Quand le carré de chocolat (noir) se fait traitement anti-HTA

Vincent Bargoin

12 juillet 2007

Source : Cocoapro

Cologne, Allemagne — A quand le chocolat noir à côté des fruits et légumes dans la diète idéale ? Compte tenu du taux élevé de polyphénols dans le cacao, l'hypothèse est sérieusement envisagée depuis plusieurs années. Des études d'intervention, menées avec des quantités élevées, de l'ordre de 100 g/jour, ont montré un abaissement de la pression artérielle (PA) et une amélioration de la fonction endothéliale.

Menées sur des périodes courtes, de deux semaines, voire avec une dose unique, ces études, reprises dans une récente méta-analyse [1]], ont été jugées insuffisantes pour justifier la prescription de chocolat, entre carottes et sardines. D'autant que les apports en sucre et en énergie ne sont pas nécessairement anodins. Les auteurs de la méta-analyse ont donc repris le problème à zéro et étudié durant 18 semaines, chez des sujets à la limite de l'hypertension, l'effet d'un simple carré par jour de chocolat noir ou blanc [2]. Résultat : un apport modeste en chocolat noir à abaisser substantiellement la PA, via une augmentation de la production de monoxyde d'azote (NO) endothélial.

L'étude a été menée chez 44 adultes (55-73 ans ; 24 femmes), présentant des chiffres tensionnels limites (130/85-139/89 mm Hg) ou une hypertension de stade 1 (140/90-160/100 mm Hg), non traités pharmacologiquement et par ailleurs indemnes d'affection cardiovasculaire (CV) ou d'autre facteur de risque CV. Ces personnes ne devaient pas être consommateurs réguliers de chocolat. On note que sur 119 candidats présélectionnés, 43 ont été récusés pour des raisons diverses, mais 32, éligibles, ont simplement refusé de participer à l'étude : apparemment, le chocolat, ça ne fait pas très sérieux.

Quoiqu'il en soit, les 44 participants ont reçu, durant 18 semaines, un carré de 6,3 g de chocolat noir, soit 30 mg de polyphénols, ou un carré de 5,6 g de chocolat blanc, dépourvu, lui, de polyphénols. L'ordonnance prescrivait de déguster le traitement deux heures après le dîner. D'un point de vue énergétique, l'apport quotidien étant de 30 kcal, soit moins de 2 % de l'apport total, il n'a pas été jugé nécessaire de prescrire une modification du régime alimentaire. Seules les supplémentations étaient interdites. Enfin, par la force des choses, l'étude a été menée en simple aveugle — mais les auteurs indiquent que « les participants n'ont reçu aucune information sur leurs données personnelles, ni sur l'objectif exact de l'étude avant sa conclusion. »

Toutes choses étant initialement égales entre les deux groupes (âge, IMC, mesures hémodynamiques, alimentation, activité physique, lipides et glucoses plasmatiques, S-nitrosoglutathion, 8-isoprostane, sécrétion urinaire de sodium, potassium, créatinine, azote) ou à peu près égales (consommations de thé et de vin rouge), l'avantage va manifestement au chocolat noir.

Avant la cure, 19 (86 %) des 22 participants du groupe noir présentaient une HTA de stade 1, contre 18 (82 %) des participants du groupe blanc. A la fin des 18 semaines de cure, les pressions systoliques et diastoliques avaient diminuées chez tous les participants du groupe noir (-2,9 et -1,9 mm Hg). On note que l'ampleur des diminutions est corrélée à la PA initiale. Quatre participants sont par ailleurs passés en dessous de la limite de l'HTA. Aucun participant n'a toutefois atteint les tranches basses de la pré-HTA (130/85 mm Hg) et encore moins une PA optimale.

Par comparaison, aucun changement de classification n'a été opéré à la fin des 18 semaines chez les consommateurs de chocolat blanc. Enfin, les résultats sont analogues chez les femmes et chez les hommes, aucun effet secondaire n'a été rapporté en cours d'étude, et le poids, les lipides plasmatiques, le glucose et le 8-isoprostane (marqueur du stress oxydatif) n'ont évolué dans aucun des deux groupes.

Evolution des PA selon le type de chocolat consommé à 6, 12 et 18 semaines.

Chocolat noir
Chocolat blanc
6 sem.
12 sem.
18 sem.
p*
6 sem.
12 sem.
18 sem.
p*

-0,6
-2,4
-2,9
< 0,001
-0,1
0,4
0,1
0,71

-0,3
-1,8
-1,9
< 0,001
0,1
0,3
0,0
0,84

*pour toute la période.

En ce qui concerne le mécanisme, les auteurs proposent que l'effet antihypertenseur du chocolat noir soit médié par une élévation du taux de synthèse de NO. Une élévation du S-nitrosoglutathion a, en effet, été constatée dans le groupe chocolat noir, étroitement corrélée à la baisse de la PA systolique et diastolique. Il est probable que cette élévation est liée aux polyphénols du cacao, détectés entre 1 et 6 heures après une dose de charge absorbée à jeun, juste avant le début de l'étude. Les auteurs notent qu'aucune relation directe entre polyphénols plasmatiques et S-nitrosoglutathion n'a pu être établie, mais que leurs résultats sont en accord avec des données obtenues in vitro, montrant une stimulation de la transcription de la NO-synthase endothéliale sous l'effet des polyphénols.

« L'effet antihypertenseur du chocolat pourrait n'être pas négligeable cliniquement », soulignent les auteurs, qui rappellent qu'une réduction de 3 mm Hg de la pression systolique s'accompagne d'une réduction de 8 % du risque d'AVC, de 5 % du risque de coronaropathie et de 4 % de la mortalité toutes causes confondues [3].

« Les réductions de PA constatées dans notre étude sont du même ordre de grandeur que celles mises en évidence dans une étude menée chez des personnes âgées consommant régulièrement du chocolat [4], » indiquent-ils encore. « Dans cette étude, une réduction de l'ordre de 50 % du risque de mortalité CV a été constatée, ce qui suggère que le cacao pourrait être associé, outre la baisse tensionnelle, à des effets cardioprotecteurs supplémentaires. »

Si l'effectif de l'étude allemande est modeste, la période de suivi peut, en revanche, être considérée comme longue. « L'efficacité des traitements antihypertenseurs est habituellement attestée par un suivi de 6 à 8 semaines » rappellent les auteurs. Ils soulignent aussi que des interventions brèves se sont également révélées concluantes chez des sujets jeunes, normotendus [5] [6]] ou hypertendus [7].

Par ailleurs, conformément aux résultats retrouvés dans l'étude allemande, les effets du chocolat sur la PA étaient plus prononcés chez les hypertendus que chez les normotendus. Enfin, contrairement à la diète, qu'il est toujours difficile de suivre longtemps ; « l'introduction de petites quantités de cacao riche en polyphénols dans l'alimentation est une habitude facile à prendre et par conséquent pourrait être une approche comportementale prometteuse pour abaisser la PA chez les personnes présentant une PA supérieure à la normale. »

En conclusion, les auteurs recommandent d'essayer le chocolat noir dans d'autres populations, et d'en suivre les effets à long terme. Chiche ? A quand la Cutting down Hypertension Otherwise with Chocolate Onset as a Likeable Achievement in Therapy ?

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