Méningites fongiques iatrogènes le bilan s'aggrave mais une décélération s'amorce
Le bilan de l'épidémie de méningites fongiques iatrogènes aux Etats-Unis s'alourdit, mais une décélération du nombre de nouveaux cas devrait s'amorcer selon les Centers for Disease Control. 30 octobre 2012Atlanta, Etats-Unis—Le lundi 29 octobre, les Centers for Disease Control (CDC), l'autorité sanitaire des Etats-Unis, dénombrait 354 cas de méningites fongiques iatrogènes dont 25 décès dans 18 Etats. En une semaine, deux nouveaux Etats ont donc été touchés, 57 nouvelles personnes ont été contaminées et deux décès supplémentaires sont à déplorer [1].
Mais, si le bilan continue à s'alourdir, les CDC s'attendent à un ralentissement de l'épidémie. Ils estiment que plus les jours passent, plus le risque de développer une méningite iatrogène diminue.
Le principal responsable de cette méningite rare et non transmissible est le champignon parasite Exserohilum rostratum* dont l'origine reste inconnue si ce n'est que les patients infectés ont tous reçu des injections péridurales de stéroïdes fabriquées par le laboratoire New England Compounding Center (NECC). Les 3 lots d'injections d'acétate de méthylprednisolone incriminés ont été rappelés par le fabriquant le 26 septembre. Selon les estimations officielles, ils ont été distribués dans 23 Etats aux Etats-Unis et ont été injectés à plus de 14 000 personnes.
A ce jour, les infections ont été observées chez les patients qui avaient reçu des injections péridurales pour des douleurs dorsales. En revanche, aucun cas de méningite n'a été observé chez les patients ayant reçu des injections intra-articulaires (genou, cheville, épaule…).
*même si le cas princeps a été contaminé par Aspergillus fumigatus.
Le nombre de cas et de décès devrait rapidement chuter
Selon un communiqué des CDC du 23 octobre, au 22 octobre, une période de 26 jours est passée depuis que les derniers patients ont reçu des injections par les lots contaminés rappelés le 26 septembre. Et, d'après les estimations, si aucune nouvelle source de contamination n'est détectée, chez les patients asymptomatiques, le risque de développer une méningite ne devrait plus dépasser 8 % au 26ème jour suivant l'injection et devrait descendre à 1,2% 42 jours après la dernière injection.
En parallèle, le risque d'AVC ou de décès est estimé à 0,7% au 26ème jour et devrait chuter à 0,08% au 42 ème suivant la dernière injection.
Risque maximal dans les 6 semaines suivant l'injection : conséquences pratiques
Les CDC estiment que le risque de développer une méningite fongique est maximal dans les 6 premières semaines qui suivent l'injection péridurale contaminée. Ils préconisent donc de réaliser une ponction lombaire aux patients dont l'injection date de moins de 6 semaines même s'ils sont asymptomatiques.
D'après une mise au point parue dans le New England Journal of Medicine, le 19 octobre, la période d'incubation chez la plupart des patients est d'une à 4 semaines mais, elle était de 6 semaines chez au moins un patient [2].
Chez les patients symptomatiques, même si les symptômes (maux de têtes, raideur nucale, photophobie, fièvre, ou symptômes d'AVC), sont légers ou isolés, une ponction lombaire devrait être réalisée. Les symptômes de la méningite fongique sont souvent plus atténués que ceux de la méningite bactérienne, et selon le NEJM, il ne faut pas hésiter à réaliser une ponction lombaire, même si « le seul symptôme est le mal de tête ».
Les CDC ne recommandent toujours pas de traitement préventif ou prophylactique pour les patients exposés qui sont asymptomatiques si les tests diagnostiques pour la méningite sont négatifs. Des recommandations sont désormais disponibles pour la prise en charge des ces patients asymptomatiques qui ont été injectés par ces produits.
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General Neurology
Citer cet article: Méningites fongiques iatrogènes, l'épidémie pourrait bientôt fléchir - Medscape - 30 oct 2012.
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