Morelos, Mexique — L'auto-prélèvement pratiqué à domicile par les femmes pour rechercher des papillomavirus humains (HPV) permet de détecter de nombreux cas de cancers du col et de lésions précancéreuses qui ne seraient pas diagnostiquées dans d'autres circonstances, selon de nouveaux résultats d'étude publiés dans le Lancet.[1]
Dans les pays en développement, du fait d'infrastructures sanitaires limitées, l'efficacité des programmes de dépistage des cancers du col de l'utérus fondés sur le frottis cervical reste faible. C'est pour cette raison que des techniques d'auto-prélèvement, qui évitent le recours à un examen médical ou para-médical, pourraient être particulièrement adaptées pour élargir la population soumise au dépistage en particulier chez les femmes dotées d'un accès limité aux soins.
Pour tester cette hypothèse, une étude randomisée a été mise en place dans 540 communautés rurales et périurbaines mexicaines. Elle avait pour but de comparer l'incidence des lésions précancéreuses dans une population tout-venant en utilisant deux techniques : la recherche par auto-prélèvement d'une infection par un HPV potentiellement cancérigène (HPV 16, 18, 31, 33, 35, 39, 45, 51, 52, 56, 58, 59 et 68) ou l'examen cytologique d'un frottis cervical.
Cancers et dysplasies
Les données brutes de l'étude sur 25 061 femmes de 25 à 65 ans sont très en faveur des tests à domicile, mais elles doivent être interprétées avec prudence. Comparé à l'examen cytologique du frottis, le test HPV pratiqué à domicile permettait de détecter de façon plus sensible les cancers du col (sensibilité relative 4,2 ; 95 % IC : 1,9-9,2). Il était aussi 3,4 fois plus sensible que le frottis pour diagnostiquer des néoplasies cervicales intra-épithéliales de grade 2 ou plus.
Au total, le test HPV a permis d'identifier 245 cas de lésions cancéreuses ou précancéreuses sur les 9 020 femmes testées par cette technique : 137 dysplasies légères (CIN1), 60 dysplasies modérées (CIN2), 20 cancers in situ (CIN3) et 28 cancers.
Dans le groupe frottis cervical qui a inclus 11 054 femmes, ces chiffres s'établissaient respectivement à 4 pour les dysplasies légères, 20 pour les dysplasies modérées, 10 pour les cancers in situ et 8 pour les cancers soit un total de 42 cas.
Les dysplasies légères en question
Les auteurs expliquent que cette différence importante entre les données brutes est majoritairement liée à la comparaison de deux techniques qui n'analysent pas les mêmes facteurs : l'une a pour but de détecter la présence d'un virus, l'autre, d'analyser les cellules prélevées au niveau du col utérin. Au Mexique, dans les campagnes de dépistage par frottis, les cas de dysplasies légères ne donnent pas lieu à un examen colposcopique. En revanche, la présence d'une infection à HPV a conduit à la réalisation d'une colposcopie de façon systématique au cours de l'étude : cet examen a été pratiqué chez 884 femmes du groupe HPV, il a été suivi de 432 biopsies (187 négatives et 245 positives) lorsque l'examen était en faveur d'une atteinte du col. C'est pour cette raison qu'ils ont fondé leur analyse sur les dysplasies de grade 2 ou plus.
Surcoût et sur-traitement
L'équipe du Dr Edouardo Lazcana-Ponce souligne que la faible valeur prédictive positive du test HPV (12,2 %) entraîne la réalisation d'un nombre important de colposcopies, des coûts associés et un risque de sur-traitement notamment pour les femmes atteintes de dysplasies légères qui ne pourraient pas bénéficier en raison de leurs conditions de vie d'un suivi médical. Néanmoins, la place de ce type d'approche doit être envisagée dans des populations qui ne peuvent bénéficier d'examens par frottis dans le cadre de campagnes de dépistage.
Le Dr Attila Tibor déclare détenir des actions et être consultant pour Quiagen Inc. le fabriquant des tests HPV.
Citer cet article: Un auto-test comme outil de dépistage des cancers du col - Medscape - 15 nov 2011.
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