Dépistage de l'ischémie silencieuse chez le diabétique : la stratégie alternative du Pr Moulin

Adélaïde Robert-Géraudel

19 janvier 2011

Paris, France — Les sociétés savantes devraient prendre position par rapport à leurs homologues américains et réviser les recommandations concernant le dépistage de l'ischémie myocardique silencieuse chez le diabétique, a estimé le Pr Philippe Moulin (CHU de Lyon) lors d'une session conjointe de la Société francophone du diabète (SFD) et de la Société française de cardiologie (SFC) au cours des XXIes journées européennes de la SFC. [1]

Pr Moulin

L' American Diabetes Association
a en effet changé sa position en 2010. [2] Elle recommande désormais comme candidats au dépistage les patients ayant des symptômes typiques ou atypiques et des anomalies à l'ECG de repos, rappelant que le dépistage des patients asymptomatiques et sans anomalie électrique n'a pas montré de bénéfice clinique.

La revascularisation n'est pas convaincante dans l'angor stable. Les patients n'ont pas de perte de chance s'ils ne sont pas dépistés.

« On a la preuve de l'inefficience de la stratégie actuelle de dépistage, pourquoi ne pas en changer ? », interroge le Pr Moulin.

 
On a la preuve de l'inefficience de la stratégie actuelle de dépistage (de l'ischémie silencieuse), pourquoi ne pas en changer ? — Pr Moulin (CHU Lyon)
 

De plus l'ischémie myocardique silencieuse pourrait se résoudre avec le temps, nourrissant la controverse concernant les stratégies de traitement agressives, précise l'ADA.

Ainsi, même si des anomalies de perfusion peuvent être dépistées chez certains patients, cette stratégie est controversée au vu de son rapport coût-efficacité.

Recourir au score calcique

Le Pr Moulin propose une stratégie alternative, fondée sur la mesure du score calcique chez les patients à risque modéré à élevé, tenant compte de la durée d'exposition aux facteurs de risque cardiovasculaire et leur non-contrôle.

« La mesure du score calcique ne nécessite pas d'injection de produits, n'est pas irradiante et se fait rapidement. Elle permet d'écarter plus de 40 % des patients », estime le Pr Moulin.

La Task force de l'American Heart Association et de l'American College of Cardiology (AHA/ACC) considère qu'il existe un intérêt à mesurer ce score calcique chez des diabétiques de type 2 de plus de 40 ans avec un niveau de preuve B, dans le cadre de l'évaluation du risque cardiovasculaire, a-t-il rappelé.

En cas de score calcique faible, le traitement médical suffit. En cas de score calcique élevé, le Pr Moulin suggère de réaliser un test fonctionnel (scintigraphie/échographie). En l'absence d'anomalie, le traitement médical suffit. En cas d'anomalie, l'angioscanner est alors réalisé.

En cas d'anomalie à l'angioscanner, alors, une coronarographie et une revascularisation peuvent être envisagées.

Un tel dépistage serait à réitérer tous les trois à cinq ans suivant le profil de risque du patient.

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