PSA : l'AFU défend le dépistage individuel annuel entre 50 et 75 ans

Dr Isabelle Catala

Auteurs et déclarations

18 décembre 2012

PSA : l'AFU défend le dépistage individuel annuel entre 50 et 75 ans

Si la Haute Autorité de Santé est opposée au dépistage organisé, l'Association Française d'Urologie recommande un dosage du PSA tous les ans pour les 50-75 ans.
18 décembre 2012

Paris, France — A l'occasion du 106e congrès Français d'Urologie, l'Association Française d'Urologie (AFU), par la voix du Pr Arnaud Villers (Lille), a réaffirmé sa recommandation de dosage annuel du PSA chez les 50 à 75 ans, tous les ans après information objective [1].

Le dépistage s'intègre dans un processus complexe


« Pour l'AFU, si la valeur du PSA est inférieure à 4 ng/mL, alors le risque de cancer est très faible. Aucun geste de biopsie n'est indiqué sauf si la cinétique d'augmentation est de plus de 0,5 ng/mL par an. Si la valeur du PSA est supérieure à 4 ng/mL, l'urologue peut conseiller la réalisation d'une biopsie », analyse le Pr Villers.

« L'AFU recommande aussi de respecter les bonnes pratiques de diagnostic et de traitement. En cas de diagnostic de cancer, il convient de discuter l'ensemble des options thérapeutiques disponibles, y compris la surveillance active pour les cancers localisés à faible risque ».

Favoriser l'innovation


Pour le Pr Villers, « globalement, l'AFU travaille à proposer des solutions pour mieux dépister en réduisant le coût humain et financier pour une population en bonne santé. Le dépistage ne doit pas être un acte isolé, mais s'intégrer dans un processus dont le caractère invasif doit être limité dès la réalisation du test sanguin ».

L'AFU considère qu'elle reste et doit rester la garante d'une prise en charge individualisée et scientifique de qualité. Pour cela, elle se doit de favoriser l'innovation pour faire bénéficier les hommes du dépistage du cancer de la prostate tout en réduisant le sur-traitement et en attendant de pouvoir réduire le sur-diagnostic.

Pas de dépistage organisé mais un dépistage individuel


Cette attitude tranchée de l'AFU est-elle contraire aux recommandations de la HAS ?

Le Pr Villers ne le pense pas. « La HAS a confirmé l'existence de facteurs de survenue plus précoce et plus fréquente de cancers de la prostate : antécédents familiaux, origine afro-antillaise, exposition à certains agents chimiques. Mais elle a aussi précisé qu'à l'échelle populationnelle, il est difficile de repérer ces groupes à risque. C'est pour cette raison que la HAS a conclu en avril 2012 à l'absence d'intérêt démontré de la mise en œuvre d'une politique de dépistage organisé des groupes à risque ».

La Haute Autorité de Santé a aussi précisé l'importance de « l'information à apporter aux hommes envisageant la réalisation de ce dépistage individuel du cancer de la prostate afin que chaque homme puisse choisir de se faire dépister ou non en connaissance de cause ».

Or, comme le souligne le Pr Villers, « cette phrase a rarement été reprise par les médias et le collège des enseignants de médecine générale ne l'a pas souvent cité. Pourtant, elle est importante et l'avoir passé sous silence a brouillé les messages à destination des médecins généralistes et des hommes qui auraient dû bénéficier du dépistage ».

Moins de mortalité, plus de cas


Du fait de cette prise de position de la HAS, l'année urologique 2012 a été marquée par le débat autour du PSA.

« Il faut dire que les épidémiologistes ont adopté une attitude tranchée en s'opposant au dépistage par la mesure du PSA afin de réduire le sur-traitement. Ils se sont fondés sur une estimation de 25 % de sur-traitement, c'est à dire qu'un homme traité sur 4 aurait dû bénéficier d'un autre type de prise en charge. Pour les urologues, cette approche n'est pas acceptable car le dépistage par le PSA réduit la mortalité », analyse le Pr Villers.

Est-ce que ces deux points de vue sont inconciliables ? A l'hypothèse d'une augmentation exponentielle du nombre des cas avancée par les épidémiologistes, les urologues répondent que le pic d'incidence des cancers de la prostate en France a été atteint en 2007 et que depuis ce chiffre reste stable (62 000 cas en 2010).

Des cancers de plus petite taille, des stades plus précoces


Ils ajoutent que la grande majorité des cas détectés actuellement concerne des cancers de petite taille à faible risque de progression (PSA inférieur à 10ng/mL pour 65 % des hommes) et que 28 % d'entre eux n'auront qu'un très faible risque d'évolution.

Pour le Pr Villers, « ce sont ces patients qu'il ne faut pas sur-traiter et que l'on peut même considérer comme sur-diagnostiqués et à risque de complications infectieuses si des biopsies sont pratiquées.

En prenant en compte cet élément et en proposant un traitement adapté à ces patients, il est possible d'affirmer que le dépistage et le traitement réduisent de façon prouvée la mortalité par cancer de la prostate. Depuis la mise en place du dosage du PSA en France, l'incidence de la mortalité a diminué en effet de 3 % par an dans notre pays (soit une baisse de 40 % au total) ».

PSA couplé avec l'IRM


L'AFU insiste sur la prise en charge des 28 % d'hommes qui présentent des micro-foyers de bas grade à risque de sur-traitement. Pour le Pr Villers, « ces patients doivent être informés, avant même la réalisation d'une biopsie de la possibilité d'une prise en charge par surveillance de leur lésion. A l'avenir, et grâce aux progrès récents de l'IRM, il semble que cet examen pourra être utilisé pour sélectionner les patients ne nécessitant pas de biopsies. D'autres pistes innovantes, faisant appel à de nouveaux marqueurs, sont à l'essai : formes moléculaires du PSA (phi ou prostate health index), PCA3, tests génétiques… ».

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