Cas clinique : un souvenir cutané de vacances

Dr Rick G. Kulkarni

Auteurs et déclarations

15 juin 2011

15 juin 2011
Un homme de 34 ans par ailleurs en bonne santé se présente au service des urgences avec une éruption prurigineuse dans la partie inférieure gauche du thorax. L'homme indique que cette zone était enflée et douloureuse cinq jours auparavant, mais que ces symptômes ont disparu depuis. Il affirme ne pas avoir d'éruption ailleurs sur le corps, ni avoir été exposé à de nouveaux médicaments ou à de nouveaux aliments, ni avoir été piqué par un insecte récemment, ni avoir utilisé de nouveaux savons ou de nouvelles lotions. L'homme a récemment passé des vacances dans une région tropicale, pendant lesquelles il a fait de la plongée libre. Il ne peut toutefois pas se rappeler sur-le-champ s'il a été exposé à des agents inhabituels ou s'il s'est blessé pendant cette période. Il dit ne pas avoir eu de fièvre, de respiration sifflante, de difficulté à respirer, de nausée ni de symptômes touchant les voies respiratoires supérieures.

Ses signes vitaux sont normaux. L'examen physique n'a révélé que deux éruptions érythémateuses et papulovésiculeuses linéaires et bien définies dans la partie inférieure gauche du thorax (voir ci-dessus).

Quel est le diagnostic ? Quel traitement donneriez-vous à ce patient ?


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Dans le cas présent, le diagnostic posé est une réaction d'hypersensibilité différée de type IV au corail de feu. Le patient dit avoir effleuré un corail orange avec le côté gauche de son thorax. Il a immédiatement eu une sensation de brûlure et une éruption urticarienne qui a disparu le lendemain. Par contre, cinq jours plus tard, une éruption papulovésiculeuse prurigineuse est apparue au même endroit. On trouve les coraux de feu, qui appartiennent à l'embranchement des cnidaires (lequel comprend des animaux invertébrés aquatiques comme les physalies, les méduses et les anémones de mer), dans tous les récifs coralliens du monde (sauf à Hawaï) généralement en eau peu profonde. Ce groupe d'hydrocoralliaires possède des nématocystes, cellules urticantes qui, à la façon d'un harpon, s'incrustent dans le derme où elles libèrent un venin.

Le venin libéré du nématocyste provoque un eczéma de contact caractérisé par une sensation de brûlure immédiate, mais typiquement passagère, d'intensité légère à forte. Le prurit, la vésiculation, l'urticaire et la nécrose sévères sont peu fréquents. Les réactions d'hypersensibilité de contact différée peuvent persister pendant des jours ou, dans de rares cas, des mois. Habituellement, l'éruption évolue spontanément vers la guérison; on la traite initialement par une application de glace et d'analgésiques. Si on décèle immédiatement l'exposition, on peut rincer la zone à l'eau de mer puis y appliquer du vinaigre pour prévenir une aggravation de l'envenimement par les nématocystes. L'éruption d'hypersensibilité différée ou le prurit local peuvent être traités par des stéroïdes topiques. Des corticostéroïdes oraux peuvent être indiqués pour le traitement d'une affection diffuse, grave ou persistante.

La réaction d'hypersensibilité de type IV est une réaction inflammatoire à médiation cellulaire qui se manifeste généralement de 48 à 72 heures après l'exposition à un antigène. Ce type de réaction est induit par des monocytes/macrophages et des cellules basophiles. L'infiltration des lymphocytes T cytotoxiques et des macrophages entraîne la formation d'un granulome.

Les réactions d'hypersensibilité différée jouent un rôle important dans la défense de l'hôte contre les agents pathogènes intracellulaires. Parmi d'importants exemples, citons les réactions cutanées tuberculiniques, qui surviennent en 48 à 72 heures dans la zone stimulée chez les personnes qui ont déjà été exposées à la tuberculose; l'hypersensibilité cutanée à basophiles (ou de Jones-Mote), qui se caractérise par une réaction de l'hôte à une protéine pure combinée à un adjuvant; la réaction de greffe contre hôte, dans laquelle l'organisme rejette un greffon d'une manière semblable à la façon dont il réagit à un antigène tuberculinique; et l'hypersensibilité de contact (p. ex., celle qui est provoquée par le sumac vénéneux ou le corail de feu), qui survient lorsqu'un antigène entre en contact avec la peau. Ce type d'hypersensibilité, qui culmine de 3 à 6 jours après l'exposition, se caractérise par un infiltrat largement basophile et une éruption d'aspect eczémateux ou vésiculaire.

Les autres types d'hypersensibilité comprennent celle de type I, qui consiste en une sécrétion immédiate d'histamine médiée par l'immunoglobuline E (IgE), comme celle qui survient après une piqûre d'abeille; l'hypersensibilité de type II, qui est une cytotoxicité liée aux anticorps et au complément, comme dans le syndrome de Goodpasture; et l'hypersensibilité de type III, qui est médiée par des complexes antigène-anticorps circulant, comme ce qu'on observe dans la maladie du sérum.
Description du cas : Drs Allison Richard et Mathew Richard. Révision : Dr Adam Perrin.

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