Coqueluche : les adultes ont un rôle croissant dans la transmission aux enfants

Dr Isabelle Catala

Auteurs et déclarations

8 mars 2013

Coqueluche : les adultes ont un rôle croissant dans la transmission aux enfants

Cette implication s'explique du fait de l'absence de revaccination naturelle et de rappel vaccinal. Pensez- y ! Explications du Dr Nicole Guiso.
8 mars 2013

Lille, France — « En 2013 en France, ce sont encore les adultes qui sont responsable de la transmission de la coqueluche à la plupart des nouveau-nés non vaccinés ou pas encore immunisés. Cette affection est à l'origine de 50 à 80 hospitalisations d'enfants de moins de 6 mois chaque année (80 en 2012, 50 en 2010). Elle est, encore aujourd'hui, la première cause de mortalité par infection bactérienne chez les tous petits.

Il faut dire que la coqueluche n'est pas qu'une maladie pédiatrique et qu'elle peut se manifester plusieurs fois dans la vie. Pourtant, grâce au rappel de vaccination chez l'adulte préconisé depuis 2004, l'incidence de la coqueluche après l'adolescence est passée de 884 pour 100 000 adultes en 1999 (en région parisienne) à 145 cas pour 100 000 adultes en 2009, chiffre qui est relativement stable depuis», analyse le Dr Nicole Guiso (Institut Pasteur, Paris) à l'occasion du congrès de la Société de Pneumologie de Langue Française[1].

Vacciner les parents avant tout, mais aussi les oncles, les grands-parents…


« Néanmoins, l'analyse des données de surveillance recueillies entre 2000 et 2004 montrent que les adultes ont un rôle de plus en plus important dans la transmission de la coqueluche aux enfants qui n'ont pas encore acquis l'immunité par le biais de la vaccination : les parents seraient à l'origine de plus de 50 % des infections infantiles, la fratrie de 18 %, les oncles et tantes de 10 %, les cousins ou mais de 10 %, les grands-parents de 6 % et les nourrices de 2 %. En outre, plusieurs infections nosocomiales ont été décrites par un transfert de germes du personnel soignant aux enfants hospitalisés.  ».

Une situation due à l'absence de revaccination naturelle et de rappel vaccinal


« Après l'introduction de la vaccination, la coqueluche s'est faite oublier jusqu'à la fin des années 1990. Il faut dire que la vaccination des jeunes enfants a induit un changement de transmission de la maladie en raison de la diminution de la circulation de la bactérie. Comme la coqueluche est une infection qui peut être cliniquement active plusieurs fois dans la vie, l'absence de circulation bactérienne a limité la possibilité de rappels naturels chez les adultes. En l'absence de revaccination naturelle et de rappel vaccinal, l'incidence de la maladie a progressivement augmenté depuis une quinzaine d'années chez les adolescents et les adultes. Progressivement, les adultes et adolescents sont devenus les principaux vecteurs de la transmission aux nouveau-nés pas encore immunisés », continue le Dr Guiso.

Des vaccins spécifiques pour les adultes

Depuis 1998, un rappel tardif à 11-18 ans est préconisé ainsi que chez les adultes en contact avec les enfants depuis 2004 (stratégie dite du cocooning c'est à dire vaccination de toute personne en contact avec un nouveau-né).

Des vaccins acellulaires ont été développés spécifiquement à destination de ces populations (2 vaccins contenant 3 ou 5 protéines de la bactérie combinés aux vaccins d-T-Polio sont disponibles en France). Cependant, la couverture vaccinale des adultes reste faible dans notre pays.



Triade clinique : toux avec paroxysme, chant du coq, vomissements


Comment diagnostiquer une coqueluche ?

« C'est une question que se posent nombre de médecins puisque généralement les patients ne viennent consulter qu'au stade de toux chronique », explique le Dr Guiso.

Depuis 2008 et par décision de la Commission Européenne, le diagnostic de la coqueluche est clinique. Toute personne qui présente depuis plus de 2 semaines une toux associée à l'un des trois symptômes - paroxysmes, chants du coq, vomissements - est considérée comme infectée. C'est aussi le cas des nouveau-nés qui toussent et présentent des épisodes apnéiques dans les suites d'un contact avec un cas confirmé (dans les 7 à 21 jours qui précèdent en raison de la durée d'incubation).

L'analyse bactériologique ne doit pas être systématique et lorsqu'elle est effectuée, elle doit être adaptée en fonction de la durée d'évolution de la maladie. Il est en effet possible de détecter du matériel génétique de la bactérie par PCR pendant les 4 premières semaines de l'évolution. Par la suite, ce sont les anticorps qui signent l'infection et ce jusqu'à la 12eme semaine.

Contacter le centre national de référence coqueluche en cas de besoin


La culture qui peut être pratiquée jusqu'à 4 semaines après le début de l'infection, est spécifique à 100 % mais sa sensibilité varie en fonction du délai par rapport au début des symptômes. Seuls certains laboratoires pratiquent cet examen et leur liste est disponible auprès du Centre national de référence (CNR) coqueluche [2]. Le résultat, obtenu en 5 à 8 jours, est indispensable pour suivre l'évolution de la population bactérienne et la résistance aux antibiotiques.

La PCR en temps réel, elle aussi utilisée en début de maladie, permet de mettre en évidence des éléments qui existent en multiples copies sur le chromosome de la bactérie. Très sensible et très rapide, cette technique est également très chère car elle nécessite du matériel et du personnel dédié. En outre, sa spécificité est limitée lorsqu'il existe des cas groupés ou des bactéries proches (Bordetella holmesii).

« Le traitement est peu efficace sur la toux mais il réduit la contagiosité. Les macrolides (clarithromycine 15 mg/kg/j pendant 7 jours en deux prises ou azithromycine 20 mg/kg/j pendant 3 jours en deux prises) doivent être privilégiés », conclut le Dr Guiso.

Toux paroxystique sans autre symptôme : démarche diagnostique

Devant une toux paroxystique de plus de 7 jours, il faut penser à la coqueluche quels que soient les antécédents de maladie ou de vaccination (d'autant plus s'ils remontent à plus de 10 ans) :

  • Si la durée de la toux est de moins de 14 jours : culture (résultats en 6 jours) ou PCR (3 jours) ;

  • Si la toux dure depuis plus de 14 jours et moins de 21 jours : PCR (3 jours) ;

  • Si la toux dure depuis plus de 21 jours : recherche d'un cas secondaire par culture ou PCR, à défaut sérologie après avis spécialisé.


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