La Polypill est un atout en prévention secondaire selon UMPIRE

Dr Jean-Luc Breda

6 novembre 2012

Los Angeles, EU - « Les solutions les plus simples sont souvent les meilleures. L'association médicamenteuse utilisée en prévention secondaires des accidents cardio-vasculaires étant très standardisée, il est logique de réunir toutes ces molécules en une seule « polypill », ce qui permet de simplifier la prise , et par la même d'améliorer très significativement l'observance et donc l'efficacité de ces traitements » affirme le Dr Simon A. Thom (Londres, UK) rapporteur de UMPIRE (Use of a Multidrug Pill In Reducing cardiovascular Events) présentée au congrès annuel 2012 de l'AHA[1].

Une évidente simplification

Les personnes ayant souffert d'un accident coronarien ou d'un AVC se voient prescrire dans la très grande majorité des cas un cocktail standard d'antiagrégant plaquettaire, d'hypocholestérolémiant et d'antihypertenseur. Malheureusement dans les faits, beaucoup de ces personnes à risque, souvent déjà polymédicamentées pour d'autres pathologies, finissent par se lasser de prendre autant de médicaments. D'où l'idée d'améliorer l'observance en combinant dans une seule gélule plusieurs de ces principes actifs souvent associés.

« Aux Etats-Unis et dans d'autres nations à hauts revenus, à peine la moitié des patients prend la totalité des médicaments qui leurs sont prescrits, et cette observance chute dans les pays pauvres à seulement 5% à 20% des ordonnances » explique le Dr Thom.

 
Aux Etats Unis et dans d'autres nations à haut revenus, à peine la moitié des patients prend la totalité des médicaments qui leurs sont prescrits — Dr Simon A. Thom (Londres, UK)
 

UMPIRE avait donc pour objectif d'évaluer dans quelle mesure une combinaison fixe de différentes drogues pouvait améliorer l'observance au long cours et par conséquent améliorer le contrôle de la PA et du taux de lipides circulants dans les populations traitées.

Le travail a été mené dans différents centres en Europe et en Inde, ou plus de 2000 hommes et femmes (âge moyen 62 ans) présentant une pathologie cardio vasculaire ont été suivis pendant une durée de 18 mois.

Après randomisation, la moitié s'est vue prescrire une gélule contenant de l'aspirine (75 mg), un hypocholestérolémiant (simvastatine 40mg) et deux antihypertenseurs (lisinopril 10 mg associé soit à aténolol 50 mg, soit à hydrochlorothiazide 12,5 mg) , l'autre moitié un traitement équivalent mais selon les modalités classiques. L'observance était évaluée par l'interrogatoire des patients et un système électronique de contrôle d'ouverture de la boite de polypill pour le premier groupe, de la boite de médicaments antihypertenseurs pour le second.

Au final, la mono-pilule permet d'améliorer l'adhérence au traitement d'un tiers (32%), ce qui se traduit par une amélioration significative des chiffres tensionnels et des niveaux de cholestérol pour les patients de ce groupe.

Principaux résultats de UMPIRE à 24 mois

Polypill
(n=1002)
Traitement classique
(n=1002)
P
Observance moyenne (sur l'ensemble de la période)
86%
65%
<0,0001
Pression artérielle systolique (mmHg)
129,2
131,7
0,0005
LDL cholestérol (mmol/L)
2,18
2,29
0,00045

Quel serait le résultat dans la vraie vie ?

 
Cette stratégie de prise unique ne peut être qu'un élément d'une prise en charge plus générale des patients, dont la priorité serait une incitation à changer leur mode de vie —  Pr Andrew M. Tonkin (Melbourne, Australie)
 

Dans la discussion qui suit la présentation, le Pr Andrew M. Tonkin (Melbourne, Australie) remarque « il est à noter que les résultats présentés sont une moyenne des chiffres constatés tout au long de la période de suivi, mais qu'on assiste dans les deux groupes à une diminution progressive de l'observance, qui passe de 97,3% à 76,5 % dans le groupe polypill, de 68,3 % à 50% dans le bras classique. Cette diminution est linéaire jusqu'à 18 mois, puis s'accélère nettement de 18 à 24 mois dans les deux bras de l'étude. Cela ressemble fort à un relâchement des investigateurs pour motiver les patients…On peut se demander d'une part si dans la vraie vie l'adhérence au traitement serait la même, et d'autre part ce qu'elle devient à plus longue échéance. En fait, cette stratégie de prise unique ne peut être qu'un élément s'intégrant dans une prise en charge plus générale des patients, dont la priorité serait une incitation à changer leur mode de vie ».

 
Ces résultats peuvent largement être extrapolés aux Etats Unis et au reste du monde !- Dr Thom
 

«Situation expérimentale ou pas, la meilleure observance obtenue par la Polypill est indéniable et représente un progrès. Ce travail concernait pour moitié des patients d'Europe occidentale et pour moitié d'Inde mais tous avaient un accès satisfaisant aux soins. Les données de UMPIRE se révèlent très homogènes, quelle que soit la localisation géographique, ce qui laisse supposer que ces résultats peuvent largement être extrapolés aux Etats Unis et au reste du monde !» lui répond le Dr Simon A. Thom en guise de conclusion

De telles évaluations ont d'ailleurs lieu actuellement en Australie et Nouvelle Zélande…affaire à suivre

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