Paris, France — En un an, le Plan National de Prévention par l'Activité Physique ou Sportive (PNAPS) s'est concrétisé par plus de 100 actions nationales, régionales et territoriales avec des partenariats publics et privés. L'objectif : une activité physique de 30 minutes par jour, facteur d'amélioration concrète de l'état de santé et de l'espérance de vie. Il veut aussi encourager la prévention tertiaire dans laquelle les cardiologues ont été des précurseurs à travers la réadaptation cardiaque.
Le Pr Jean-François Toussaint (IRMES, Université Descartes, Hôtel-Dieu, HCSP) a présenté les données du rapport PNAS lors du 3e Forum Européen Cœur, Exercice et Prévention.
Disponible depuis décembre 2008, le PNAPS a défini toute une série de propositions dans un rapport de 295 pages pour inscrire l'activité physique dans une vaste dynamique de prévention de la santé.
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Pr Toussaint |
Ne pas fumer, boire peu d'alcool, consommer des fruits et légumes et pratiquer une activité physique augmente l'espérance de vie de 14 ans [1]. Selon le baromètre Santé 2008, 45 % des Français (38 % en 2000) pratiquent une APS à un niveau entraînant des bénéfices pour la santé : 50 % des hommes, 40 % des femmes. 5 heures sont passées en situation assise par jour et les franciliens sont les moins actifs.
Changement de mentalité
« Nous avons fait un bilan des actions entreprises dans différentes régions et des actions proposées avec les partenaires institutionnels et privés, les fédérations sportives, les EHPAD » a précisé le spécialiste. « Nous avons créé un pôle "ressources sport santé" à Vichy. Sa mission est d'organiser les grands axes de formation, d'éducation et de faire le lien avec la prévention tertiaire. Les cardiologues ont été les précurseurs de la réadaptation physique. Mais pour intégrer cette démarche de prévention tertiaire à l'hôpital, il reste beaucoup de marches à franchir. Des éducateurs médico-sportifs seront à même d'assurer ses fonctions de lien entre l'aspect médical et le démarrage et la poursuite de l'activité physique. Ce sont des jeunes impliqués dans la filière STAPS qui faciliteront la reprise de l'activité physique sur prescription médicale au début suite à l'expertise. Il s'agit de faire un coaching bien cadré ».
En ce qui concerne l'initiation à l'activité physique, « nous sommes en lien avec les clubs qui, au fur et à mesure, orientent leur offre vers le sport loisir ou l'activité physique pour tous. Les fédérations vont aussi vers moins de sport de compétition. La fédération de gymnastique volontaire, la fédération d'athlétisme, la fédération de judo et de natation proposent des activités physiques et sportives. C'est un vrai changement de concepts ».
Effort de longue haleine
L'approche multisectorielle de l'activité physique au quotidien s'appuie sur 5 partenaires : collectivités, écoles, entreprises, filière sport et domaine de la santé.
La mobilité « active » la plus efficace est la marche et le vélo. Il faut les infrastructures nécessaires : environnement construit via des pistes sécurisées, un plan de déplacements urbains, des équipements à disposition et des cours de récréation adéquates. Le plan prévoit de développer « les moyens de transport actifs » et de défiscaliser à hauteur de 200 € par an les personnes qui résident dans un rayon de 10 km de leur lieu de travail et s'y rendent à vélo.
Le spécialiste indique : « Parfois la force de conviction est balayée par les turbulences de l'économie mondiale. La défiscalisation de 200 € que nous avions proposée pour les modes de déplacement en mobilité active devient moins prioritaire. Eric Woerth y a été sensible mais la crise économique mondiale et les contraintes budgétaires ont retardé l'examen de cette mesure. Pourtant, le mode de transport actif a un triple bénéfice : environnemental, sanitaire et facilitateur de transport ».
L'expérience du Vélib à Paris
L'expérience des deux ans de Vélib à Paris devrait être source d'inspiration. 41 millions de trajets ont été effectués avec 250 000 abonnés longue-durée et 80 000 à 100 000 trajets par jour. Le temps de location moyen est de 22 minutes soit 217 millions de km. Il est calculé que l'émission de 26 000 tonnes de CO2 a été évitée pour une voiture parcourant le même kilométrage. Si le trajet est de 20 minutes effectives en parcours unitaire soit 5,3 km à la vitesse de 15,9 km/h, la dépense énergétique est d'environ 100 kcal par trajet. Donc, 2 trajets Vélib' (matin et soir) correspondent à la recommandation d'une dépense de 200 kcal quotidienne.
« Il y a une prise de conscience qui progresse et beaucoup de groupes travaillent sur ces questions en réfléchissant sur la synthèse entre l'environnement urbain et la construction. Le projet du Grand Paris se penche sur le transport interurbain. Nous avons aussi un gros projet européen avec Barcelone, le projet TAPAS (Transport Air Pollutions and Physical Activities).
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Citer cet article: Lutte contre la sédentarité : le Plan national d'activité physique (PNAPS) est en marche - Medscape - 11 févr 2010.
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