POINT DE VUE

Un antidiabétique et une statine dans une polypill aux Etats-Unis

Dr Jean-Pierre Usdin

Auteurs et déclarations

28 octobre 2011

Paris, France — La FDA vient de donner son accord à la commercialisation d'un comprimé associant la sitagliptine et la simvastatine nommé Juvisync® (Merck) [1].

Le Juvisync® se décline en plusieurs dosages : soit 4 types de comprimés associant 100 mg de sitagliptine avec 10 à 40 mg de simvastatine. Les mêmes combinaisons avec 50 mg de sitagliptine sont en cours de développement.

Les associations médicamenteuses sont d'une grande utilité pour obtenir l'adhérence du patient.


Des combinaisons comme s'il en pleuvait

Les combinaisons actuelles concernent, en fait à notre connaissance, des associations de médications efficaces pour une pathologie bien précise.

Par exemple l'hypercholestérolémie avec la simvastatine (encore elle) et l'ezétimibe, l'HTA pour laquelle les déclinaisons des combinaisons d'inhibiteur direct de la rénine, d'IEC, de sartan, avec des diurétiques et/ou inhibiteurs calciques sont légions. Sans omettre les bétabloquants et les diurétiques, ainsi que les bétabloquants et les inhibiteurs calciques.

Les antiagrégants plaquettaires associés sont aussi présents en pharmacie, sans oublier l'association d'une statine avec l'aspirine.

Il en est de même pour les associations d'antidiabétiques sitagliptine et metformine par exemple

Comme chante Georges Brassens, « pour un tel inventaire il faudrait un Prévert ! » [2].


Une association a priori logique

Cette association « sita/simva » est d'un genre tout à fait nouveau mais logique.

Nous pouvons y trouver au moins deux raisons :

La première, la plus évidente, est que les deux pathologies visées, le diabète de type II et l'hypercholestérolémie, sont très souvent associées. Les différentes déclinaisons du produit mises en place par le laboratoire vont s'avérer intéressantes dans la personnalisation du traitement.

La seconde est que le traitement par statine confère un risque potentiel d'hyperglycémie chez le diabétique de type II [3], risque au demeurant largement dépassé par la diminution des événements cardiovasculaires. Ainsi on traite l'hypercholestérolémie sans déclencher d'intolérance au glucose. Toutes proportions gardées, on pense au Colchimax® !


Quelques vérifications s'imposent tout de même

Des questions restent en suspens. Ainsi, la FDA a demandé au laboratoire Merck, qui commercialise le Juvisync®, d'étudier la capacité de la sitagliptine seule et en association avec la simvastatine de réduire la glycémie. Il conviendrait aussi de vérifier la capacité de la combinaison à diminuer le LDL cholestérol.

En France, il faudra attendre. Selon Fran ç ois N icom è de, pharmacien aux Affaires réglementaires chez MSD, contacté, il n'y a pas de projet de ce type pour l'Europe.

Attendons les résultats obtenus aux Etats-Unis pour peut-être voir un jour cette association apparaître en France.

Une interrogation cependant : le Pr Salim Yussuf, chantre de la polypill, a-t-il l'idée d'introduire l'inhibiteur de la DPP4 dans la combinaison [4] ?

 

Références
  1. FDA approves combination therapy Juvisync. Communiqué de presse de la FDA du 7 octobre 2011.

  2. Georges Brassens : « Le Pluriel » 1966.

  3. Sattar N, Preiss D, Murray H N et coll. Statin and risk of incident diabetes: a collaborative meta-analysis of randomized Statin trials. Lancet 2010; 375 (9716) : 735..

  4. Lonn G, Bosh J, Teo KK et coll. The Polypill in the prevention of cardio vascular diseases: key concepts, current status, challenges and future directions. Circulation 2010; 122. p 2078.

 

Liens

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