La réalité virtuelle en réhabilitation post-AVC
Une revue Cochrane se penche sur le recours à la réalité virtuelle, en plein développement dans la réhabilitation post-AVC. L'analyse des travaux disponible en ce domaine, aboutit à quelques résultats et à beaucoup de questions. 22 septembre 2011Adelaïde, Australie - Une revue Cochrane sur le bénéfice de la réalité virtuelle dans la réhabilitation post-AVC, conclut à « des preuves limitées » en faveur de cette technique, et souligne qu'il reste à comprendre quelles sont les caractéristiques favorables des jeux vidéo dans ce contexte [1].
L'utilisation des artifices de la réalité virtuelle dans la réhabilitation remonte déjà à quelques années. La technique « n'est pas encore courante dans les centres de réhabilitation », soulignent les auteurs de la revue. « Mais des systèmes, conçus à l'origine comme purement récréatifs commencent à être adaptés à des usages cliniques, et l'on assiste même au développement de jeux vidéo spécifiques. »
A priori, les avantages de l'approche sont multiples : possibilités d'entrainement plus ou moins intensif avec un personnel réduit (voire à domicile, sans supervision), possibilité de graduer l'apprentissage, absence de danger (par exemple, lorsqu'il s'agit de s'entrainer à traverser une rue), possibilité d'un feedback non seulement visuel, mais auditif, tactile, modifiant l'équilibre corporel, etc… La valeur de l'approche reste néanmoins à évaluer sérieusement.
« Au fur et à mesure que la technologie devient plus accessible, il est probable que la réalité virtuelle va devenir plus largement employée en clinique, et il est important de l'évaluer pour guider les recherches et les utilisations futures », estiment les auteurs.
19 essais randomisés et contrôlés
En fait, les travaux ne manquent pas, puisqu'à travers un certain nombre de bases de données, pas moins de 19 essais randomisés et contrôlés, menés entre 2004 et 2010 dans 11 pays, ont pu être identifiés, et inclus dans la revue. Pour autant, la somme de ces essais ne représente que 565 participants.
« Les effectifs des études sont généralement petits, et les interventions et les critères d'évaluation sont variables, ce qui limite les possibilités de comparaison », regrettent les auteurs. Douze études incluaient ainsi moins de 25 participants. Enfin, selon les études, le groupe « contrôle » pouvait être constitué de patients ayant subi une autre intervention, ou, au contraire, n'en ayant subi aucune.
On remarque cependant deux dominantes. Premièrement, « les interventions dans les études incluses étaient majoritairement conçues pour améliorer les fonctions motrices, plutôt que les fonctions cognitives ou la performance dans l'activité. » Deuxièmement, « les participants étaient dans leur majorité relativement jeunes, et avaient été victimes d'un AVC depuis plus d'un an. »
Des résultats limités, qui incitent à approfondir
Dans ces conditions un peu exploratoires, l'analyse des sept études (n=205) qui évaluaient la fonction des membres supérieurs fait ressortir un bénéfice significatif de l'entrainement par la réalité virtuelle. Dans trois études (n=101), un bénéfice apparait également pour l'accomplissement des activités quotidiennes (s'habiller, se laver,...).
En revanche, aucun effet significatif n'a été constaté sur la force d'agrippement, ni sur la vitesse de marche. Quant à la fonction cognitive et la qualité de vie, les études ne permettaient aucune comparaison.
Enfin, s'agissant des éventuels effets secondaires de cette prise en charge, dans les huit études qui se sont intéressées au problème, on retrouve quelques étourdissements et maux de tête, mais pas de signal inquiétant.
Ces résultats valent ce qu'ils valent, pour des études difficilement comparables entre elles. On note, par exemple, que les sept études qui ont évaluées les progrès au niveau des membres supérieurs, ont été menées avec six programmes de réalité virtuelle différents.
Le seul paramètre à peu près homogène était le lieu de l'entrainement : un centre clinique dans six cas, et le domicile dans le dernier cas. On remarque également que dans les études qui ont évalué le taux d'éligibilité, on n'arrive qu'à 34% de participants inclus parmi les patients sélectionnés, ce qu'on ne s'explique pas.
Dans leur conclusion, les auteurs soulignent que tout ou presque reste à faire : quels sont les paramètres ou les caractéristiques des programmes efficaces pour la réhabilitation ? Quand la commencer, pour quelle durée et à quel rythme ? Chez quels patients ? Pour quel rapport coût/bénéfice ?
Compte tenu de ces questions, du nombre croissant d'études dans ce domaine, et des avancées de la technologie, il est temps que les cliniciens se mettent à en piloter les développements, estiment les auteurs.
Les études incluses dans la revue Cochrane ont été financées par des « sources diverses ». Parmi les auteurs de cette revue, Judith Deutsch est copropriétaire d'une société développant des programmes de réalité virtuelle destinés à la réhabilitation. |
Citer cet article: La réalité virtuelle au secours de la réhabilitation dans le post-AVC ? - Medscape - 22 sept 2011.
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