Oui, il faut dépister les fratries de diabétiques !

Dr Isabelle Catala

Auteurs et déclarations

2 avril 2013

L'étude DESCENDANCE sur les apparentés des diabétiques 2 confirme l'intérêt d'un dépistage ciblé

Dépistage ciblé chez les apparentés de diabétique de type 2 : les premiers résultats de l'étude DESCENDANCE confirment le bénéfice potentiel de cette stratégie.
2 avril 2013

Montpellier, France — Les premières données de l'étude DESCENDANCE montrent que près d'un quart des personnes dont l'un des deux parents et un frère ou une sœur sont diabétiques souffrent de dysglycémie [1]] [2].

Pour le Pr Emmanuel Cosson (Bondy) qui a présenté des résultats préliminaires à l'occasion du congrès de la Société Francophone du Diabète 2013, « il s'agit d'un argument fort pour inciter à un dépistage systématique du diabète dans ces familles. L'inclusion de patients dans cette étude doit être poursuivie afin de déterminer des éléments significatifs de la transmission familiale (environnementale et génétique) de cette maladie, ce qui pourrait nous permettre d'intervenir plus tôt dans l'histoire naturelle de la pathologie pour en éviter les complications ».

Apparentés de diabétiques de type 2 sur deux générations

L'étude DESCENDANCE a inclus des sujets indemnes de tout diabète âgés de 35 ans ou plus et dont des membres de la famille étaient diabétiques de type 2 sur au moins 2 générations (fratrie et parents non décédés).

Au total, depuis 2012, 35 sujets sans diabète connu appartenant à 28 familles ont été inclus (51 ans d'âge moyen, 16 hommes, IMC 27,8 +/- 6,9, 31 % d'obèses et 10 fumeurs actifs). Tous ont été explorés par une glycémie à jeun, une épreuve de charge en glucose et une mesure de l'HbA1c.

Les normes d'intolérance au glucose et de diabète retenues ont été celles de l'OMS (dysglycémie : glycémie à jeun 1,10 à 1,25, glycémie post-charge 1,40 à 1,99, HbA1c 6,0 à 6,4 % ; diabète : glycémie à jeun supérieure à 1,26, glycémie post-charge supérieure à 2,0 et HbA1c supérieure à 6,5 %.

6 pré-diabétiques et 3 diabétiques sur 35 personnes

« Parmi les 35 personnes suivies, 6 étaient atteintes de dysglycémies et 3 de diabète de type 2. L'analyse de la charge en glucose était systématiquement anormale pour les patients dysglycémiques. La glycémie à jeun était en outre anormale pour l'un d'entre eux et l'HbA1c était majorée pour 3 autres personnes. Le diagnostic de diabète de type 2 a pour sa part été établi sur l'analyse de la glycémie post-charge pour un patient et de l'HbA1c pour deux autres », analyse le Pr Cosson.

Dépistons la fratrie

« Dépistons la fratrie de nos diabétiques : le dépistage précoce est primordial pour prévenir le diabète en cas de dysglycémies et pour prévenir les complications en cas de diabète », continue le Pr Cosson.

Les recommandations européennes sur la prévention du diabète de type 2 publiées en 2010 insistent sur la notion de facteurs de risque modifiables ou non [3]. En effet, il est impossible d'influer sur l'âge, la prédisposition génétique, l'ethnie, les antécédents de diabète gestationnel et l'existence d'un syndrome des ovaires polykystiques. Mais, il reste envisageable d'influer sur l'environnement afin de limiter le développement d'un diabète chez les personnes les plus à risque.

Agir sur les facteurs modifiables

« En matière de diabète, les études d'agrégation familiales ou celles menées sur des jumeaux nous montrent en effet que la génétique influe de façon indéniable, mais que d'autres facteurs ont aussi leur place : lorsque les deux parents sont diabétiques ou en cas de jumeau monozygote diabétique, le taux de concordance de la maladie n'est que de 70 %.

Il est donc possible d'agir sur des facteurs modifiables tels que le surpoids ou l'obésité, l'inactivité physique, la prématurité ou la souffrance fœtale, les dysglycémies, le syndrome métabolique, les facteurs diététiques, des médicaments diabétogènes, la dépression, l'environnement qui favorise l'obésité ou le statut socio-économique faible », analyse le Pr Cosson.

« Chez les dysglycémiques, par exemple, l'utilisation de metformine ou les modifications du style de vie permettent de faire baisser significativement l'incidence cumulative du diabète à court et moyen terme  (respectivement 31 et 58 % à 4 ans) [4]», conclut le Pr Cosson.

Incluez vos patients dans l'étude DESCENDANCE

Le CERITID (Centre d'études et de recherche pour l'intensification du traitement du diabète) a mis en place à la mi-2012 l'étude DESCENDANCE qui a pour but de déterminer les critères de prédisposition au diabète de type 2 afin de mettre en place des actions de prévention plus ciblées et plus précoces [2]. Dans ce but, les investigateurs doivent recruter 500 familles qui participeront à des tests de diagnostic, à l'identification des gènes de susceptibilité (on en connaît 40 jusqu'à présent) et à une analyse environnementale qui devraient permettre de mieux individualiser les personnes à risque dans ces familles de diabétiques. Si vous souhaitez inclure des familles, il suffit d'adresser une lettre disponible sur le site de l'étude aux investigateurs qui se chargent ensuite de recontacter les familles.


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