La chirurgie bariatrique diminue la morbi-mortalité cardiovasculaire dans l'obésité sévère
Les derniers résultats de l'étude SOS montrent que la chirurgie bariatrique diminue fortement la morbi-mortalité cardiovasculaire des obèses sévères diabétiques. 19 janvier 2012Gothenburg, Suède — Avec plus de 10 ans de recul, le suivi de la cohorte Swedish Obese Subjects study (SOS) révèle que la chirurgie bariatrique est associée à une diminution du risque cardiovasculaire chez les personnes souffrant d'obésité sévère, en particulier en cas d'insulinorésistance. Ces nouvelles données sont publiées dans l'édition du JAMA du 4 janvier 2012 [1].
« Ces résultats sont porteurs d'un message très positif et d'un message de prudence. La bonne nouvelle est que cette étude donne des arguments très forts pour penser que la correction chirurgicale de l'obésité morbide n'a pas que des bénéfices esthétiques et de confort mais qu'elle a probablement aussi des bénéfices cardiovasculaires. Le message de prudence est qu'il n'est pas question de la proposer aux gens qui ont cinq kilogrammes de trop. Nous parlons ici d'obésité sévère », a commenté le Pr Gabriel Steg (service de cardiologie, hôpital Bichat, Paris) pour Medscape France.
Auparavant, l'étude SOS a montré que la chirurgie bariatrique était, non seulement, la méthode la plus efficace contre l'obésité sévère mais qu'elle réduisait aussi l'incidence du diabète, des cancers et de la mortalité toutes causes.
L'étude a été réalisée de manière prospective contrôlée mais non randomisée. Entre Septembre 1987 et Janvier 2001, le Dr Lars Sjostrom, cardiologue à l'Université de Gothenburg en Suède et son équipe ont inclus 2010 participants obèses ayant subi une chirurgie bariatrique et les ont appariés à 2037 individus obèses ayant reçu des soins standards (régime alimentaire et activité physique).
L'analyse des données a été réalisée le 31 décembre 2009 après un suivi moyen de 14,7 ans. Les participants étaient âgés de 37 à 60 ans et avaient un indice de masse corporelle (IMC) d'au moins 34 chez les hommes et d'au moins 38 chez les femmes. Dans le groupe des patients opérés, 68,1% ont subi une gastroplastie verticale longitudinale, 13,2% ont bénéficié d'un pontage gastrique, et 18,7% ont reçu un anneau gastrique.
Dans le groupe des patients opérés, les auteurs ont observé une diminution moyenne de l'IMC de 23% après 2 ans, de 17% après 10 ans, de 16% après 15 ans et de 18% après 20 ans, contre aucun changement après 2 ans, une augmentation d'1% après 10 ans et une diminution d'1% après 15 et 20 ans dans le groupe recevant les soins standards.
Un bénéfice CV non lié à la perte de poids induite par la chirurgie bariatrique
Après ajustement, l'incidence de la mortalité cardiovasculaire et des premiers évènements cardiovasculaires (infarctus du myocarde ou AVC) sont réduits respectivement de 53 % (28 vs 49 décès, p=0,002) et 33 % (199 vs 234 événements, p<0,001) chez les sujets opérés par rapport aux témoins.
Parallèlement, la chirurgie bariatrique est associée à une diminution des infarctus du myocarde mortels par rapport au groupe contrôle (22 vs 37 IdMs).
Point intéressant, l'analyse post-hoc des données indique que l'effet de la chirurgie n'est pas corrélé à l'importance de la perte de poids, ni à la valeur initiale de l'IMC.
« Les bénéfices de la chirurgie bariatrique ne sont pas associés à la perte de poids, la principale raison pour laquelle ces opérations sont réalisées », a précisé le Dr Edward H. Livingston (University of Texas Southwestern Medical Center, Dallas, Etats-Unis) dans un éditorial accompagnant l'article.
Les patients qui semblent le plus bénéficier de la chirurgie bariatrique sont les individus les plus insulinorésistants. Le nombre de sujets insulinorésistants à traiter pour éviter un décès était de 21 dans le « groupe chirurgie » et de 173 dans le groupe « témoins ».
Si ces résultats sont une bonne nouvelle, Gabriel Steg rappelle que la chirurgie bariatrique est une intervention lourde, avec des risques de complications, et qu'elle est coûteuse.
Il pondère l'enthousiasme soulevé par ces données et minimise son intérêt en termes de santé publique : « Le problème de la population générale est certes de lutter contre l'obésité morbide mais ce ne sont pas les quelques individus qui ont un indice de masse corporelle à 40 qui posent problème, ce sont les 7 à 8 kilogrammes de trop chez des millions et des millions de personnes. Pour ces gens là, seules une meilleure alimentation et une reprise régulière de l'activité physique sont utiles », indique t-il.
Citer cet article: La chirurgie bariatrique protégerait le système cardiovasculaire - Medscape - 19 janv 2012.
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