Activité physique sous pompes à insuline : un algorithme simple

Dr Isabelle Catala

Auteurs et déclarations

11 avril 2013

Activité physique sous pompes à insuline : un algorithme simple

Il est possible de pratiquer une activité physique sans impact sur l'équilibre glycémique en adaptant le débit des pompes à insuline suivant un algorithme simple
11 avril 2013

Montpellier, France — « Si vos patients sous pompes à insuline envisagent une activité physique, leur débit d'insuline doit être réduit. Nous avons testé des algorithmes simples d'adaptation des doses qu'il est possible de proposer selon le degré de l'activité, pour pallier à l'absence de recommandations dans ce domaine », explique le Dr Silvia Franc (Corbeil) à l'occasion du congrès de la Société Francophone du Diabète 2013[1].

Avant tout, savoir anticiper


« Avant toute chose, et lorsque cela est possible en cas d'activité physique anticipée, il est souhaitable de diminuer le débit de base d'insuline 30 minutes avant le début de l'effort. Si cette modification n'est pas possible, il est essentiel de prendre en compte l'activité de la pompe et de l'insuline en cours (insuline « on board ») pour adapter l'activité ou l'alimentation ».

Algorithmes retenus


Ces algorithmes sont applicables chez des sujets stabilisés, qui évaluent bien l'intensité de leurs efforts physiques et qui prévoient une activité de 30 minutes environ.

Dans tous les cas, le débit de base doit être diminué 30 minutes avant l'activité et ce jusqu'à 2 h après l'effort.

  • Activité physique « modérée » : réduction de débit de base de 80 % dans un premier temps (option de sécurité) qui pourra être passée à 50 % si les glycémies restent élevées ;

  • Activité physique « intense » : arrêt total de la pompe et reprise 2 h après l'exercice (option de sécurité) si les glycémies restent élevées, une réduction de 80 % du débit de base peut être proposée.


Une étude menée chez des diabétiques sous pompes actifs physiquement


« L'étude DIABRASPORT que nous avons mené à Corbeil avait pour but de valider des algorithmes d'adaptation des doses d'insuline en prenant en compte l'intensité, la durée de l'activité physique et son délai par rapport au repas.

L'objectif principal était de prouver que les ajustements de débit de base permettent de pratiquer un sport sans augmenter l'incidence des hypoglycémies symptomatiques, en analysant la glycémie entre le début de l'activité et le lever le lendemain matin », explique le Dr Franc.

Vingt patients diabétiques de type 1 ont été inclus dans l'étude : 10 hommes, IMC 24,5, 47 ans d'âge moyen, HbA1c 7,9 %, durée d'évolution moyenne du diabète 18 ans dont 5 ans sous pompe qui pratiquaient en moyenne 3,6 heures d'activité physique par semaine.

Ils utilisaient tous des pompes à insuline débitant une dose continue adaptée en fonction des besoins en insuline (insulinothérapie fonctionnelle).

Agés de plus de 18 ans, ils étaient traités par pompe depuis plus de 3 mois, leur débit de base devait être stabilisé et leur HbA1c inférieure à 9 %. Tous les patients retenus étaient capables de pratiquer du sport à type de loisir et une détermination du VO2 max à l'inclusion a été effectuée.

Sept épreuves d'effort pour chacun des 20 patients


Chaque patient a effectué successivement 5 épreuves basales 3 heures après le déjeuner à deux intensités différentes (50 et 75 % du VO2max) : 2 en utilisant chacun des algorithmes testés et une de référence. A la suite de cet effort physique, les patients étaient équipés d'un capteur de glycémie (iPro-2) jusqu'au lendemain matin.

Deux épreuves supplémentaires - effectuées 90 minutes après le déjeuner (épreuves prandiales) - ont été réalisées pour un effort de 50 % du VO2max afin de comparer deux approches d'adaptation : baisse du débit de base ou diminution du bolus.

Deux schémas de réduction du débit de base ont été testés : baisse de 50 et 80 % du débit de base pour un effort modéré et baisse de 80 et 100 % du débit de base pour un effort important.

Pendant l'effort et dans les deux heures qui suivaient, la glycémie et l'insulinémie ont été mesurées afin d'analyser les éventuels évènements hypoglycémiques.

Une baisse importante et rapide de la glycémie


« Globalement, quels que soient l'intensité de l'effort et le schéma de baisse du débit de base choisi, la glycémie est réduite de 80 % environ par rapport à sa valeur initiale 20 minutes après le début de l'effort. En cas d'effort important et lorsque le débit n'est abaissé que de 80 %, la glycémie reste basse jusqu'à 2 h 30 après l'effort, d'où un risque d'hypoglycémies retardées avec ce schéma d'injection. C'est avec les baisses les plus importantes du débit de base que le risque d'hypoglycémie était le plus faible.

Mais comment transposer ces résultats en pratique ?

« Pour répondre à cette question, nous avons demandé aux patients d'évaluer le type d'effort physique fourni au cours de l'étude et globalement, ils ont su évaluer pour 89 % d'entre eux l'intensité de l'effort fournie.

Il semble donc possible de leur proposer des algorithmes d'adaptation des doses en fonction de l'intensité de l'activité physique puisqu'ils semblent aptes à la juger », conclut le Dr Franc.

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