Trop de vitamines et de fer pourrait nuire aux femmes seniors

Emma Hitt

Auteurs et déclarations

12 octobre 2011

La supplémentation en vitamines des seniors pourrait accroitre la mortalité

D'après une nouvelle analyse de la cohorte américaine Iowa Women's Health Study,.la supplémentation en vitamines, notamment en fer, pourrait accroitre la mortalité des femmes seniors.
12 octobre 2011

Kuopio, Finlande - Chez des femmes âgées de 55 à 69 ans, plusieurs compléments alimentaires à base de vitamines et de minéraux, particulièrement ceux contenant du fer, pourraient être associés à risque de mortalité plus élevé, selon les derniers résultats de la Iowa Women's Health Study[1].

Pas de généralisation : bien qu'en général les compléments alimentaire contenant des vitamines ne soient pas associés à un plus grand risque de mortalité, certains d'entre eux néanmoins et notamment ceux comprenant des multvitamines, de la vitamine B6 et de l'acide folique, de même que les minéraux tels que le fer, le magnésium, le zinc et le cuivre, pourraient être associés à une augmentation du risque de décès. Ces résultats ont été rapportés par Jaakko Mursu, PhD, du département des sciences de la santé et de la nutrition clinique de l'Université de la Finlande de l'est (Kuopio, Finlande) dans les Archives of Internal Medicine, en date du 10 octobre 2011.

« Les compléments alimentaires sont très largement utilisés, et d'autres études sont nécessaires pour étudier leurs effets sur la santé, écrivent Mursu et ses collègues. D'autant que l'on sait finalement peu de choses sur les effets à long terme de l'utilisation de complexes multivitaminés et de suppléments moins consommés comme ceux à base de fer ou d'autres minéraux. »

L'étude évoquée ici avait pour but d'évaluer le lien entre la consommation de suppléments et le taux de mortalité global, en se fondant sur les données de la Iowa Women's Health Study. Au total, 38 772 femmes âgées de 55 à 69 ans ont été incluses dans cette analyse, soit une moyenne d'âge de 61,6 ans à l'entrée dans l'étude en 1986. La consommation de vitamines rapportées par ces femmes a été collectée en 1986, 1997 et 2004.

Vitamine B6, acide folique, fer, magnésium, zinc et cuivre particulièrement visés

Un total de 15594 décès a été rapporté au 31 décembre 2008, représentant 40% des participantes initiales. La consommation de complexes multivitaminés a été associée à une augmentation de 2,4 % du risque absolu de décès (hazard ratio : 1,06 ; intervalle de confiance : 1,02-1,10). La consommation de compléments alimentaires (telle que rapportée par les participantes) a augmenté de manière notable entre 1986 et 2004. De plus, les utilisatrices avaient un niveau d'éducation plus élevé, étaient plus actives physiquement et plus susceptibles de prendre un traitement substitutif de la ménopause.

Au final, la vitamine B6, l'acide folique, le fer, le magnésium et le zinc sont retrouvés associés avec une augmentation de 3 à 6 % du risque de décès, alors que le cuivre est associé à une élévation de 18% du risque de mortalité total comparée à sa non consommation.

Par comparaison, la consommation de calcium est inversement corrélée au risque de décès (hazard ratio : 0,91%, IC 95% : 0,88 - 0,94, réduction du risque absolu : 3,8%).

L'utilisation de suppléments n'est pas recommandée

Les chercheurs se sont penchés sur les résultats obtenus pour le fer et le calcium sous forme d'analyses plus détaillées conduites sur des périodes plus courtes (10, 6 et 4 années de suivi) et ont trouvé des données similaires à celles rapportées sur une plus longue période.

«  En accord avec notre hypothèse, la plupart des compléments étudiés n'ont pas été associé à une réduction de la mortalité dans la tranche d'âge étudiée. Au contraire, certains compléments alimentaires étaient associés à un risque accru de mortalité » conclut le Dr Mursu et ses collègues.

« Bien que l'on ne puisse pas exclure que les suppléments présentent certains bénéfices, comme une meilleure qualité de vie, notre étude soulève néanmoins des inquiétudes concernant leur sécurité à long terme » ajoutent les auteurs.

Dans un éditorial, les Drs Goran Bjelakovic et Christian Gluud, du Centre pour la Recherche Clinique Interventionnelle, groupe Cochrane hépato-biliaire, Copenhague (Danemark) notent que cette étude vient s'ajouter à « des preuves de plus en plus nombreuses démontrant que certains compléments alimentaires, comme la vitamine E, la vitamine A et le bêta-carotène, pouvaient être néfastes. »

« Nous ne pouvons pas recommander l'utilisation de suppléments à base de vitamines et de minéraux comme une mesure de prévention, au moins pas dans une population avec une alimentation correcte, ajoutent-ils. Ces suppléments ne remplacent pas, ni ne viennent s'ajouter au bénéfice qu'il y a à consommer des fruits et des légumes et pourraient en plus avoir des conséquences non souhaitées sur la santé. »

Cette étude a été partiellement soutenue par l'Institut National du Cancer et l'Académie de Finlande, la Fondation culturelle finnoise et le Fullbright program's Research Grant for a Junior Scholar. Un des auteurs et un membre non rémunéré du Comité de conseil scientifique de la California Walnut Commission. Les autres auteurs et éditorialistes n'ont pas déclaré de conflits d'intérêt.

Cet article a été originalement publié sur Medscape.com le 10 octobre 2011; adapté par Stéphanie Lavaud.

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