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Références

  1. American Psychiatric Association. DSM-5 Manual Diagnóstico y Estadístico de los Trastornos Mentales. Panamericana. 5a edición. 2013. ISBN: 9788498358100
  2. Gentile DA, Bender PK, Anderson CA. Violent video game effects on salivary cortisol, arousal, and aggressive thoughts in children. Computers in Human Behavior.2017;70:39e43. doi: 10.1016/j.chb.2016.12.045. Resumé
  3. International Communication Association. "What attracts people to violent movies?." ScienceDaily. ScienceDaily. 28 mars 2013. www.sciencedaily.com/releases/2013/03/130328091750.htm
  4. American Psychiatric Association. Critères diagnostiques du DSM-5. 5a edición. 2013. ISBN: 978-0-89042-551-0
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Auteurs

Dr. José J. Mendoza Velásquez
Coordonnateur de la recherche, Département de psychiatrie et de santé mentale, Faculté de médecine de l'UNAM, Mexico, Mexique.
Co-directeur et fondateur, "Neurowave", Mexico, Mexique.

Conflits d'intérêts :
Dr. José J. Mendoza Velásquez n'a déclaré aucun conflit d'intérêt financier pertinent.


Ce diaporama a été publié originalement sur Medscape.es, le 1er septembre 2017

Éditeur :
Dr. Bernardo Schubsky
Medscape

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Les troubles de la personnalité illustrés par la série Game of Thrones

Dr. José J. Mendoza Velásquez  |  21 décembre 2017

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Diapositive 1

Les comportements humains ont toujours fait l’objet d’une classification et la médecine a très vite cherché à caractériser les comportements considérés comme inappropriés. Alors qu’Hippocrate a déjà tenté de distinguer les individus selon leurs tempéraments, c’est au début du XXème siècle que s’opère un tournant, avec la classification des maladies mentales à partir de critères cliniques, mis en place par le psychiatre Emil Kraepelin, considéré comme le fondateur de la psychiatrie moderne.

Depuis 1952, le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) est devenu l’ouvrage de référence pour décrire et classer les troubles du comportement. Le DSM-1 référençait 7 troubles de la personnalité, passés à 11 dans le DSM-3, puis à 10 dans le DSM-4 et le dernier DSM-5. [1] Il est également important de se rappeler que la personnalité peut changer en raison d'une maladie ou d'un état pathologique.

Image : Dreamstime

Diapositive 2

Les troubles de la personnalité

La personnalité est la ligne de conduite qui nous définit. Chez les personnes présentant des troubles de la personnalité, le développement d’un comportement éloigné des référents culturels de l’individu est initié très tôt, à l’adolescence ou au début de l’âge adulte. Il se maintient ensuite dans le temps, induisant un sentiment de malaise et une détérioration de l’état psychique.

Pour l’individu concerné, il persiste une interrogation permanente sur cet état, source de tension, auquel il ne s’associe pas. Il lui devient évident que le comportement est non adapté lorsque des situations de stress l’amène à manifester des défenses réactionnelles inappropriées.

Rappelons que le diagnostic d’un trouble de la personnalité fait suite à plusieurs entretiens avec le patient et qu’il est, dans certains cas, soumis à controverses. L’analyse qui suit est donc davantage un exercice didactique qu’un manuel de diagnostic.

Image : Dreamstime

Diapositive 3

La série Game of Thrones

Inspirée des romans de fantasy (médiéval fantastique) de l’auteur américain George RR Martin, la série télévisée Game of Thrones a réussi à créer une histoire intemporelle, mettant en scène des destins imprégnés d’idéaux, défendus par les armes et le feu. Dans cette série, les luttes de pouvoir pour accéder au Trône de fer sont incessantes et impliquent de nombreux personnages, qui, au fil des saisons, évoluent et se retrouvent, pour beaucoup, animés par un désir de vengeance et de justice, ainsi qu’une volonté de défendre jusqu’au bout leurs valeurs.

Les aventures sont souvent émaillées d’événements tragiques. Le succès de la série tient en partie, semble-t-il, à ces épisodes de violence qui viennent régulièrement malmener les personnages principaux. Pour le spectateur, l’intérêt pour cette violence est potentiellement lié à la question de sa légitimité dans un contexte de recherche de justice et de vérité, ce qui peut se traduire par une empathie envers les victimes, voire une valorisation d’actes considérés comme courageux. Toutefois, on peut légitimement s’interroger sur le succès d’une  série mettant en scène une telle violence.

