Incontinence urinaire de la femme âgée : éducation, conseil et traitement
Grand âge ne doit plus être synonyme d'incontinence urinaire et ménopause de troubles vésicaux. Des moyens simples permettent d'améliorer le confort des femmes et de réduire leur risque infectieux. 4 mai 2012Montpellier, France — Grand âge ne doit plus être synonyme d'incontinence urinaire et ménopause de troubles vésicaux. Des traitements, une éducation et une hygiène rigoureuse permettent d'éviter ces désagréments. Ils ont fait l'objet d'une session à l'occasion du 10e congrès national Gérontosanté-Cippeg.[1]
« Trop souvent encore la continence urinaire est - par facilité ou par méconnaissance - considérée comme difficile voire impossible en EHPAD. Pourtant, des moyens simples peuvent permettre d'améliorer le confort des femmes et de réduire leur risque infectieux », explique le Pr Pierre Mares (gynécologue, Nîmes).
Ne traiter que les bactériuries symptomatiques
L'une des principales causes curables d'incontinence urinaire est l'infection. « Mais il est inutile de traiter toutes les bactériuries en particulier chez les personnes qui portent des contentions. Le choix de la réalisation d'un ECBU et de la mise en place d'un traitement antibiotique doit être une décision médicale. Et cette décision ne peut être fondée que sur l'existence de symptômes objectifs qui laissent penser à la possibilité d'une infection urinaire : fièvre, pollakiurie, troubles du comportement, altération clinique, douleur lombaire…. Mais la seule constatation d'urines foncées ou d'odeur forte n'est pas suffisante pour décider un examen complémentaire », précise le Pr Claude Jeandel (gériatre, Montpellier)
Jouer sur l'apport hydrique, la toux, le sport, la kinésithérapie…
D'autres éléments modifiables permettent d'éviter les troubles vésicaux chez la femme ménopausée : traitement de la toux quand elle existe, restriction des apports liquidiens quand ils sont excessifs, adaptation du sport, perte de poids. L'oestrogénothérapie locale ou générale a elle aussi un impact important sur les troubles vésicaux puisqu'ils peuvent être réduits de 50 %. C'est aussi le cas avec les exercices du plancher pelvien.
La mise en place d'un pessaire peut aussi être discutée entre le gériatre et le gynécologue chez les femmes qui souffrent de prolapsus utérin et en l'absence de résultat de cette simple méthode locale, une chirurgie de colpo-suspension ou la mise en place d'une bandelette de suspension de l'urètre peut également être efficace. La place de la duloxetine dans ce traitement reste possible mais peu d'études ont réellement prouvé son efficacité. En revanche, les anticholinergiques sont beaucoup plus efficaces (50 à 80 % d'efficacité dans un premier temps).
« Toutes ces options thérapeutiques peuvent être associées et, dans ce cas, le taux de guérison peut atteindre les 80 % », continue le Pr Mares.
Avant le bilan urodynamique
Des astuces d'hygiène peuvent aussi trouver leur place dans la consultation :
La miction peut être améliorée en cas d'atrophie ou d'invagination du méat en utilisant un traitement local à base d'œstrogènes ou d'autres substances (polycarbonate, acide hyaluronique) ;
Effectuée en écartant les petites lèvres, la miction doit être suivie d'un tamponnement direct ;
La recherche d'un prolapsus même discret grâce à un test effectué avec un pessaire après adaptation, permet d'éviter certaines infections urinaires ;
Les anticholinergiques peuvent être utilisés sans recours à des examens fonctionnels et para-cliniques urinaires. Le choix des faibles doses permet de réduire le risque de sécheresse locale ou de constipation.
Citer cet article: L'incontinence urinaire en EHPAD n'est pas une fatalité - Medscape - 4 mai 2012.
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