IVG médicamenteuses en pratique de ville : sûre et efficace

Aude Lecrubier

Auteurs et déclarations

11 septembre 2012

Les données du réseau REVHO rassurent sur l'IVG médicamenteuses ambulatoire

Les données du réseau francilien REVHO sur plus de 15 000 IVG médicamenteuses ambulatoires supervisées par des gynécologues et généralistes libéraux confirment la sécurité et l'efficacité. Les généralistes s'impliquent de plus en plus.
11 septembre 2012

Paris, France - La pratique de l'IVG médicamenteuse encadrée par des médecins libéraux, hors centre spécialisé, est fiable et bien tolérée, selon une étude prospective réalisée par le Réseau entre la ville et l'hôpital pour l'orthogénie (REVHO) .

Cette étude, menée en Ile de France de 2005 à 2008, a enrôlé 150 médecins libéraux du réseau REVHO dont la moitié était des médecins généralistes. Parmi ces 150 médecins, 3 ont réalisé plus de la moitié des IVG médicamenteuses. En quatre ans, 15447 IVG médicamenteuses ont été pratiquées dans les 7 semaines d'aménorrhée légales (49 jours sans menstruations). La grossesse devait être confirmée par échographie ou dosage des bêta HCG.

Les données de l'ensemble de ces plus de 15 000 IVG ont été collectées et analysées. Elles sont publiées dans la revue Contraception [1].

La séquence de traitement la plus fréquemment adoptée (49%) était une prise de 600 mg de mifépristone (RU 486, Mifégyne®) par voie orale suivie 48h plus tard de 800 microgrammes (mcg) de misoprostol (Prostaglandine E1). Dans 28% des cas, le régime consistait en une prise de 200 mg de RU 486 suivie de 400 mcg de misoprostol et dans 23% des cas en une prise de 200 mg de RU486 suivie de 800 mcg de misoprostol. Le misoprotol a été administré en IV, en sublingual ou per os.

L'avortement complet était évalué par échographie pelvienne ou dosage des â-hCG plasmatique 12 à 14 jours plus tard.

Les trois quart des femmes avaient entre 20 et 34 ans. Près de 7% avaient au moins 40 ans et moins d'1% en dessous de 18 ans.

Au total, les trois quart des IVG ont été pratiquées entre la 6ème et la 7ème semaine d'aménorrhée. En tout, 1,6% des IVG ont eu lieu après 7 SA.

Trois protocoles abortifs différents avec un faible taux d'échecs


Sur l'ensemble, le taux d'efficacité de la méthode est de 97,43% « ce qui correspond aux meilleurs taux internationaux pour l'IVG médicamenteuse avant 7 SA », indiquent les auteurs. Ils précisent, toutefois, que près de 20% des femmes ne se sont pas rendues à la visite de suivi ce qui est source d'imprécision.

L'efficacité variait en fonction de la séquence de traitement utilisée. Elle était de 98,47% pour le régime consistant en 600 mg de RU 486 et 800 microgrammes de misoprostol (n=4516), de 97,22% pour le régime 200 mg de RU486 et 400 mcg de misoprostol (n=2556) et de 96,12% pour le régime 200 mg de RU486 et 800 mcg de misoprostol (n=2112) (p=0,001).

Quel que soit le traitement, 90,66% des avortements n'ont pas été associés à des complications et les taux d'expulsion incomplète et de grossesse évolutive ou persistante étaient respectivement de 6,74% et 0,79% sur la période des 4 ans.

Seuls 4 patientes ont dû être transfusées (0,03%). Aucune infection sévère et aucun décès ne sont rapportés.

Les généralistes de plus en plus nombreux


Au fil des ans, les médecins généralistes ont été de plus en plus nombreux à pratiquer des IVG médicamenteuses. Alors qu'ils représentaient un tiers des médecins participants en 2005 (33%), ils comptaient pour un peu plus de la moitié (53%) en 2008.

En outre, sur les quatre ans, le taux d'efficacité des IVG médicamenteuses était similaire chez les médecins généralistes et les gynécologues, respectivement 96,44% et 96,48%.

En termes de pratique, en général ; les gynécologues ont plus utilisé l'échographie pelvienne (68% des IVG médicamenteuses) et les médecins généralistes plus le dosage de bêta-HCG plasmatique (65%) pour évaluer l'efficacité de l'IVG. Mais, l'utilisation du dosage de bêta-HCG plasmatique a augmenté significativement chez les gynécologues : de 12% en 2005 à 34,5% en 2008.

Les gynécologues ont rapporté moins de complications (6%) que les médecins généralistes (9%) et les trois principaux prescripteurs (11%).

Quel que soit le traitement, les aspirations secondaires ont été plus fréquentes après échographie (2,05%) qu'après dosage de bêta-HCG plasmatique (0,94%) (p=0,001). La différence était plus marquée lorsque les échographies étaient interprétées par les généralistes (près de 6%).

« Notre hypothèse est que les médecins généralistes libéraux qui n'étaient pas familiers avec les échographies ont eu des difficultés à interpréter les images normales de post-avortement », ont expliqué les auteurs.

En France, en 2009, environ 10% des 222 137 IVG chirurgicales et médicamenteuses et près de 21% des 108 247 IVG médicamenteuses ont été encadrées par des médecins libéraux en dehors de centres spécialisés.

« La rareté des complications majeures et les taux élevés d'efficacité devraient encourager les médecins généralistes à proposer l'IVG médicamenteuse à domicile dans leur pratique de tous les jours. Cela améliorerait l'accès à l'IVG des femmes qui souhaitent interrompre leur grossesse dans les 7 semaines d'aménorrhée légale en augmentant le nombre de prescripteurs en France », ont conclu les auteurs.

REVHO: un réseau ville-hôpital en pleine expansion

En 2004, des médecins pratiquant des interruptions volontaires de grossesse dans quatre hôpitaux d'Ile de France ont créé le réseau REVHO (Réseau entre la ville et l'hôpital pour l'orthogénie) avec des médecins libéraux. Le réseau de santé ville-hôpital permet aux femmes d'avoir recours à une IVG médicamenteuse avec leur médecin de ville, en dehors d'un établissement de santé. Il est le premier et le seul réseau intervenant actuellement en France dans le domaine de l'IVG médicamenteuse. Il est financé conjointement par l'ARH et l'URCAM d'Ile de France sur des fonds publics exclusivement. Il fournit une formation théorique et pratique aux médecins et les met en contact avec un centre de référence pour établir un contrat. En 2008, 4 ans après sa création, 15 447 IVG médicamenteuses ont été réalisées par les 148 médecins libéraux du réseau en association avec les 22 centres de référence (10 dans Paris et 12 en banlieue).


L'étude a été financée par le REVHO et par l'Inserm.

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