Image : Dreamstime

Diapositive 4

Existe-t-il un attrait pour la violence?

Plusieurs études ont été menées pour tenter de comprendre l’intérêt pour les scènes violentes, notamment dans les œuvres cinématographiques. Elles en viennent à suggérer, de manière récurrente, que les individus peuvent apprécier la violence lorsqu’ils anticipent une émotion positive, qui viendrait notamment par un dénouement plaisant ou un suspense renforcé.

Autre explication: en mettant l’organisme en état d’alerte, la libération de cortisol et d’adrénaline survenant face à des situations violentes a l’avantage de modérer et d’écarter d’autres émotions négatives liées, par exemple, à des difficultés personnelles. [2] Cette stimulation viendrait ainsi détourner l’attention de ses propres problèmes, tout en provoquant un état d’excitation et d’euphorie par libération d’endorphines.

Des travaux [3] menés en Allemagne et aux Etats-Unis, ont pu montrer que les individus sont plus souvent attirés par les films violents lorsqu’ils sont confrontés, dans leur vie quotidienne, à des situations difficiles. En percevant cette violence comme un moyen de lutter contre l’injustice, ils y trouveraient une forme d’apaisement. Visionner ce type de film pourrait ainsi les aider à mieux affronter les aspects violents de la vie réelle.

Image : HBO

Diapositive 5

Les personnages de la série Game of Thrones sont suffisamment variés et intéressants, d’un point de vue psychologique, pour pouvoir y trouver un profil illustrant chacun de ces dix troubles. Rappelons que l’exercice est à visée didactique et ne peut servir de référence pour un diagnostic.

Diapositive 6

Groupe A - Trouble de la personnalité paranoïaque: Arya Stark

L’enfance et le destin d’Arya Stark illustrent très bien ce qui caractérise le développement du trouble de la personnalité paranoïaque. Après être rapidement passée du jeu à la guerre, la fille cadette de la famille Stark se retrouve confrontée à une série d’expériences traumatisantes, qui l’amène à perdre tout espoir, à ne plus faire confiance aux autres et à être en permanence sur ses gardes.

Certains aspects de sa personnalité restent méconnus. Mais ce qui caractérise Arya est sa force de caractère et une volonté inaltérable, certainement liées à son désir de vengeance, ce qui lui offre à plusieurs reprises la possibilité d’exprimer sa colère. En plus de se montrer méfiante, elle a tendance à interpréter les motivations des autres comme malveillantes, qu’importe les circonstances, au point même de douter de la loyauté de Sansa, sa sœur ainée. Elle recherche tout signe de menace et, surtout, ne pardonne jamais.

Image : HBO

Diapositive 7

Groupe A - Trouble de la personnalité schizoïde: Bran Stark

Intrépide et jovial pendant ses jeunes années, le jeune frère d’Arya Stark s’est replié sur lui-même après une chute qui l’a privé de sa capacité à marcher. Au fil des ans, les évènements successifs ont, par la suite, fortement modifié son destin. 

Bran Stark développe une personnalité très intériorisée, donnant l’impression qu’il est dépourvu d’émotions, insensible à la moindre marque de sympathie. Son état peut faire penser à une catatonie, sous sa forme la moins grave, caractérisée par une alternance entre passivité et excitation soudaine. Cet état est conditionné par des pensées générant une anxiété permanente, non exprimée, qui l’empêche d’interagir avec son entourage.

Au gré des saisons, Bran parait de plus en plus schizoïde, absorbé par ses pensées. Même s’il fait partie d’une famille aux relations étroites et complexes, il ne cherche pas à nouer des liens privilégiés. Il montre peu d’intérêt à avoir des amis et ses activités sont essentiellement solitaires. Les flatteries du séducteur et complotiste Petyr Baelish le laissent d’ailleurs totalement indifférent.

Image : HBO

Diapositive 8

Groupe A - Trouble de la personnalité schizotipique: Aerys II Targaryen

Aerys II Targaryen, dit le roi fou, est l’archétype du personnage tyrannique, cruel  et paranoïaque. On pourrait aisément penser qu’il s’agit là de l’exemple même du psychopathe semant la terreur depuis son trône. Toutefois, ses pensées et son comportement peuvent sembler étranges. Son obsession pour le feu, caractéristique majeure de cette famille, laisse penser à un trouble psychiatrique. Il se considère d’ailleurs insensible au feu, exprimant ainsi une pensée délirante, ce qui lui offre un bon prétexte pour utiliser les flammes en vue d’écraser ses ennemis.

