L'Amérique publie ses nouvelles recommandations sur le VIH
A l'occasion du congrès AIDS 2012, l'Amérique a fait connaitre ses nouvelles recommandations sur le VIH. Mot d'ordre : ne pas attendre pour traiter. En France, le rapport bisannuel Yeni sera manquant cette année. 6 août 2012Washington, Etats-Unis - Les nouvelles recommandations de l'International Antiviral Society-USA panel (IAS-USA) qui font simultanément l'objet d'une publication dans le JAMA ont été présentées au congrès AIDS 2012 « Le traitement doit désormais être prescrit le plus tôt possible y compris chez des patients atteints d'infections opportunistes dans les deux semaines qui suivent le diagnostic sans en attendre la guérison » a annoncé le Dr Melanie Thompson (AIDS Research Consortium d'Atlanta, Georgie). « Cette approche permet une surpression durable de la réplication du VIH, prévient l'émergence de résistances, facilite le retour à une fonction immunitaire optimale et améliore la santé. »
La France en retard pour sortir son « rapport Yeni »
La France semble prendre du retard dans ce domaine puisqu'en dépit de la présence des plusieurs membres du Conseil National du Sida à la conférence internationale, le rapport biannuel d'experts, coordonné depuis 2010 par le Pr Patrick Yeni, ne paraitra pas cette année et les recommandations en terme de prise en charge au niveau national ne devaient pas être modifiées.
Les experts américains ont analysé les données publiées ces deux dernières années sur le traitement immédiat ou précoce de l'infection par le VIH. Jusqu'à présent, la mise en place du traitement était décidée en fonction du taux des CD4 et elle variait selon les ressources sanitaires des pays concernés. En France, par exemple, le taux de 400 CD4 avait été choisi alors que dans de nombreux pays d'Afrique, la valeur seuil s'établit à 250 CD4.
La mesure des CD4 est-elle devenue obsolète ?
Les dernières données sont sans appel : plus on traite tôt, plus le patient reste en bonne santé à long terme.
L'analyse de la littérature a permis de déterminer qu'il n'existe de pas de seuil supérieur qui contre-indique la mise en place d'un traitement. Bref, qu'il est possible de traiter par antirétroviraux des patients dont le taux de CD4 est parfaitement normal. Dans ces conditions, cette valeur ne s'élèvera pas plus et elle restera dans les limites de la normale.
Alors la mesure des CD4 est-elle devenue obsolète ? Pour le Dr Thompson, la mesure du taux de CD4 reste d'actualité. Elle doit être associée dans le suivi des patients à l'appréciation du niveau d'ARN du VIH1, de la compliance au traitement, à la recherche de résistances médicamenteuses du virus, et à des indicateurs de la qualité du traitement.
Le traitement initial devrait comporter 2 inhibiteurs nucléosidiques de la transcriptase inverse (tenofovir/emtricitabine ou abacavir/lamivudine), un inhibiteur non nucléosidique de la transcriptase inverse (efavirenz) et un inhibiteur de protéase boosté par du ritonavir (atazanavir ou darunavir) ou un inhibiteur d'intégrase (raltégravir). Des traitements alternatifs sont proposés dans les recommandations en cas de condition cliniques particulières telles qu'une pathologie cardio-vasculaire préexistante, une insuffisance rénale ou une tuberculose.
Pour le Dr Thompson, « ce traitement doit être maximal, durer toute la vie et permettre une suppression continue de la réplication virale afin de prévenir l'émergence de résistances, de faciliter le retour à une fonction immunitaire optimale et d'améliorer la santé ».
Conditions des modifications de traitement
Les modifications de traitement doivent être guidées par le suivi virologique, immunologique, clinique et l'analyse de la tolérance et de l'éventuelle toxicité des médicaments. Ces changements peuvent concerner un ou plusieurs médicaments et ils ont pour but de réduire la toxicité, d'améliorer la compliance et la tolérance et de limiter les interactions médicamenteuses.
« En cas d'inefficacité thérapeutique, le patient doit être référé à des spécialistes et l'analyse clinique et para-clinique de l'échec doit prendre en compte de multiples facteurs », continue le Dr Thompson. « Même si le but ultime des chercheurs sur le VIH est de trouver un traitement qui pourrait permettre de guérir et un vaccin pour éviter les nouvelles contaminations, optimiser le traitement fait partie des mesures essentielles pour limiter à la fois la propagation du virus et sa mortalité ».
Dans une conférence de presse, le Dr Thompson précise que « ces recommandations sont bien sûr idéales, elles ne pourront peut-être pas être appliquées partout en raison de leur coût. Même aux Etats-Unis, il est possible que certaines assurances santé soient réticentes et prétextent ne pas avoir les moyens. Mais nous affirmons aujourd'hui, qu'il s'agit du traitement le plus efficace à court et long terme ».
Article publié originellement par Medscape.com traduit et adapté par le Dr Isabelle Catala
Citer cet article: L'Amérique publie ses nouvelles recommandations sur le VIH - Medscape - 6 août 2012.
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