Repos et cancer : une notion qui a fait son temps

Aude Lecrubier, Kate Johnson

Auteurs et déclarations

4 décembre 2012

L'aérobic limite la fatigue pendant et après les cancers du sein et de la prostate

Une revue Cochrane confirme qu'il faut bouger pendant et après un cancer. Elle met en avant les bénéfices de l'aérobic sur la fatigue dans les cancers du sein et de la prostate.
4 décembre 2012

Bristol, Royaume-Uni - Auparavant, les patients cancéreux ont souvent été encouragés à se reposer pour ne pas se fatiguer. Désormais, cette approche est considérée comme contre-productive parce que l'inactivité provoque une perte musculaire et limite la capacité respiratoire, ce qui augmente la fatigue.

Une revue systématique de la bibliothèque Cochrane, tout juste publiée, conforte cette idée en montrant que l'aérobic pendant et après le traitement d'un cancer du sein ou de la prostate diminue la fatigue [1].

Ces nouvelles données suggèrent que les exercices d'aérobic devraient « être considérés comme un élément de la stratégie de prise en charge de la fatigue », soulignent le Pr Fiona Cramp et le Pr James Byron-Daniel (University of West England, Bristol, Royaume-Uni), les deux rapporteurs de l'étude.

La revue Cochrane qui collige les données de 56 études et de 4068 patients est une actualisation d'une revue réalisée auparavant par les mêmes chercheurs et qui ne portait alors que sur 28 études [2].

Dans les études incluses, les différents types d'exercice : l'aérobic, la musculation, et les étirements sont pratiqués pendant et après les traitements anticancéreux et pendant des périodes de 3 semaines à un an. Leur fréquence et leur durée sont variables : quotidienne à deux fois par semaine, et de 10 à 120 minutes. Leur intensité varie également.

Après analyse, pour le critère fatigue, les exercices d'aérobic comme le step (exercice qui consiste à monter et à descendre d'une petite plateforme en rythme) et le vélo procurent un bénéfice par rapport à l'absence d'exercice (p=0,03). Ces bénéfices sont observés seulement pour les cancers de la prostate et du cancer du sein mais peu d'études concernaient les autres types de cancer.

Les autres types d'activité, « comme la musculation et le yoga, semblent prometteurs mais ils doivent être évalués de façon formelle », commente le Dr. McNeely (Professeur adjoint, Service de thérapie physique, Université d'Alberta et service d'oncologie et de réhabilitation, Institut Cross Cancer, Edmonton, Canada) pour l'édition internationale de Medscape.

L'exercice le plus adapté : une question complexe


Reste à savoir si le bénéfice apporté par l'aérobic est dépendant du type de traitement anticancéreux reçu par le patient. En outre, d'autres travaux devront s'intéresser à un panel plus large de patients, « incluant des patients avec des stades avancés de la maladie ».

Enfin, il faut déterminer le mode d'exercice optimal, et notamment l'intérêt de combiner l'aérobic et la musculation, mais aussi la fréquence, l'intensité et la durée de chaque exercice.

Le Dr McNeely souligne que même quand les patients qui souffrent d'un cancer ne peuvent pas formellement « pratiquer une activité physique » pendant le traitement, il est important qu'ils restent aussi actifs que possible : « pratiquer une activité physique pendant le traitement est plus facile à dire qu'à faire, surtout lorsque les symptômes comme la fatigue deviennent problématiques…Rester actif aide à préserver la force musculaire et la condition physique globale et, comme démontré dans cette revue, réduire la fatigue.»

Elle ajoute qu'après un cancer, il peut être intéressant de consulter un spécialiste/coach qui aide à déterminer le niveau d'exercice approprié.

Pour les auteurs, beaucoup d'interventions non pharmacologiques peuvent être considérées comme bénéfiques : thérapies psychosociales, prise en charge du stress, conseils nutritionnels et interventions visant à améliorer le sommeil…

Cet article a fait l'objet d'une publication sur Medscape.com.

Cette recherche a été financée par le National Institute for Health Research Health Technology Assessment program (Royaume-Uni). Les Drs Cramp, Byron-Daniel, et McNeely n'ont pas déclaré de liens d'intérêts en rapport avec le sujet.

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