recombinants pour déterminer le profil allergique - Medscape - 15 avr 2013.
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