Présence d'une FA isolée chez 13 % des skieurs de fond bien entraînés

Dr Catherine Desmoulins

15 février 2010

Oslo, Norvège — Alors que débutent les JO d'hiver à Vancouver, l'European Heart Journal publie les résultats d'une étude portant sur la prévalence de la fibrillation auriculaire (FA) chez les skieurs de fond de haut niveau. [1] Il s'agissait de vérifier, qu'à l'instar des autres athlètes (hommes) d'endurance, les « fondeurs » sont plus souvent porteurs d'une arythmie auriculaire, comparativement à la population générale (de 0,5 % < 40 ans à 15 % > 75 ans). L'hypothèse est largement confirmée avec une prévalence de FA isolée proche de 13 % dans cette série, un chiffre encore jamais atteint avec les autres sports d'endurance.

Des habitués d'une course de fond de 58 km

L'étude a suivi une cohorte de 148 skieurs de fond bien entraînés ayant tous participé à la « Norwegian Birkebeiner », une course annuelle de 58 km. Tous devaient être des skieurs de bon niveau : participation à des courses de longues distances depuis plusieurs années, épreuves de compétition en ski de fond avec classement dans le premier quart des meilleurs résultats pour l'âge. Les participants ont été séparés en trois catégories selon l'âge : groupe 1 (26-33ans), groupe 2 (43-50 ans), groupe 3 (58-64 ans). Dans cette cohorte, respectivement 122 et 117 skieurs ont participé aux études en 1976 et en 1981. Le suivi appliqué en 1976-81 et en 2004-2006 comporte un ECG de repos et d'effort et un test d'aptitude physique. Une échocardiographie a également été réalisée en 2004-2006.

Dans cette cohorte, la prévalence d'une FA isolée à n'importe quel moment du suivi est de 12,8 %. Le seul facteur prédictif de FA, retrouvé à la fois dans les études de 1976 et 81, est la présence d'un PQ long (respectivement r = 0,38, p = 0,001 et r = 0,37, p = 0,02). La bradycardie sort comme facteur prédictif à partir de l'étude 1981, de même que l'hypertrophie auriculaire (p < 0,001) au cours du suivi.

« La forte prévalence de la FA retrouvée dans notre étude, comparativement à d'autres travaux menés chez des athlètes d'endurance, peut résulter d'un suivi plus long et de l'âge plus avancé de la cohorte » commentent les auteurs. « On sait que l'incidence de la FA et du flutter augmente avec l'âge chez les athlètes, ce que confirment nos données avec un âge moyen de 58 ans au moment du diagnostic. »

Néanmoins, ce travail a des limites importantes, liées notamment au grand nombre des perdus de vue (décédés) dans le groupe 3 des skieurs les plus âgés. Difficile par conséquent de faire une analyse par tranche d'âge. Impossible également, dans cette étude, de prendre en compte les FA paroxystiques, asymptomatiques ou nocturnes « vagales » d'où une possible sous-estimation de la prévalence de la FA.

« Nous n'avons pas trouvé de lien entre le nombre d'années d'entraînement et la survenue d'une FA isolée. Au moment du diagnostic d'arythmie, les participants avaient plus de 36 années de pratique. Bien que le sport d'endurance semble être un important facteur de risque de FA chez les quinquagénaires, nous n'avons pas suffisamment de preuves pour recommander une réduction de l'intensité ou de la durée de l'entraînement. Quand le diagnostic est porté, nous conseillons généralement aux athlètes d'arrêter l'entrainement jusqu'au retour en rythme sinusal. Mais, en pratique, peu de fondeurs s'entraînent avec l'œil rivé sur leur cardiofréquencemètre… »

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