Le yoga comme traitement adjuvant de la FA

ACC 2011, effet antiarythmique du yoga

Chez des patients souffrant de fibrillation auriculaire paroxystique symptomatique, la pratique régulière du yoga réduit presque de moitié le nombre d'épisodes d'arythmie. Faut-il ajouter le yoga à l'ordonnance du patient arythmique ? 7 avril 2011

Nouvelle Orléans, Louisiane — Plusieurs travaux ont déjà montré l'effet bénéfique du yoga sur la pression artérielle, l'hypercholestérolémie, la rigidité artérielle, le stress et l'inflammation mais c'est la première fois qu'une étude montre, certes à l'échelle d'une cinquantaine de personnes, que la pratique régulière du yoga réduit les épisodes de fibrillation auriculaire (FA) paroxystiques et améliore significativement la qualité de vie des patients. ^[1]

« C'est à force d'entendre l'une de mes patientes m'expliquer qu'elle se sentait beaucoup mieux depuis qu'elle pratiquait le yoga que j'ai pris la décision de mener un essai clinique contrôlé a expliqué le Dr Dhanunjaya Lakkireddy (Center for excellence in atrial fibrillation, Kansas City) lors du congrès de l'American College of Cardiology 2011.

Il est vrai que le traitement antiarythmique ne vient pas toujours à bout des symptômes, ni du stress et de l'anxiété que ces arythmies engendrent, de sorte « qu'au final, peu de choses sont faites pour améliorer la qualité de vie des patients en FA » a résumé le Dr Lakkireddy.

Monitoring des épisodes de FA durant six mois

The yoga my heart study est un essai prospectif, monocentrique, autocontrôlé, qui a suivi 49 patients en FA, indemnes de tout handicap physique.

Durant une première phase de trois mois (phase contrôle), ils pouvaient pratiquer n'importe quelle activité physique qu'ils avaient l'habitude de faire. Les trois mois suivant (phase active), ils étaient inclus dans un programme de yoga, à raison de 60 minutes, deux fois par semaines. Ils étaient encouragés à pratiquer quotidiennement des exercices de yoga au domicile, en s'aidant d'un DVD.

Ces séances de formation progressive s'adressaient à des personnes n'ayant jamais pratiqué le yoga. Il s'agissait de yoga « traditionnel » avec des exercices respiratoires (pranayama), des postures (asanas) et une relaxation finale.

Les épisodes d'arythmie ont été quantifiés au moyen d'un holter rythmique durant l'intégralité des six mois de suivi et les patients tenaient à jour un carnet de symptômes. Durant la période « contrôle »  et « active », le stress, l'anxiété et la qualité de vie étaient évalués au moyen d'un auto-questionnaire.

Réduction des épisodes de FA paroxystiques symptomatiques et asymptomatiques

Les résultats mettent en évidence une réduction du nombre d'épisodes de FA symptomatiques, qui est de 3,8 +/-3 dans le groupe contrôle et de 2,1 +/-2,6 dans le groupe yoga (p < 0,001). Les épisodes asymptomatiques sont également réduits (2,6 vs 1,4). Les scores d'anxiété et de dépression sont significativement améliorés (p < 0,001), de même que la qualité de vie (forme physique, vitalité, vie sociale).

« Ces résultats obtenus avec un moyen non invasif, sans effet indésirable et très peu onéreux sont importants à l'heure où la prévalence de la FA ne cesse de croître et que le poids de cette pathologie est également lourd en terme de qualité de vie » a commenté l'investigateur. « Le yoga pourrait être un excellent traitement adjuvant pour ces patients ».

Quel mécanisme ?

Pour expliquer l'effet "antiarythmique" du yoga, le Dr Lakkireddy a avancé plusieurs hypothèses.

« On sait que les épisodes de FA paroxystiques sont souvent précédés d'une stimulation adrénergique suivie d'une hyperactivité parasympathique réactionnelle. Il est possible que le yoga agisse en lissant les courbes de tonus autonomique et en réduisant les situations pouvant déclencher une FA. Mais il faut aussi tenir compte de son effet sur le substrat et l'inflammation. Le yoga a certainement un effet pléiotrope ».

Une prochaine étude est prévue pour comprendre le mécanisme d'action des séances de yoga sur la rythmicité cardiaque.

Citer cet article: Le yoga comme traitement adjuvant de la FA - Medscape - 7 avr 2011.