Avastin plus chimiothérapie ne prolongent pas la survie dans le cancer du sein métastatique
Une revue Cochrane montre que l'association du bévacizumab (Avastin®) et d'une chimiothérapie classique n'améliore pas la survie globale dans le cancer du sein métastatique. 16 juillet 2012Selon une revue systématique de la Cochrane Library, l'antiangiogénique, anticorps monoclonal anti-VEFG, bévacizumab (Avastin®, Roche) offre un bénéfice modeste en termes de survie sans progression et aucun bénéfice en termes de survie globale chez les patientes atteints d'un cancer du sein métastatique qui le reçoivent en association avec une chimiothérapie classique [1].
Un résultat important lorsqu'on sait qu'en 2011, la FDA a retiré au bevacizumab (Avastin®) son autorisation de mise sur le marché dans le cancer du sein avancé en raison d'une balance bénéfice/risque défavorable : « Aucune preuve d'efficacité de cet anti-cancéreux pour retarder la croissance de la tumeur des patients ou pour prolonger leur vie ne justifie que ce risque soit pris » avait alors déclaré Mme Hamburg, présidente de la FDA, dans un communiqué [1]. Parmi les risques évoqués figuraient des saignements et des hémorragies, des atteintes cardiaques (infarctus, insuffisance cardiaque) ; une hypertension artérielle sévère, ainsi que des risques de perforations de l'estomac et de l'intestin.
En Europe, et en France, le médicament reste autorisé dans le cancer du sein métastatique en première ligne en association avec le paclitaxel ou en association avec la capécitabine (Xeloda®, Roche) chez les patients qui ne sont pas éligibles pour les taxanes ou les anthracyclines.
Une survie sans progression allongée d'un à six mois
Pour évaluer la pertinence clinique du bévacizumab en association avec la chimiothérapie dans le cancer du sein métastatique, les chercheurs ont collecté les données de 7 essais cliniques (5 en première ligne et 2 en deuxième ligne) sur 4032 patientes dont la plupart avaient un cancer du sein métastatique.
Ils ont pu observer que l'ajout du bévacizumab à la chimiothérapie classique prolongeait la survie sans progression d'un à 6 mois en fonction de la chimiothérapie prescrite. En revanche, les chercheurs ont remarqué que l'ajout du bévacizumab aux traitements de première ou de seconde ligne ne prolongeait pas la survie globale (amélioration de 7% en première ligne et de 2% en deuxième ligne) ou la qualité de vie, évaluée dans deux essais.
« Au mieux, l'ajout du bévacizumab à la chimiothérapie offre un bénéfice modeste aux patients atteints de cancer du sein métastatique. Est-ce que cette association est un réel bénéfice pour la patiente reste matière à débat parce qu'elle prolonge brièvement la survie sans progression sans modifier la survie globale ou la qualité de vie », a indiqué l'auteur principal de l'étude, le Dr Anna Dorothea Wagner (Fondation du Centre Pluridisciplinaire d'Oncologie, Hôpital universitaire de Lausanne, Suisse).
Le critère de la survie sans progression remis en cause pour les cancers avancés
Selon les chercheurs, les essais cliniques qui évaluent de nouvelles molécules dans le cancer du sein à un stade avancé devraient suivre les patients jusqu'au décès pour mieux comprendre leur impact sur la survie.
« Le fait qu'une augmentation de la survie sans progression ne se traduise pas par une augmentation de la survie globale suggère que la survie sans progression n'est pas un critère fiable pour les essais cliniques dans les cancers métastatiques, » a souligné le Dr Wagner.
Les auteurs s'interrogent sur la possibilité d'un effet « rebond » de l'anti-VEGF qui entrainerait une perte du bénéfice initial observé avec l'allongement de la survie sans progression.
Les Dr Wagner n'a pas déclaré de liens d'intérêts en rapport avec le sujet. |
Citer cet article: L'Avastin n'améliore pas la survie globale dans le cancer du sein avancé - Medscape - 16 juil 2012.
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