Le Pertuzumab autorisé dans le cancer du sein HER2+ métastatique aux Etats-Unis
La procédure d'homologation accélérée du pertuzumab par la FDA débouche sur l'obtention d'une AMM dans le cancer du sein métastatique HER2-positif. 13 juin 2012Silver Spring, Etats-Unis - La nouvelle thérapie ciblée, pertuzumab (Perjeta®, Genentech/Roche), a reçu une autorisation de mise sur le marché de la Food & Drug Administration (FDA) dans le traitement du cancer du sein HER2+, une forme particulièrement agressive de la maladie qui représente entre 15 et 25 % des cas de cancers du sein [1].
L'anticorps monoclonal pertuzumab est désormais indiqué, outre-Atlantique, en association avec le trastuzumab (Herceptin®, Genentech/Roche) et la taxane docétaxel chez les patients atteints d'un cancer métastatique HER2+ qui n'ont pas reçu de chimiothérapie ou de thérapie ciblée auparavant.
L'AMM obtenue après une procédure accélérée d'homologation est fondée sur les résultats de l'étude de phase 3 CLEOPATRA (Clinical Evaluation of Pertuzumab and Trastuzumab).
Les résultats de l'étude ont été présentés en décembre 2011 au San Antonio Breast Cancer Symposium et ont été publiés dans le New England Journal of Medicine [2][3].
Dans l'essai, comparé à l'association trastuzumab et docétaxel, l'ajout de pertuzumab a augmenté significativement la survie sans progression (18,5 vs ; 12,4 mois ; RR=0,62 ; p<0,001).
« C'est énorme. Il est très rare d'avoir un essai clinique qui montre ce niveau d'amélioration de la survie sans progression », a commenté l'auteur principal, le Dr José Baselga ( Harvard Medical School et Massachusetts General Cancer Center, Boston Etats-Unis), au moment de la présentation des résultats.
« Les résultats sont meilleurs qui ce que nous pouvions imaginer. C'est une avancée importante. L'association des trois molécules devrait devenir un traitement standard dans cette indication », avait indiqué alors le Dr Harold Burstein (Dana-Farber Cancer Institute, Boston, Etats-Unis).
Fin 2011, les données sur la survie globale étaient intermédiaires mais une tendance s'était dégagée en faveur du pertuzumab. Le Dr Baselga et ses collègues avaient rapporté 69 décès parmi les 402 patientes traitées avec l'association des trois médicaments et 96 décès parmi les 406 patientes de groupe témoin.
L'association des trois médicaments est « remarquablement sûre et bien tolérée. Seuls des effets secondaires minimes ont été observés avec l'ajout de pertuzumab » avait déclaré le Dr Baselga. Des augmentations de la neutropénie fébrile (48,9% vs.45,8%) et des diarrhées de stade 3 ou plus (7,9% vs 5%) ont pu être constatées. En revanche, la dysfonction systolique ventriculaire gauche de grade 3 ou supérieur n'a pas augmenté (1,2% vs 2,8%).
Une action synergique avec le trastuzumab
« Depuis la commercialisation du trastuzumab plus d'une décennie auparavant, la recherche nous a permis de mieux comprendre le rôle que l'HER2 joue dans le cancer du sein », a indiqué le Dr Richard Pazdur (Directeur du bureau des produits en hématologie et oncologie, Centre d'évaluation et de recherche pharmacologique, FDA, Etats-Unis) qui a annoncé l'autorisation de mise sur le marché.
Lorsqu'il a été testé en monothérapie au cours de son développement, le pertuzumab ne présentait qu'une faible activité anti-tumorale. En revanche, l'association avec le trastuzumab a un effet synergique. Les deux produits se lient à différents endroits de l'HER2 et parce que les deux anticorps ont des mécanismes d'action légèrement différents, ils permettent « une inhibition plus forte de la voie de signalisation d'HER2, ce qui induit une activité anti-tumorale plus importante qu'avec chaque agent pris indépendamment », a expliqué le Dr Baselga.
Le pertuzumab devrait être disponible d'ici deux semaines aux Etats-Unis en dépit d'un problème de fabrication : un problème de croissance cellulaire a menacé l'approvisionnement de l'agent thérapeutique. La FDA a tout de même décidé d'autoriser le médicament et « de ne pas retarder sa mise à disposition pour les patients étant donné le besoin de traitements supplémentaires dans le cancer du sein métastatique », a indiqué Janet Woodcock, Directrice du Centre d'évaluation et de recherche pharmacologique de la FDA.
Le laboratoire Genetech a précisé qu'il travaillait avec la FDA pour garantir la fiabilité de son procédé de fabrication et fournir le médicament aux patients qui en ont besoin.
Roche a également déposé, auprès de l'Agence européenne des médicaments (EMA), une demande d'autorisation de mise sur le marché du pertuzumab pour les personnes souffrant de cancer du sein métastatique HER2-positif non précédemment traité.
Le pertuzumab coute 5 900 dollars (4 730 euros) par mois et environ 71 000 dollars (près de 57 000 euros) par an. D'après les analystes, le succès du pertuzumab devrait égaler celui du trastuzumab dont les ventes ont globalement généré près de 6 milliards de dollars en 2011.
Les analystes indiquent également que la procédure d'homologation accélérée et l'autorisation de mise sur le marché du pertuzumab laissent présager le meilleur pour une autre thérapie ciblée : le T-DM1 (Roche), association du trastuzumab et d'un cytotoxique. Le T-DM1 est aussi destiné à traiter les cancers du sein HER2+ métastatiques, bien qu'il ait été testé dans une population de patients différents (ayant reçus auparavant du trastuzumab et des taxanes). Les résultats du T-DM1 ont été rapportés la semaine dernière et ont été bien accueillis par la communauté des oncologues spécialistes du cancer du sein. Le dossier de demande d'autorisation de mise sur le marché est en cours de préparation.
Cet article a été originalement publié sur Medscape.com le 11 juin 2012; adapté par Aude Lecrubier.
L'étude a été financée par Roche / Genentech. Les Dr Baselga, et Burstein n'ont pas déclaré de liens d'intérêts en rapport avec le sujet. |
Citer cet article: Feu vert de la FDA pour le pertuzumab dans le cancer du sein HER2+ - Medscape - 13 juin 2012.
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