Dallas, Etats-Unis-Une sous-étude de la MrOS study (Outcomes of Sleep Disorders in Older Men Study), publiée dans l'édition du 29 août d'Hypertension, montre qu'un sommeil lent profond trop court augmente le risque d'hypertension artérielle chez les hommes âgés et ce, indépendamment de la longueur totale du sommeil et des autres troubles du sommeil [1].
En introduction de leur papier, les auteurs rappellent naturellement que d'autres travaux avaient révélé que les troubles du sommeil et les troubles respiratoires du sommeil, pouvaient affecter le métabolisme, le système hormonal et le système nerveux, et ainsi contribuer à développer l'hypertension artérielle.
Mais « notre étude montre pour la première fois que la mauvaise qualité du sommeil, définie par un temps réduit de sommeil profond (ondes lentes), augmente significativement le risque de développer une hypertension artérielle, et que cet effet ne dépend pas de l'influence des apnées du sommeil », a commenté le Dr Susan Redline, coauteur de l'étude (Brigham and Women's Hospital et Beth Israel Deaconess Medical School, Boston, Etats-Unis) dans un communiqué de presse de l'American Heart Association[2].
Pour le Dr Florence de Roquefeuil, cardiologue spécialiste du sommeil (hôpital Ambroise Paré, Boulogne-Billancourt), interrogée par heartwire, il s'agit d'une étude « importante. »
« Il est très intéressant que dans un journal d'hypertension, on commence à se pencher sur le rôle du sommeil et sur ce qui entraîne l'apparition de l'hypertension dans le sommeil », remarque-t-elle. « Des études ont montré que le syndrome d'apnées du sommeil était un facteur favorisant de l'hypertension. Il ressort aujourd'hui de cette étude que la mauvaise qualité du sommeil pourrait tout simplement être impliquée. C'est passionnant. »
Le lien entre les troubles du sommeil et l'hypertension se confirme
Cette étude de cohorte a été menée par des chercheurs de l'Université de Californie (San Diego) et de la Harvard Medical School, chez 784 hommes d'au moins 65 ans (âge moyen =75 ans) sans HTA, participants à l'étude MrOS menée, elle, de 2003 à 2005 chez 5994 hommes de plus de 65 ans.
Les chercheurs ont évalué le sommeil des participants entre 2003 et 2005, puis le risque de survenue d'une hypertension artérielle entre 2007 et 2009.
Après 3,4 ans de suivi, 243 hommes ont développé une HTA, et 70% d'entre eux prenaient un traitement médicamenteux contre l'hypertension.
La réalisation de polysomnographies en ambulatoire a permis de mesurer l'activité ondulatoire cérébrale et de distinguer les mouvements oculaires rapides (sommeil paradoxal) des mouvements oculaires lents (sommeil profond). L'examen a aussi mesuré les troubles respiratoires et l'oxygénation du sang pendant le sommeil, permettant ainsi de renseigner les chercheurs sur les apnées du sommeil.
Les chercheurs ont analysé un grand nombre de mesures des troubles du sommeil, comme la fréquence des troubles respiratoires, la durée entre chaque étape du sommeil, le nombre de réveils nocturnes et la durée du sommeil.
Il en ressort qu'après ajustement pour l'âge, l'origine ethnique, le lieu de l'étude, l'indice de masse corporel, et les autres composantes du sommeil, le seul paramètre du sommeil qui reste associé à l'hypertension est la durée du sommeil lent profond. Les hommes qui avaient les phases de sommeil lent profond les plus courtes, avaient un sur-risque de 80% de développer une hypertension.
Les mesures de perturbations respiratoires, le niveau d'hypoxémie et la durée du sommeil n'étaient en revanche pas associés à un risque accru d'hypertension artérielle.
HTA: le sommeil aussi important que l'alimentation et l'exercice
D'après les auteurs, une bonne qualité de sommeil, notamment chez les gens âgés, est indispensable pour rester en bonne santé.
« Les gens âgés ont plus de risque d'être hypertendus que les jeunes, et ceux qui n'ont pas un bon sommeil peut-être encore plus que les autres », souligne le Dr de Roquefeuil.
« Les gens devraient savoir que le sommeil, l'alimentation et l'activité physique sont essentiels pour conserver une bonne santé, notamment sur le plan cardiaque et sur le plan de la pression artérielle. Bien que les personnes âgées aient souvent un sommeil de mauvaise qualité, notre étude montre que ce paramètre n'est pas bénin. Un sommeil de mauvaise qualité peut être un facteur prédictif puissant de problèmes de santé. Des initiatives pour améliorer la qualité du sommeil pourraient fournir de nouvelles pistes pour réduire le fardeau de l'hypertension», souligne le Dr Redline dans le communiqué de l'AHA.
Maple Fung a déclaré avoir reçu des financements des laboratoires Forest. Il détient des actions d'Amgen, et est actuellement engagé par la compagnie. Le co-auteur Sonia Anconi-Israel est consultante chez Ferring Pharmaceuticals, GlaxoSmithKline, Johnson&Johnson, Merck, NeuroVigil, Pfizer, Philips, Purdue Pharma LP, Sanofi-Aventis, et Somaxon Pharmaceuticals. |
Actualités Heartwire © 2011
Citer cet article: Sur-risque d' HTA en cas de sommeil profond trop court - Medscape - 19 sept 2011.
Commenter