Berlin, Allemagne — Le suivi de la pression de l'artère pulmonaire (PAP) par un biosenseur implanté dans l'artère pulmonaire permet de réduire les hospitalisations et d'améliorer la qualité de vie des patients insuffisants cardiaques. Ce résultat, issu de l'étude CHAMPION (CardioMEMS Heart Sensor Allows Monitoring of Pressure to Improve Outcome in NYHA Class III Heart Failure Patients), vient d'être présenté lors du congrès Heart Failure, de l'European Society of Cardiology (ESC) à Berlin [1].
L'un des investigateurs, le Dr William Abraham (Université de l'Ohio, Colombus), qualifie ce résultat de « première avancée majeure depuis 10 ans dans la prise en charge de l'insuffisance cardiaque. Il est important d'identifier les élévations de la PAP, puisqu'il s'agit du signe le plus direct de congestion », indique le Dr Abraham. « Jusqu'à présent, la seule approche consistait à surveiller la prise de poids quand la sensibilité de ce paramètre sur l'hospitalisation pour IC n'est que de 10 à 20 % ».
Des patients en classe NYHA III
L'étude CHAMPION a été menée dans 63 centres américains, chez 550 insuffisants cardiaques en classe NYHA III, et victimes d'une décompensation dans les 12 mois précédents. Tous ces patients ont été implantés avec un biosenseur CardioMEMS, par cathétérisme du cœur droit. Ce dispositif transmet en temps réel ses informations à un relai extérieur, qui à son tour, transmet ces données au médecin clinicien. On note que la transmission entre le biosenseur et le relai externe s'opère par radiofréquences, lesquelles fournissent aussi de l'énergie au senseur : aucune batterie interne n'est donc nécessaire.
Les patients, tous implantés, ont été randomisés en deux groupes, suivis d'après les critères habituels et les données hémodynamiques (n = 270), ou d'après les seules critères habituels (n = 280). Dans ce second cas, le clinicien n'avait simplement pas connaissance des données télétransmises.
En terme de sécurité, aucune défaillance du senseur et huit complications liées au système ont été constatées en six mois. Durant cette période, 83 hospitalisations ont été dénombrées dans le groupe traité, contre 120 dans le groupe contrôle, soit une réduction du risque relatif de 30 % (p < 0,0001). Sur la totalité du suivi, soit 15 mois, le taux d'hospitalisation annualisé est réduit de 38 % (p < 0,0001). Cette évolution pourrait s'expliquer par la courbe d'apprentissage et/ou le bénéfice cumulatif de la réduction des hospitalisations.
Des réductions de la PAP ont également été observées, ainsi que des améliorations de la qualité de vie (Minnesota Living with Heart Failure).
La détection plus précoce des signes de décompensation, et l'adaptation du traitement en conséquence semblent donc améliorer la prise en charge de l'insuffisance cardiaque. Les résultats de CHAMPION devraient être utilisés pour demander l'approbation du biosenseur CardioMEMS.
L'étude CHAMPION a été financée par CardioMEMS (Atlanta, États-Unis). Le Dr Abraham et d'autres investigateurs ont reçu des bourses ou des honoraires de CardioMEMS. |
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Citer cet article: IC : réduction des hospitalisations grâce au suivi par biosenseur de la PAP - Medscape - 2 juin 2010.
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