Le personnage est, au final, assez énigmatique. Il semble toutefois qu’Aerys II Targaryen ait une préférence pour la solitude et l’isolement. Il affiche une carence sociale et adopte régulièrement des comportements excessifs et excentriques, caractéristiques du trouble de la personnalité schizotipique. Cette excentricité se révèle notamment à travers des croyances très orientées vers le paranormal et une manière inhabituelle de s’exprimer.

Associés à un manque de confiance en soi, l’isolement social et la paranoïa l’amènent à se priver de relation affective, au point de finir trahi par l’unique personne envers qui il avait confiance.

Image : HBO

Diapositive 9

Groupe B - Trouble de la personnalité antisociale: Joffrey Baratheon

Parmi les personnages de Game of Thrones, Joffrey Baratheon est l’un des rares à être perçu de manière très négative par le spectateur. Ce jeune prétendant au trône, devenu roi, ne cesse de se montrer cruel et vaniteux, profitant de la moindre occasion pour humilier et violenter ses serviteurs.

Plusieurs de ses traits sont liés à la personnalité antisociale: indifférence vis-à-vis des sentiments d’autrui, rejet des normes sociales et des contraintes collectives, faible tolérance à la frustration, absence de culpabilité, agressivité et irritabilité persistante. Joffrey Baratheon se montre aussi très impulsif. Son absence complète de remords fait également penser à ce trouble.

Le trouble dyssocial, qui précède généralement le trouble antisocial, débute dès l’enfance ou à l’entrée de l’adolescence. La prise en charge s’appuie sur la prévention des comportements à risque et l’autocontrôle émotionnel, notamment par la relaxation, pour convertir frustration et colère en sentiments positifs.

Voir : Entre cinéma et réalité : qui sont vraiment les psychopathes ?

Image : HBO

Diapositive 10

Groupe B - Trouble de la personnalité borderline: Ellaria Sand

Avant la mort de son amant, le prince Oberyn Martell, Ellaria Sand présentait un tempérament aventurier et impulsif. Sa liberté sexuelle lui a value des préjugés, qui peuvent être à l’origine d’une fragilité émotionnelle. Avec la disparition du prince, sa personnalité devient plus obscure. Animée par la vengeance, elle se montre plus impulsive encore dans ses prises de décisions, notamment au moment d’assassiner la princesse Myrcella Baratheon.

Elle exprime souvent une anxiété, ainsi qu’une colère inappropriée. Elle a aussi une tendance paranoïaque, en particulier dans les derniers instants de sa vie. En y associant le développement de comportements impulsifs en réponse à une souffrance émotionnelle, ainsi que la présence d’une instabilité dans les relations affectives et dans la perception de l’image de soi, on retrouve les caractéristiques majeures du trouble de la personnalité borderline.

Voir :

Pourquoi est-il si difficile de prendre en charge les sujets « bordeline » ?

Etats limites : les traitements pharmacologiques visent les comorbidités

Image : HBO

Diapositive 11

Groupe B - Trouble de la personnalité histrionique: Tyrion Lannister

Personnage emblématique de la série, Tyrion Lannister, est atteint de nanisme et sa mère est décédée après lui avoir donné naissance, ce qui lui a valu d’être rejeté par son père et sa sœur ainée. Toute sa vie, il a souffert de l’exclusion, d’où cette colère qui s’est développée en lui et qui s’exprime régulièrement.

Tyrion peut se montrer cruel, mais c’est surtout l’attention qu’il recherche à travers ses actes. C’est un personnage malgré tout attachant, qui suscite facilement de l’empathie, compte tenu des moqueries et du mépris qu’il subit en permanence en raison de son apparence physique. Il sait aussi faire preuve d’empathie envers les exclus et semble être le membre de la famille Lannister le plus apte à la compassion.

Avec les brimades et l’humiliation, subies probablement depuis l’enfance, Tyrion a dû s’endurcir et se construire une stature. Légèrement égocentrique, il cherche constamment à attirer l’attention et s’applique, pour cela, à se mettre en valeur, notamment par sa vivacité d’esprit. Il a besoin de séduire et profite de la compassion qu’il suscite pour arriver à ses fins, parfois au détriment d’autrui.

