Survie améliorée chez les porteurs de DAI, mais le problème des chocs n'est pas réglé

Dr Catherine Desmoulins

15 mai 2009

Boston, Massachussetts — Avec l'essai ALTITUDE, on peut considérer que les DAI, implantés largo manu aux États-Unis, passent en quelque sorte un examen de conduite. [1]

Pour la firme Boston Scientific, qui a permis de colliger les données de près de 100 000 patients implantés d'un défibrillateur (DAI) grâce à son système LATITUDE de télésurveillance via Internet, c'est un succès. Pour les patients également : leur survie à 5 ans est de 91,8 % avec un DAI seul et de 75,6 % quand le DAI est couplé à une stimulation biventriculaire. Dans SCD-HeFT, la survie à 5 ans des sujets implantés d'un DAI n'était que de 71 %.

Dr Saxon

Mais pour le Dr Leslie Saxon
(USC Keck School of Medicine, Los Angeles), qui présentait les résultats en séance plénière au congrès de la Heart Rhythm Society 09, cette remarquable base de données, certes, confirme le bien fondé de l'implantation mais rend également compte de plusieurs zones d'ombre. La plus importante étant la survenue de chocs, appropriés (d'origine ventriculaire) ou pas (d'autre origine). À la fois parce que l'étude confirme que ces chocs grèvent la survie des patients, quelles que soient les circonstances, et parce qu'elle révèle leur fréquence : 35,5 % des patients implantés d'un DAI seul et 34,5 % des patients resynchronisés en ont fait l'expérience à 5 ans.

Deux problèmes auxquelles il faudrait ajouter la question de la qualité de vie, autre sujet de préoccupation, qui n'est pas renseigné dans l'étude ALTITUDE.

« Nous disposons de milliers de données sur les symptômes des patients depuis l'implantation d'un système de télésurveillance couplé aux DAI et DAI/CRT en 2006. Avec ALTITUDE, nous voulions connaître leur devenir dans la « vraie vie », a expliqué le Dr Saxon. « La survie s'est améliorée. Est-ce le reflet d'une meilleure prise en charge médicale ? Les patients implantés sont-ils en meilleure santé ? Les dispositifs eux-mêmes sont-ils plus performants ? »

Meilleure espérance de vie

Effectivement, comparativement aux essais SCD-HeFT, MADIT II, COMPANION, l'espérance de vie s'est allongée chez ces patients.

Probabilité de survie dans les différents essais


Survie (mois)
12
24
36
48
60
SCD-HeFT - DAI
94 %
89 %
83 %
78 %
71 %
MADIT II - DAI
91 %
84 %
78 %
COMPANION - CRT
89 %
86 %
75 %
ALTITUDE - DAI
99 %
97 %
96 %
94 %
92 %
ALTITUDE - DAI/CRT
96 %
93 %
89 %
84 %
78 %

Mais les chocs réduisent la survie

À cinq ans, l'incidence des chocs est de 35,5 % avec un DAI et de 34,5 % avec un DAI/CRT. Ces chocs prédisent la mortalité avec un HR de 2,2 chez les porteurs de DAI et de 2,4 dans le groupe DAI/CRT.

Un peu plus de la moitié, 57 %, étaient des chocs appropriés d'origine ventriculaire. Dans les 43 % restants de chocs inappropriés, une arythmie auriculaire (FA/Flutter) était en cause dans 83 % des cas.

« Typiquement, le choc est déclenché par une FA ou un flutter qui augmente la fréquence ventriculaire jusqu'à 200 bpm. Dans ces conditions, peut-on encore parler de choc inapproprié ? Combien de temps un ventricule peut-il supporter cette fréquence ? » s'est interrogée le Dr Saxon qui a souligné la nécessité de ce type de registre pour évaluer la valeur médico-économique de ces dispositifs.

Précision sur la population de l'étude ALTITUDE
n
Âge
Sexe
Durée de l'implantation (mois)
DAI
47 032
64 +/- 14
76 %
40 +/- 22
DAI/CRT
38 967
69 +/- 12
73 %
32 +/- 16


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