Melbourne, Australie - La nouvelle intéressera les amoureux du chocolat : les produits à base de cacao riches en flavanols, auraient bel et bien un effet antihypertenseur, selon une revue Cochrane[1]. La baisse de la pression artérielle observée est certes modeste mais significative et ce, chez des patients pour la plupart en bonne santé.
Le Dr Karin Ried (Melbourne, Australie) et ses collègues ont réalisé la méta-analyse de 20 essais randomisés menés sur un total de 856 personnes.
A court terme (4,4 semaines en moyenne), la baisse de la pression systolique associée à la consommation de cacao s'est établie à 2,8 mm Hg, et celle de la pression diastolique à 2,2 mm Hg.
Cette baisse était statistiquement significative essentiellement dans les essais où les personnes du bras comparateur ne consommaient pas d'autres sources de flavanols. Les huit essais où les personnes en consommaient, mais en plus petite quantité (de 6,4 à 41 mg par jour contre 30 mg à 1080 mg par jour dans le bras d'intervention) ont donné des résultats plus modestes.
L'une des sous-analyses montre que les baisses les plus significatives ont été observées dans les essais les plus courts (deux semaines), mais cette différence découle probablement du fait que la plupart de ces essais n'étaient pas réalisés en aveugle et possédaient un groupe contrôle sans flavanols.
Enfin, la méta-analyse indique que ce possible traitement adjuvant, plutôt attrayant, est également bien toléré puisque seuls 5% des participants (contre 1% des groupes contrôles) ont signalé un effet indésirable. Il s'agissait notamment d'effets gastro-intestinaux liés à la teneur en théobromine, connue pour ses propriétés laxatives.
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L'étude s'intéressait aux produits à base de cacao riches en flavanols. Les flavanols tels que l'épicatéchine, la catéchine et les procyanidines, auraient en effet des propriétés antihypertensives. Ils agiraient notamment via la stimulation de la vasodilatation NO-dépendante, et l'inhibition de l'enzyme de conversion de l'angiotensine.
La théobromine aurait également pu être impliquée. Mais l'analyse ne montre aucun lien entre la teneur en théobromine et l'effet anti-hypertenseur observé des produits chocolatés testés.
Deux sous-analyses de cette étude indiquent que les produits chocolatés testés étaient plus efficaces chez les personnes les plus jeunes, et chez les personnes présentant un indice de masse corporelle élevé (supérieur à 25 kg/m²).
Les auteurs expliquent cela par le fait que les vaisseaux des personnes plus âgées seraient moins réactifs aux stimuli dérivant de l'action des flavanols. Quant à l'effet dépendant du poids, il passerait peut-être par un effet des flavanols sur la sensibilité à l'insuline, qui varie avec le poids.
L'étude semble donc une nouvelle fois confirmer à la fois la bonne tolérance du cacao et le possible effet protecteur de ses flavanols sur le système cardiovasculaire.
Le Dr Ried et ses collègues rappellent cependant que pour prouver définitivement que l'ingestion quotidienne de cacao est bien tolérée, associée à un effet chronique sur la pression artérielle, et surtout, à une meilleure prévention des événements cardiovasculaires, il reste à mener les essais randomisés à long-terme.
Choisir un chocolat noir pauvre en sucre
En attendant, si l'on est tenté par l'automédication, les choses se corsent. Car si le cacao est riche en flavanols, tous les produits à base de cacao ne se valent pas.
« Des fèves fraîches ou fermentées contiennent environ 10% de flavanols, la poudre de cacao consommée par les indiens Kuna environ 3,6%, et les plaquettes de chocolat noir riches en cacao proposées dans le commerce, environ 0,5% », soulignent ainsi les auteurs.
Pour les fameuses plaquettes, cependant, la composition n'est pas indiquée sur les emballages.
Bien sûr, il est connu que le chocolat noir est plus riche en cacao que le chocolat au lait (50% à 85% contre 20% à 30%, précisent les auteurs) et contient donc plus de flavanols. Mais comme la variété des fèves de cacao utilisées et le procédé de fabrication (fermentation, séchage, torréfaction, alcalisation, ajout de sucre, d'émulsifiants etc…) influencent la présence des flavanols dans le produit final, « une plaquette de chocolat à 70% d'une marque donnée n'aura pas forcément la même composition en flavanols ni la même quantité de flavanols qu'une plaquette à 70% d'une autre marque », précisent les auteurs.
Une sous-analyse souligne, en outre, que ce sont les chocolats les moins sucrés qui sont associés aux plus grandes baisses de pression artérielle. Ainsi il semble qu'il faille un chocolat riche en cacao et pauvre en sucre, ce qui n'est pas forcément le type de chocolat apprécié par nos palais.
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Citer cet article: Une méta-analyse Cochrane confirme l'effet antihypertenseur du cacao - Medscape - 21 sept 2012.
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