Saint-Denis, France— A la demande de l'Afssaps, l'équipe Inserm U700 (Physiopathologie et épidémiologie de l'insuffisance respiratoire- Université Paris Diderot, Paris 7, site Bichat) a lancé une étude de cohorte prospective intitulée REFLEX (Recherche sur l'évolution des fuites valvulaires et benfluorex) [1].
L'objectif est d'étudier l'évolution échographique des atteintes valvulaires (régression, stabilité ou progression). Il est prévu d'identifier les différents facteurs prédictifs potentiels de cet effet indésirable d'origine médicamenteuse.
«On estime que la fréquence des valvulopathies oscille entre 5 et 10 % des patients ayant reçu au moins trois mois de benfluorex » a indiqué le Pr Christophe Tribouilloy (Département de cardiologie, Inserm, ERI 12, CHU d'Amiens) à heartwire. « La plupart des fuites sont mineures ou modérées. Les valvulopathies graves concernent un pour mille patients exposés et suivis pendant un an. Aujourd'hui, on n'en sait pas plus sur l'évolutivité de ces fuites.»
Récemment, le Pr Tribouilloy a publié une mise au point des atteintes valvulaires sous benfluorex (Mediator®) dans la Presse Médicale[2]. Il y précise qu'il existe déjà des données avec l'Isomeride® (dexfenfluramine) et le Ponderal® (fenfluramine), des molécules qui ont une parenté chimique très forte avec le benfluorex. Les études pointent une aggravation dans 15 % des cas, une stabilisation dans 63 % des cas et une amélioration dans 21 % des cas en ce qui concerne les fuites aortiques. Pour la mitrale, la stabilisation concerne 47 % des cas, une aggravation est notée dans 24 % des cas et une amélioration dans 27 % des cas.
« Ce sont des études parcellaires, souvent rétrospectives avec des critères échocardiographiques discutables et les pourcentages varient d'une étude à l'autre » a mis en garde le spécialiste. « On ne sait pas quelle est la toxicité à la norfenfluramine qui est impliquée dans les valvulopathies liées au benfluorex. » C'est pourquoi une étude de suivi du potentiel évolutif des fuites chez les patients exposés spécifiquement au benfluorex s'est avérée nécessaire.
Le coordonnateur scientifique de l'étude REFLEX est Mahmoud Zureik (INSERM) et Christophe Tribouilloy est le président du comité scientifique. L'étude REFLEX va recruter environ 1000 patients, qui ont pris du benfluorex entre 2006 et 2009, et qui présentent des images de valvulopathies de grade 1 ou plus. Ces patients seront suivis annuellement pendant 3 ans par échographie cardiaque. L'Afssaps précise que « l'étude ne modifie pas les conditions de prise en charge des patients et n'ajoute pas d'examens contraignants pour eux. »
L'étude a déjà inclus 400 patients depuis Juillet 2011. « Les conséquences permettront de mettre au point un dossier pour un suivi plus adapté de ces patients » a précisé le Pr Tribouilloy.
Les patients répondant à ces critères, qui seraient volontaires pour participer à cette étude, peuvent obtenir plus d'informations par :
téléphone : 01.57.27.75.74
email : reflex.U700@inserm.fr
ou fax : 01.57.27.75.66
L'Afssaps souligne également le point suivant. « Il est rappelé aux cardiologues ayant pris en charge des patients susceptibles de rentrer dans le cadre de cette étude observationnelle, que les obligations de déclaration des effets indésirables par le circuit habituel de pharmacovigilance pour chaque cas restent les mêmes. Au cas où cette déclaration n'aurait pas été faite lors de l'inclusion, ils sont invités à la réaliser lors d'un prochain examen de suivi. »
Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d'intérêts en relation avec l'article |
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Citer cet article: L'INSERM scrute l'évolution des valvulopathies sous Mediator - Medscape - 7 févr 2012.
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