Munich, Allemagne — Les stress majeurs, comme les tremblements de terre ou la guerre, sont facteurs d'événements cardiovasculaires. Le parallèle entre de telles catastrophes et les événements sportifs, a de quoi plonger dans un vertige philosophique. Et pourtant, il semble bien qu'en terme d'impact cardiovasculaire, ces situations soient comparables. Ainsi, selon une étude publiée dans le New England Journal of Medicine, lors de la dernière coupe du monde de football, organisée en 2006 par l'Allemagne, le taux d'événements cardiovasculaires les jours où jouait l'équipe nationale, ont augmenté globalement de 2,66 [1]. La corrélation temporelle est parfaitement claire, puisque, les pics d'incidence étaient observés dans les deux heures suivant le début des matchs. L'impact du stress étant particulièrement marqué chez les coronariens connus comme tels, l'étude avance la notion d'une prévention avant match.
L'étude a été menée à Munich, dans sa banlieue et en zone rurale, entre le 9 juin et le 9 juillet 2006. Les 7 jours durant lesquels l'équipe d'Allemagne jouait, ont été distingués des 24 autres jours de coupe du monde. Les périodes 1 mai-31 juillet 2003 et 2005, et 1 mai-8 juin, 10 juillet-31 juillet 2006, ont été utilisées comme contrôle. Les ajustements concernaient la pression atmosphérique, la température, et les taux de particules de diamètre inférieur à 10 microm., ainsi que les jours de la semaine. On note que la pression atmosphérique était positivement corrélée aux événements cardiovasculaires (1,12 /10hPa*), et que le dimanche (1,07) et le mardi (1,13) sont des jours à haut risque, le samedi étant, lui, jour de relâche (0,78).
Enfin, le risque était légèrement supérieur durant les périodes contrôle 2006, par rapport aux périodes contrôle 2003 et 2005 (1,15).
Au total, 4279 patients victimes d'événements cardiovasculaires aigus ont été inclus dans l'étude. Durant les 7 jours où jouait l'équipe d'Allemagne, le taux d'événements était significativement plus élevé que durant les 242 jours-contrôle. En revanche, aucune différence significative n'a été enregistrée durant les 24 autres jours.
Evènements CV durant la coupe du monde, en fonction de l'engagement de l'équipe d'Allemagne, par rapport aux périodes contrôle
Evènements durant les 242 jours-contrôle (n = 3541) |
Evènements durant les 7 jours où jouait l'Allemagne (n = 302) |
Evènements durant les 24 jrs où ne jouait pas l'Allemagne (n = 436) |
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Evènements/jour |
14,6 |
43,1 |
18,2 |
Ratio d'incidence |
1 |
2,66 |
1,11 |
p |
< 0,001 |
0,08 |
L'impact des matchs engageant l'équipe nationale, ne diffère pas significativement entre la ville de Munich (2,63), sa banlieue (3,11), et en zone rurale (1,99). En revanche, la proportion d'hommes parmi les patients admis augmente significativement durant les jours de match (71,5 %) par rapport aux jours-contrôle (56,7 %). Chez les hommes, le risque passe ainsi à 3,26, contre 1,82 chez les femmes par rapport à la période contrôle. L'évolution est toutefois également significative chez les femmes. Durant les 7 jours de match, les patients admis sont par ailleurs plus fréquemment des coronariens connus (47 vs 29,1 %). Dans cette catégorie de patients, le risque monte à 4,03, et à 2,05 chez les sujets non identifiés comme coronariens. Ici encore, les évolutions sont significatives dans les deux groupes. Enfin, tous les types d'événements augmentent : IDM-ST (2,49), IDM non ST ou angine instable (2,61), arrhythmies majeures (3,07), arrhythmies mineures (2,13). Toutes ces augmentations sont significatives. En revanche, l'impact du match n'est pas significativement différent selon la catégorie diagnostique.
Le rôle du stress dans cette affaire est tout à fait évident, puisqu'outre la concentration du risque les jours de match de l'équipe nationale, l'histogramme des heures d'apparition des symptômes fait ressortir un pic très proéminent dans les deux heures qui suivent le début des hostilités. Le nationalisme chauvin s'accompagne donc, ici comme ailleurs, d'effets nettement délétères. Au rôle du stress proprement dit, les auteurs ajoutent toutefois les conséquences de comportements associés, tels que manque de sommeil, grignotage intensif de « junk food », abus d'alcool et de tabac, oubli des médicaments.
Quoi qu'il en soit, l'étude conclut que « l'excès d'évènements cardiovasculaires associé au spectacle de matchs stressants, est considérable, et que l'évaluation de mesures préventives est nécessaire, en particulier chez les coronariens connus. » Sont envisagés, l'administration ou l'augmentation des doses de bêtabloquant, l'administration de statine ou d'aspirine, ou encore, le blocage de récepteurs au stress. Le principe de thérapies comportementales est également évoqué pour aider à gérer le stress.
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*hPa : hectopascals
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Citer cet article: Durant la coupe du monde de football, le stress augmente les évènements CV chez les spectateurs - Medscape - 12 févr 2008.
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