ADVANCE montre que chez les diabétiques de type 2, même non hypertendus, il faut abaisser la PA

Vincent Bargoin

2 septembre 2007

Pr S MacMahon

Vienne, Autriche — Le traitement des diabétiques de type 2 par une association de périndopril et d'indapamide apporte un bénéfice en terme de mortalité et d'événements micro- et macrovasculaires, même lorsque la pression artérielle (PA) systolique initiale est inférieure à 140 mm Hg. La notion d'une corrélation inverse entre PA et pronostic, y compris chez les patients non hypertendus, avait été suggérée en 2000 par l'étude UKPDS
( United Kingdom Prospective Diabetes Study
). L'étude ADVANCE ( Action in Diabetes and Vascular Disease : Preterax and Diamicron MR Controlled Evaluation), présentée par le Pr Stephen MacMahon
(Université de Sydney, Australie) lors du congrès de la Société Européenne de Cardiologie (ESC) [1], confirme cette notion. « Il s'agit d'une excellente étude », a souligné le Pr SC Smith (Chapel Hill, E.-U.), qui discutait la présentation du Pr MacMahon. « La participation de nombreux centres de pays émergents, où les perspectives en matière de diabète sont particulièrement sombres, suggère que les résultats pourraient avoir une portée universelle ».

L'étude ADVANCE a été menée chez 11 140 diabétiques de type 2 à haut risque cardiovasculaire, par 215 centres répartis dans 20 pays d'Asie, d'Europe et d'Amérique du Nord. L'âge moyen des patients était de 66 ans, et leur PA de 145/81 mm Hg à l'inclusion. Le traitement de ces patients était laissé à la discrétion des médecins (traitement antihypertenseur, statines et hypolipémiants, aspirine et antiplaquettaires). A l'inclusion, 50 % de l'effectif recevaient déjà un IEC, et 75 % un traitement anti-HTA. Seuls les diurétiques thiazidiques étaient contre-indiqués. La moitié des patients ont été traités par Preterax (2 mg de périndopril + 0,625 mg d'indapamide), l'autre moitié recevant un placebo.

Au terme d'un suivi de 60 mois, les résultats concernant 73 et 74 % des patients ont pût être analysés respectivement dans le groupe traité et dans le groupe placebo. Les pressions systolique et diastolique étaient abaissées de 5,6 mm Hg (134,7 vs 140,3 mm Hg) et 2,2 mm Hg (74,8 vs 77 mm Hg) dans le groupe traité par rapport au groupe placebo. A cet abaissement correspondaient les bénéfices suivants.

ADVANCE : principaux résultats


Mortalité toutes causes
Mortalité CV
Mortalité non CV
Evénements micro- ou macrovasculaires majeurs
Bénéfice du traitement/placebo
- 14 %
-18 %
- 8 %
- 9 % (-14 % d'événements coronaires et -21 % d'événements rénaux)
p
0,025
0,027
NS
0,041

Les taux d'effets secondaires sévères étaient de 1,2 % dans les deux groupes. Les valeurs de l'HbA1c, du cholestérol total, du HDL, du LDL et des triglycérides étaient par ailleurs équivalentes. Enfin, plus surprenant, aucun bénéfice du traitement n'a été observé sur l'incidence des événements vasculaires cérébraux. Pour expliquer cette absence d'effet, le Pr MacMahon avance trois hypothèses : la diminution relativement modeste de la PA, l'incidence globalement faible des AVC, et enfin, le simple hasard.

Des questions sur la spécificité de l'effet et sa généralisation à d'autres populations

A ce stade, deux questions sont posées :

  • l'effet observé dans ADVANCE est-il spécifique de l'association thérapeutique évaluée ?

  • quelles conséquences en tirer, en Europe et aux Etats-Unis d'une part, et à l'échelle mondiale d'autre part ?

Concernant la spécificité de l'effet de l'association périndopril-indapamide, la question est en suspens. « Il est impossible d'affirmer la spécificité de l'association », indique le Pr MacMahon. « Ce qui est sûr, en revanche, c'est que cette association en particulier présente un rapport risque/bénéfice très favorable ». Le Pr Smith précise par ailleurs qu'il n'est pas certain que la totalité de l'effet observé soit imputable à la baisse de PA : « des études ultérieures devront rechercher un éventuel mécanisme autre que la baisse de PA dans l'effet macrovasculaire ».

Quel que soit le mécanisme, compte-tenu du bénéfice montré par ADVANCE, on peut penser qu'il serait souhaitable d'élargir les recommandations de traitement de la PA chez les diabétiques. Le Pr Giuseppe Mancia (Université de Milan, Italie), ancien président du groupe de travail sur l'hypertension de l'ESC, souligne « qu'il y a peu d'études menées spécifiquement sur cette question. Les recommandations actuelles sont basées sur des résultats concernant des effectifs peu nombreux ou obtenus de manière rétrospective ou encore, dans le cadre d'analyses de sous-groupes ». ADVANCE tombe donc à pic pour une réactualisation. Il s'agirait de traiter les patients à partir de 130/80 mm Hg — « patients que l'on ne peut qualifier de normotendus », rappelle le Pr Smith.

Pr J Chalmers

L'élargissement des recommandations européennes et nord-américaines pourrait donc se concevoir. Mais peut-on aller au-delà ? Selon le Pr John Chalmers
(Université de Sydney, Australie), « l'étude couvre un large échantillon de la population concernée par le diabète de type 2 à travers le monde ». Concrètement, les deux tiers des patients recrutés dans ADVANCE étaient d'origine caucasienne, le tiers restant étant d'origine asiatique. L'Asie, et en premier lieu la Chine, sont donc aussi concernées. En revanche, s'agissant de l'Afrique, Maghreb inclus, où l'on attend une augmentation de prévalence de 80 % d'ici 2025 [2]
, et s'agissant de la population latino-américaine (+102 % en 2025) qu'il est malgré tout difficile d'assimiler à la population caucasienne, la question reste ouverte. Comme l'a rappelé le Pr Smith, quoique l'étude ADVANCE soit à large spectre, « il y a malgré tout lieu de vérifier la validité de ses résultats dans tous les groupes ethniques ». A cette condition, la simplicité du traitement et son excellente tolérance sont une piste pour améliorer la prise en charge des quelques 246 millions de diabétiques dans le monde et faire face à l'augmentation de prévalence de 55 % attendue d'ici 2025. Selon le Pr Smith, toujours, on peut se demander « s'il n'y aurait pas lieu d'envisager une « polypill » pour le traitement du diabète dans certaines régions du monde ».

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