Inhibiteurs de kinase et TKI
Guérir un cancer du rein métastatique grâce aux TKI : cela semble possible, quel que soit le pronostic et l'entendue de la maladie. 23 janvier 2012Villejuif, France — Les résultats d'une analyse rétrospective franco-helvétique [1] indiquent que les inhibiteurs de tyrosine kinase (TKI), seuls ou associés à un traitement local, peuvent conduire à des rémissions complètes chez certains patients atteints de carcinomes rénaux métastatiques. Cette étude montre également que, dans cette situation, l'arrêt de la thérapie ciblée semble être une option acceptable.
Toutefois, les auteurs de ce travail n'ont pas pu identifier de paramètres clinicopathologiques ou biologiques permettant de prédire quels sont les patients chez lesquels les TKI conduiront à une rémission complète, ni quels sont ceux qui peuvent arrêter leur traitement sans risque de récidive.
L'obtention d'une rémission complète durable (de plus de trois ans) au cours du traitement des carcinomes rénaux métastatiques est rare. Avant l'arrivée des thérapies ciblées, un tel événement était observé chez 5 à 8 % des patients traités par l'interleukine-2. Depuis l'arrivée des TKI, si la survie des patients a pratiquement doublé, la fréquence des rémissions complètes reste peu fréquente : une étude de phase III évaluant l'efficacité du sunitinib l'a chiffrée à 3 %.
Des rémissions complètes quels que soit le pronostic et l'étendue de la maladie
Le Dr Bernard Escudier (Institut Gustave Roussy, Villejuif) et l'ensemble des auteurs de cette étude conduite à l'initiative du Groupe français d'immunothérapie (GFI) et du Groupe d'étude des tumeurs urogénitales (Getug) ont souhaité en savoir plus sur ces cas de rémission complète. Ils ont en outre étudié les conséquences d'un arrêt du traitement à l'issue d'un tel résultat clinique.
Dans ce but, les chercheurs ont conduit une analyse rétrospective multicentrique, portant sur une série de 64 patients atteint de cancer du rein métastatique chez lesquels une rémission complète a été obtenue lors d'un traitement par TKI (sunitinib/Sutent, Pfizer ou sorafenib/Nexavar, Bayer), administré seul ou en association avec un traitement local (chirurgie, radiothérapie ou ablation par radiofréquence).
Les données recueillies montrent que 60 des 64 patients présentaient un carcinome à cellules claires. Ils avaient tous subi une néphrectomie. Ces données indiquent en outre que les rémissions complètes sont majoritairement associées à des cancers de pronostic favorable ou intermédiaire. Toutefois, 3 des 64 patients avaient un mauvais pronostic. Des rémissions complètes ont été observé quelle que soit l'étendue de la maladie : certains des patients présentaient des métastases au niveau de cinq sites distincts. Un peu plus de la moitié des patients (36) avaient uniquement reçu un TKI, 59 avaient reçu du sunitinib.
Pas de récidive chez plus de la moitié des patients qui ont stoppé leur traitement
Parmi les 36 patients qui ont uniquement reçu un TKI, 28 ont arrêté leur traitement après l'obtention de la rémission complète. La maladie n'est pas réapparue chez plus de 60 % d'entre eux (17) après un suivi d'une durée médiane de 255 jours. Parmi les 28 patients en rémission complète après un traitement par TKI et traitement local, 25 ont arrêté leur traitement. Douze (48 %) sont toujours en rémission complète après un suivi d'une durée médiane de 322 jours.
« Il est important de noter que le délai médian entre le début du traitement et l'obtention de la rémission complète était de 12,6 mois chez les patients recevant un TKI seul et de 18,5 mois chez ceux recevant la thérapie ciblée associée à un traitement local. Ceci montre l'importance de la durée du traitement chez les patients qui tirent un bénéfice clinique de l'administration d'un TKI » ont souligné les auteurs.
Ces derniers regrettent de ne pas avoir pu identifier de facteurs cliniques ou biologiques spécifiques aux patients chez lesquels une rémission complète est obtenue. Ils ne sont pas non plus parvenus à trouver de facteur permettant de différencier les patients qui rechuteront s'ils arrêtent leur traitement de ceux chez lesquels la rémission se prolongera durablement. D'autres études seront nécessaires pour y parvenir, concluent-ils.
L'étude a été financée par Pfizer. Les auteurs ayant déclaré de nombreuses collaborations avec un grand nombre de laboratoires pharmaceutiques, nous ne pouvons en reproduire la liste exhaustive. Celle-ci est disponible sur le site du Journal of Clinical Oncology. |
Citer cet article: Cancers du rein métastatiques : des rémissions complètes grâce aux inhibiteurs de kinase - Medscape - 23 janv 2012.
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