Rapport HAS sur les apports de l'apprentissage par simulation en médecine
La réalité virtuelle permettant de simuler un geste technique ou la rencontre avec un patient a de nombreux atouts, en formation initiale ou continue. État des lieux et perspectives de développement. 19 janvier 2012Paris, France - Un état de l'art en matière de pratiques de simulation vient d'être dressé par le Pr Jean-Claude Granry et le Dr Marie-Christine Moll, Pôle Anesthésie-Réanimation du CHU d'Angers, à la demande de la Haute Autorité de Santé. Ils y formulent des propositions pour en favoriser le déploiement. « La HAS a d'ores et déjà mis en place un groupe de travail chargé de définir les bonnes pratiques pour la plate-forme et les programmes de simulation », a annoncé le président de son Collège, le Pr Jean-Luc Harousseau, à l'occasion de la remise de ce rapport lors d'une conférence de presse le 10 janvier.
La simulation en santé correspond, officiellement, à l'utilisation d'un matériel, de la réalité virtuelle ou d'un patient standardisé pour reproduire des situations ou des environnements de soins, pour enseigner des procédures diagnostiques et thérapeutiques et permettre de répéter des processus, des concepts médicaux ou des prises de décision par un professionnel de santé ou une équipe de professionnels.
En développement constant
« Le concept intéresse manifestement beaucoup, note le Dr Moll, spécialiste de la gestion des risques, mais la densité des plates-formes de simulation est encore faible, même si leur répartition est homogène ». Les moyens financiers alloués sont peu élevés. Or les équipements "haute-fidélité" sont souvent sophistiqués, donc chers. Il faut des formateurs compétents et qu'ils aient un temps dédié… « La structuration des programmes est encore artisanale, observe-t-elle encore. Et nous manquons de référentiels de bonnes pratiques ». Enfin, la recherche en matière de simulation en santé n'est pas organisée.
« Le DPC (entériné par décret le 30 décembre dernier) en particulier bénéficierait du développement de la simulation. Il comporte en effet l'analyse par le médecin de ses pratiques, décrit le Pr Granry, ainsi que l'acquisition et l'approfondissement de ses connaissances ou compétences. Une démarche qui doit être permanente, avec des méthodes validées ».
La simulation, qui a fait la preuve de son efficacité pour la formation des professionnels de santé, répond aux objectifs fixés par le décret puisqu'un scénario lié à une situation clinique est réalisable dans différentes disciplines. Elle permet par ailleurs l'apprentissage de nouvelles prises en charge ; l'implication peut être individuelle ou collective, la progression évaluée et cet apprentissage peut être intégré dans un programme plus large. « On sait par exemple que 50 endoscopies digestives simulées équivalent à une année de pratique, la simulation étant un magnifique prétexte pour un debriefing constructif », souligne-t-il.
Passer à la vitesse supérieure : 10 propositions
« Il le faut, constate le Dr Jean-François Thébaut, de la HAS, parce que les technologies évoluent de plus en plus vite, que les jeunes arrivent nombreux et leurs compagnons seniors ne suffiront pas, qu'ils ont besoin de réapprendre à travailler en équipe (après un concours par essence solitaire), que les pratiques doivent être décidément améliorées : on déplore encore beaucoup trop d'évènements indésirables qui pourraient être évités… ».
Les experts font en conclusion 10 propositions pour un développement national harmonieux de la simulation, gage idéalement de qualité et de sécurité des soins.
« La simulation devrait être intégrée à toutes les étapes du cursus (initial et continu) de manière à ce que cet objectif éthique de "jamais la première fois sur le patient" soit respecté », prévient le Dr Moll.
L'optimisation par la simulation du travail en équipe et son impact sur la sécurité des soins doivent être étudiés, notamment dans les situations de crise.
Seule une politique nationale permettrait de valoriser, en la dotant de manière adaptée, la formation par la simulation.
La coopération public-privé doit être encouragée.
Les formateurs bien formés, sanctionnés par des diplômes universitaires spécifiques.
Chaque société savante devra se prononcer sur des programmes prioritaires de formation par la simulation.
Une mutualisation des ressources et des compétences (plates-formes équipées, banques de scénarii, programmes de DPC, etc.) est à l'évidence nécessaire.
Les évènements les plus graves ou les plus signifiants doivent être modélisés afin de prévenir leur répétition.
La simulation peut être utilisée comme outil d'évaluation des compétences transférées.
Enfin, les travaux de recherche sur la simulation doivent se faire en collaboration, en réseau.
Citer cet article: Formation médicale virtuelle par simulation : un rapport remis à la HAS - Medscape - 19 janv 2012.
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