Majoration du risque de diabète 2 avec les boissons light dans la cohorte E3N
Une analyse de la cohorte féminine française E3N révèle que le risque de développer un diabète de type 2 est encore plus élevé avec les boissons light qu'avec les sodas classiques. 12 février 2013Orsay, France — Une étude menée auprès de 66 118 femmes françaises de la cohorte E3N montre que la consommation de soda light est associée à un risque accru de diabète de type 2. Plus surprenant encore, ce risque est supérieur à celui observé avec les sodas sucrés [1].
Sous la direction de Françoise Clavel-Chapelon (Directrice de recherche Inserm-Université Paris-Sud 11, Institut Gustave Roussy, France), les chercheurs de l'équipe E3N (Etude Epidémiologique auprès de femmes de la MGEN/Mutuelle Générale de l'Education Nationale) ont évalué le lien entre la consommation de sodas sucrés, de sodas light ou de jus de fruits naturels et le risque de développer un diabète de type 2. L'étude, réalisée par auto-questionnaires, a été menée auprès de 66 118 femmes. Depuis l'entrée dans l'étude, en 1993, et pendant les 14 ans de suivi, 1369 cas de diabète ont été diagnostiqués.
L'article détaillant ces résultats a été publié dans l'American Journal of Clinical Nutrition.
Un risque fortement majoré avec les sodas light
Premier constat : aucune association entre les jus de fruits 100% pressés et le risque de diabète n'a été constatée.
D'autre part, les résultats montrent que les femmes qui consomment des boissons light ont une consommation plus grande que celles qui boivent des sodas classiques (2,8 verres/semaine contre 1,6 verres/semaine en moyenne, respectivement).
Aussi, comparées aux non-consommatrices, les femmes qui boivent le plus de soda (>359 ml) et de soda light (>603 ml) ont un risque de développer un diabète de type 2 supérieur de 34% et 121%, respectivement.
Enfin, à quantité égale consommée, le risque de diabète est plus élevé lorsqu'il s'agit de boissons light que de boissons sucrées.
Les associations sont en partie biaisées par l'indice de masse corporelle mais, après ajustement, l'effet reste hautement significatif.
Concernant les autres sources de biais : « nous ne pouvons exclure que d'autres facteurs que le fait de consommer des sodas light, et qui n'ont pas été étudiés, soient responsables de l'augmentation du diabète de type 2 et des essais randomisés sont nécessaires pour montrer une relation causale entre la consommation de boissons light et le diabète de type 2 », commentent les auteurs.
Comment expliquer ces résultats ?
L'effet des boissons light sur les maladies cardiométaboliques est moins bien connu que celui des boissons sucrées classiques. Mais, selon les auteurs, plusieurs mécanismes peuvent expliquer l'augmentation de risque de diabète associée à une grande consommation de boissons light.
« La relation avec le diabète pourrait s'expliquer d'une part par une appétence plus forte pour le sucre en général des consommatrices de ce type de boissons. D'autre part, l'aspartame, qui est un des principaux édulcorants utilisés aujourd'hui, induirait une augmentation de la glycémie et de ce fait une hausse du taux d'insuline, comparable à celle engendrée par le sucrose », indique un communiqué de presse de l'Inserm [2].
L'étude E3N
L'étude E3N est une étude de cohorte prospective portant sur environ 100 000 femmes volontaires françaises nées entre 1925 et 1950 et suivies depuis 1990. Depuis 1990, les femmes remplissent et renvoient des auto-questionnaires tous les 2 à 3 ans. Elles sont interrogées sur leur mode de vie (alimentation, prise de traitements hormonaux...) d'une part, et sur l'évolution de leur état de santé d'autre part. Les données sur les facteurs de risque ont fait l'objet de plusieurs études de validation. Le taux de « perdues de vue » est très faible. E3N est la composante française d' EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and nutrition), vaste étude européenne coordonnée par le Centre International de Recherches sur le Cancer (CIRC) portant sur 500 000 européens, hommes et femmes, dans 10 pays.
L'étude E3N est soutenue par quatre partenaires fondateurs : l'Inserm, la Ligue contre le Cancer, l'Institut Gustave Roussy et la MGEN. |
Citer cet article: Majoration du risque de diabète 2 avec les boissons light dans la cohorte E3N - Medscape - 12 févr 2013.
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