Actualité des traitements de l'urticaire, présentée par le groupe Urticaire de la SFD
Une session du groupe Urticaire de la Société Française de Dermatologie a fait le point en insistant sur le fait que les corticoïdes doivent être réservés aux cas graves. 11 mai 2012Paris, France — Pour le Dr Jean-François Nicolas (Lyon), « en 2012, il y a 4 choses à savoir sur l'urticaire : ce n'est que rarement une maladie allergique, tout ce qui est rouge n'est pas de l'urticaire, les corticoïdes doivent être prescrits avec précaution et réservés aux urticaires aiguës en raison du risque de cortico-dépendance des urticaires chroniques. Les antihistaminiques sont le traitement de l'urticaire ».[1]
Les deux sessions qui ont eu lieu sur ce thème à l'occasion du 7e congrès francophone d'allergologie ont toutes deux permis d'insister sur la physiopathologie de l'urticaire commune (« idiopathique ») qui est due à une fragilité mastocytaire résultat de l'action conjuguée de facteurs individuels à l'origine de perturbations inflammatoires (terrain auto-immun, atopique…) et de facteurs environnementaux (responsables des poussées). Le mastocyte fragile libère de l'histamine sous l'effet de stimulations spécifiques ou non.
Peu d'allergies mais une fragilité des mastocytes
Cliniquement caractérisée par des papules oedémato-prurigineuses fugaces, l'urticaire peut évoluer sous une forme aiguë ou chronique lorsqu'elle dure plus de 2 semaines.
Urticaires allergiques-La crise urticarienne peut survenir de façon aiguë dans un contexte d'allergie [2]. Elle met en jeu des IgE spécifiques d'un allergène qui sont fixés à la surface des mastocytes cutanés et un allergène qui induit l'activation mastocytaire. Elles sont explosives, peuvent être à l'origine de signes généraux voire de choc anaphylactique. Mais, fort heureusement, elles ne concernent qu'une très faible minorité des urticaires.
Urticaires non allergiques-Les urticaires non-allergiques sont les plus fréquentes, elles concernent 2 % de la population. Ces urticaires sont liées à une activation des mastocytes par des mécanismes qui ne mettent pas en jeu les IgE mais d'autres récepteurs membranaires ou intracellulaires : aux neuromédiateurs (urticaire déclenchée par le stress), aux opiacés (déclenchée par la prise de codéine), au complément, à des composants bactériens (urticaire infectieuse). Certains aliments ou des médicaments, l'effort ou les changements de température peuvent aussi induire une poussée.
Dans leurs formes aiguës, elles durent moins de 2 semaines et évoluent par poussées entrecoupées de rémissions et de régressions spontanées, dont on ne connaît pas réellement tous les mécanismes. Lorsqu'elles évoluent sur plusieurs semaines voire des mois espacées de moments de rémissions, il s'agit de formes récidivantes ou récurrentes. La forme chronique peut parfois durer plusieurs mois et parfois des années.
Vers de nouvelles recommandations françaises
« Le groupe Urticaire de la Société Française de Dermatologie, qui a déjà mis en ligne une fiche d'information pour les patients [3]], travaille actuellement à une actualisation des recommandations françaises sur l'urticaire chronique. En France, la référence reste une conférence de consensus datant de 2003 qui avait été réalisée avec la participation de l'ANAES [4]]. En Europe, des recommandations conjointes de sociétés savantes en dermatologie et allergologie ont été publiées en 2008 [5] », annonce le Dr Nicolas (trésorier du bureau du groupe Urticaire).
Les recommandations européennes précisent que le traitement étiologique doit passer par une identification et une suppression du facteur causal tout en précisant que l'urticaire chronique est le plus souvent spontané. Néanmoins, lorsqu'elle est IgE médiée, il est possible d'éviter l'allergène, en cas d'urticaire physique, une éviction des stimuli est souhaitable. Lorsque l'urticaire est chronique, il convient de traiter les infections et les pathologies inflammatoires associées : gastrites à H. pylori, parasitoses digestives, intolérances médicamenteuses ou alimentaires. Le stress psychologique doit aussi être pris en compte.
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Citer cet article: Actualité des traitements de l'urticaire - Medscape - 11 mai 2012.
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