POINT DE VUE

LEMP sous Tysabri : quel risque ?

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

9 novembre 2012

Sait-on bien évaluer le risque de LEMP sous Tysabri dans la SEP? Pr Lubetzki.

Le Pr Catherine Lubetzki revient sur la stratification du risque de Leuco-Encéphalopathie Multifocale Progressive ou LEMP sous Tysabri.
9 novembre 2012

Lors d'une intervention du 28ème congrès de l'European Committe for Treatment and Research in Multiple Sclerosis (ECTRIMS) consacrée à l'utilisation des anticorps monoclonaux dans la sclérose en plaque [1], le Pr Catherine Lubetzki (département de neurologie, Inserm 975/ CR-ICM, hôpital de la Pitié Salpêtrière, Paris, France) a présenté les toutes dernières données sur la stratification du risque de Leuco-Encéphalopathie Multifocale Progressive ou LEMP sous natalizumab (Tysabri®, Biogen Idec, Elan Corporation).

Medscape : Sait-on bien évaluer le risque de LEMP associé au Tysabri ?


Pr Catherine Lubetzki : Nous savons désormais que le risque de LEMP dépend de 3 principaux facteurs de risque:

  • l'utilisation d'immunosuppresseurs auparavant ;

  • la séropositivité au virus JC (virus responsable de la pathologie);

  • et la durée d'exposition au natalizumab.

Une étude publiée cette année dans le New England Journal of Medicine a tenté de stratifier le risque de LEMP sous Tysabri [2].

Il en ressort que chez les patients séronégatifs pour le virus JC, l'incidence de LEMP est inférieure à 0,09 pour 1000 patients.

Pour ce qui est des patients séropositifs pour le virus JC, les cas diffèrent en fonction de l'exposition antérieure aux immunosuppresseurs.

Chez les patients séropositifs pour le virus JC qui n'ont pas reçu d'immunosuppresseurs auparavant, pendant les deux premières années d'exposition au natalizumab, l'incidence est de 0,56 pour 1000 patients et pendant la troisième et la quatrième année, l'incidence grimpe à 4,6 pour 1000 patients. Ce risque reste donc assez faible.

Chez les patients séropositifs pour le virus JC ont reçu des immunosuppresseurs auparavant, pendant les deux premières années d'exposition au natalizumab, l'incidence est de 1,6 pour 1000 patients. En revanche, pendant la troisième et la quatrième année d'exposition, l'incidence atteint 11,1 pour 1000 patients, ce qui correspond à un peu plus d'1%.

Beaucoup de patients sont désormais dans leur troisième année de traitement par natalizumab et nous espérons que ce chiffre ne va pas augmenter.

En pratique, que doit-on en tirer ?


L. B. : Nous devons être très attentifs parce que lorsque l'effet secondaire est là, il est très sévère, il est souvent mortel et lorsqu'il ne l'est pas, il conduit à un handicap très sévère et irréversible.

Il est donc primordial d'évaluer le rapport bénéfice-risque du natalizumab à l'initiation du traitement mais aussi systématiquement après deux ans d'exposition au natalizumab.

Il faut garder en tête qu'approximativement 60% des patients sont séropositifs pour le virus JC et que le taux de séroconversion annuel est d'approximativement 2% (mais des données non encore publiées suggèrent qu'il pourrait être plus élevé).

Enfin, il faut aussi savoir qu'il existe possiblement un effet rebond 3 à 4 mois après l'arrêt du traitement par natalizumab.

Le Pr Lubetzki a reçu des honoraires en tant que consultante de Roche, Novartis, Sanofi Aventis et Teva Pharma, Genzyme. Elle a participé à des essais cliniques pour Biogen Idec, Novartis, Sanofi Aventis et Teva Pharma , Genzyme  et  Roche. Elle a participé à un comité de sécurité de Pharnext.

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