Chicago, IL, É.-U. — La prescription d'acides gras oméga-3 n'a aucun effet sur la prévention des rechutes de fibrillation auriculaire (FA) selon l'étude P-OM3 (Efficacity and Safety of Prescription Omega-3 Fatty Acid Ethyl Esters) publiée dans JAMA et présentée le même jour en Late-Breaking du congrès de l'American Heart Association 2010. [1]
Plusieurs données expérimentales ont suggéré, dans le passé, que les huiles de poisson avaient une action anti-inflammatoire et régulatrice des échanges ioniques cellulaires. Au niveau cardiaque, ces effets se manifesteraient par une plus grande stabilité électrophysiologique des tissus prévenant l'hyperexcitabilité, aussi bien à l'étage auriculaire que ventriculaire. Ce rôle n'a pourtant jamais été confirmé scientifiquement, malgré de multiples essais pratiqués sur de nombreux types de patients, selon diverses modalités et à différentes posologies.
Un essai négatif
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Dr Kowey |
Les auteurs ont inclus 663 patients souffrant de FA paroxystique (n = 542) ou persistante (n = 121), n'ayant pas de pathologie cardiaque associée. Tous étaient cependant en rythme sinusal au moment de l'inclusion (de novembre 2006 à juillet 2009). Ils se sont vus prescrire soit des oméga-3 (8g/j pendant 7 jours, puis 4g/j jusqu'à la 24e semaine), soit un placebo.
Le critère principal de jugement était la survenue d'un nouvel accès chez les personnes souffrant de FA paroxystique.
Une seconde analyse relevait les rechutes dans le groupe FA persistante et la somme des deux évènements combinés. À l'issue du suivi de 6 mois, 48 % des sujets appartenant au groupe contrôle et 52 % des sujets traités qui souffraient de tachyarythmie paroxystique ont présenté une nouvelle crise ou un accès de flutter.
Par ailleurs, parmi les patients ayant souffert d'un trouble rythmique atrial persistant, 50 % appartenant au groupe oméga-3 ont rechuté alors qu'ils ne sont que 33 % sous placebo.
Les sorties d'étude pour effets indésirables sont comparables (5 vs 4 %).
Et aucune preuve scientifique à ce jour
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Dr Albert |
« Cette étude a été réalisée avec des oméga-3 de synthèse et non naturels. Or, même si les résultats divergent entre les différents travaux, c'est avec la consommation de poisson ou d'huile de poisson qu'ont été décrits les effets les plus favorables de ces acides polyinsaturés. D'ailleurs d'autres travaux à grande échelle sont actuellement en cours comme FORomegaARD ou OPERA dont il faudra attendre les résultats avant de tirer un trait définitif sur ce mode de prévention ».
D'autres question restent également en suspend comme la durée de suivi de 6 mois qui est sans doute trop brève pour juger d'un effet favorable, le choix d'une dose qui n'était peut-être pas optimale, un rôle plus effectif des oméga-3 à long terme en prévention primaire, la possibilité d'une plus grande efficacité sur d'autres types de FA (post opératoire, associées à une cardiopathie, etc...)
La conclusion du Dr Peter M. Kowey est cependant sans appel :
« Notre essai est négatif et il n'existe à ce jour aucune raison scientifique de prescrire des acides oméga-3 polyinsaturés chez des patients souffrant de FA ! »
Actualités Heartwire © 2010
Citer cet article: La prévention de la FA par les oméga-3 est un leurre selon P-OM3 - Medscape - 15 nov 2010.
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