Synthèse de l'actualité 2011 en dermatologie pédiatrique
Le Dr S Hadj-Rabia fait un tour d'horizon des travaux notoires en dermatologie pédiatrique, présentés en 2011. Des résultats qui combattent certaines idées reçues. 19 décembre 2011Paris, France - A l'occasion des Journées dermatologiques de Paris, le Dr Smaïl Hadj-Rabia (Centre de référence des maladies à expression cutanée -MAGEC, Hôpital Necker-Enfants Malades, Paris) a présenté une revue systématique de la littérature des 12 derniers mois ciblée sur la dermatologie pédiatrique. Ce travail met en évidence l'intérêt constant porté au traitement des hémangiomes (plus de 100 articles) et à la qualité de vie des patients les plus jeunes [1]. L'occasion de mettre à mal un certain nombre d'idées reçues, qui concernent notamment la dermatite atopique, l'acné ou le traitement des verrues.
Hémangiomes et bêtabloquants
Parmi la multitude de publications dédiées, il en est une qui porte sur l'utilisation du propanolol dans les hémangiomes ulcérés, une lésion douloureuse localisée préférentiellement sur la tête et/ou le cou. « Le traitement permet la guérison en moins de 5 semaines, le contrôle de la douleur en 2 semaines (parfois même en un jour !), ce qui autorise l'arrêt des antalgiques », rapporte le Dr Hadj-Rabia.
On peut observer des récurrences à l'arrêt du traitement qui, là encore, bénéficient du propanolol, bien toléré et efficace (à la dose moyenne de 2 mg/kg/jr en 3 prises) lorsque l'on respecte les précautions d'emploi inhérentes aux bêta-bloquants. Si leur efficacité est de 100 %, les effets indésirables sont relativement fréquents et parfois peu symptomatiques (hypotension). « Il convient donc d'être extrêmement attentif lors de la prise du médicament, même si son rapport bénéfice/risque est très largement supérieur à celui des corticoïdes par exemple », indique-t-il. Un bêta-bloquant plus sélectif devrait éviter ces inconvénients.
Acné et risque suicidaire
Le risque de suicide serait lié à l'intensité de l'acné plus qu'aux médicaments. C'est la conclusion à laquelle parviennent les auteurs de plusieurs études convergentes qui comparent le taux de suicide dans une population adolescente sous isotrétinoïne et une population contrôle de même âge et même sexe, dont le risque suicidaire de base est naturellement élevé, indépendamment de tout traitement. Les idées suicidaires sont effectivement 3 fois plus fréquentes chez un garçon dont l'acné est qualifiée de sévère, 2 fois plus chez une fille.
Le risque suicidaire est majoré avant même le début du traitement. « Il l'est aussi pendant les 6 mois qui suivent la fin du traitement, ce qui incite à une surveillance prolongée au décours, » observe le Dr Hadj-Rabia. Les patients ayant fait une tentative de suicide avant leur traitement auraient un risque plutôt minoré après instauration du traitement. Un antécédent de tentative ne serait donc pas une contre-indication à l'isotrétinoïne.
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Dermatite atopique, molluscum, verrue
Le lien entre en l'eau calcaire, sa dureté et l'exacerbation de la dermatite atopique (DA) était débattu jusqu'à aujourd'hui.… Une étude multicentrique randomisée et contrôlée en simple aveugle a donc testé un adoucisseur d'eau avec échangeur d'ions. La mesure du score SASSAD (six area, six sign atopic dermatitis) sur ces DA modérées à sévères est alors abaissé, sans différence significative toutefois entre les deux groupes : l'eau, fût-elle calcaire, ne modifie donc pas la xérose.
Les enfants de moins de 5 ans porteurs d'un Molluscum contagiosum présentent plus souvent plus de 20 lésions (difficiles à traiter à la curette). L'utilisation de dermocorticoïdes est un facteur de récidives et le bain pris en commun est associé à un nombre plus élevé de lésions. La piscine et les autres activités sportives sont en revanche dédouanées.
Quant aux traitements des verrues, les études et leurs résultats sont peu satisfaisants, en particulier pour les verrues plantaires où la cryothérapie et la vaseline salicylée font jeu égal avec… l'abstention thérapeutique !
Citer cet article: Dermatologie pédiatrique : quoi de neuf en 2011 ? - Medscape - 19 déc 2011.
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