Image : HBO

Diapositive 12

Groupe B - Trouble de la personnalité narcissique: Daenerys Targaryen

Le narcissisme de la mère des dragons Daenerys Targaryen s’exprime au-delà de sa ferme conviction de mériter le trône. Son besoin d’être appréciée et admirée, de se sentir légitime, tout en étant détachée du jugement des autres, apparait de plus en plus évident au fil des saisons. Elle semble prête à tout pour obtenir ce qu’elle veut.

Sa qualité majeure est sa capacité à diriger, tout en se montrant à l’écoute de ses conseillers. Sans eux, elle ne serait qu’une cheffe de guerre, éprise de justice et de liberté, animée par la simple idée de reprendre ce qui lui appartient, en suivant la devise de sa famille: « Feu et Sang ». Son narcissisme s’appuie sur des valeurs qui justifient des actes considérés avant tout comme héroïques.

A l’égard d’autres exclus, le fait d’être une femme et d’avoir traversé de lourdes épreuves amène le spectateur à accepter son caractère impitoyable et sa capacité à venir à ses fins, sous le couvert de l’intérêt commun. Contrairement à son père, le roi fou, et à son frère, Daenerys n’est pas cruelle et impitoyable envers ses serviteurs. Elle a plutôt tendance à récompenser la loyauté de ses sujets. Elle se montre aussi très empathique, ce qui, sur ce point, ne s’accorde pas avec le profil narcissique.

Voir:

Quiz express: que savez-vous de la personnalité narcissique?

Etats limites : les traitements pharmacologiques visent les comorbidités

Image : HBO

Diapositive 13

Groupe C - Trouble de la personnalité évitante: Jon Snow

Le personnage qui pourrait le mieux correspondre à ce trouble est encore une fois un homme socialement exclu, car issu d’une liaison illégitime. Jon Snow, a toujours vécu à l’ombre d’autres hommes qui apparaissent, de par leur naissance,  beaucoup plus légitimes à diriger.

Modeste, peu communicatif et très discret, il se révèle peu sûr de lui et au final impulsif, au moment de prendre des décisions. Il apparait comme un homme anxieux, inhibé, très sensible au rejet, méfiant, timide et avec une faible estime de soi. Un profil à l’opposé de celui d’un leader, mais qui, au final, pourrait bien être celui d’un héros découvrant dans l’adversité que son personnage a bien un rôle central à jouer.

Les individus atteints de trouble de la personnalité évitante ont tendance à fuir les activités et les relations sociales, s’estimant inaptes et peu séduisants, généralement par peur d’être humilié ou rejeté.

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Diapositive 14

Groupe C - Trouble de la personnalité dépendante: Jorah Mormont

Jorah Mormont apparait comme un homme intelligent, mais développe progressivement une dépendance psychologique envers Daenerys Targaryen, à partir du moment où il lui offre sa loyauté. Le respect et l’amour qu’il ressent pour Daenerys l’ont à la fois rapproché et éloigné d’elle.

Après avoir été rejeté, il se charge de rendre son passé plus acceptable, en espérant une rédemption. Il est prêt à tout pour conserver les faveurs de Daenerys, allant de l’usage de la force au sacrifice. Même si les raisons de ses actes ne sont pas clairement exprimés, il apparait évident qu’il espère ainsi attirer son attention et obtenir son approbation.

Il en résulte une personnalité peu adaptative, qui tourne uniquement ses espoirs vers celle qui lui semble la plus apte à diriger. Sa motivation prend source dans son affection pour Daenerys, ce qui caractérise la personnalité dépendante.

Image : HBO

Diapositive 15

Groupe C - Trouble de la personnalité obsessionnelle-compulsive: Brienne de Torth

Cette héroïne androgyne montre clairement qu’on ne s’impose pas de limites lorsqu’on choisit d’être dévoué. Elle porte beaucoup d’attention aux serments. C’est une personne loyale, honnête et déterminée, qui s’est mise, avec fidélité, au service de plusieurs personnages dans le respect de ses idées et de ses principes.

Autres caractéristiques notables: elle fait preuve d’un grand perfectionnisme et respecte scrupuleusement les règles. Elle est excessivement dévouée pour le travail au point de négliger ses propres activités personnelles et ses relations amicales. Avec rigidité et obstination, elle a accompagné la famille des Stark, dans toutes leurs épreuves, sans jamais déléguer aucune tâche, dans un souci évident de respecter ses engagements. Autant de points qui caractérisent une personnalité anankastique ou obsessionnelle-compulsive.

Image : HBO

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