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Les premiers résultats d’essais cliniques attendus de longue date ont été présentés aux 22 000 participants des sessions scientifiques de l’American Heart Association (AHA) 2014 qui se sont tenues du 15 au 19 novembre à Chicago (États-Unis).
Parmi les principales études présentées, on peut retenir :
• IMPROVE-IT : qui conclut à un bénéfice « modeste » de l’ézétimibe dans les suites d’un syndrome coronarien aigu (SCA).
• DAPT : un bon rapport bénéfice/risque d’une bithérapie antiagrégant plaquettaire à long terme après la mise en place de stents
• L’absence de bénéfice de la chirurgie valvulaire réparatrice associée au pontage en cas de régurgitation mitrale ischémique.
• L’échec du traitement par aspirine à faible dose dans un grand essai de prévention primaire
• AVOID : l’oxygène est délétère dans le traitement de l’infarctus du myocarde (IDM).
• WOSCOPS : le bénéfice des statines se maintient pendant 2 décennies. - titre
IMPROVE-IT conclut à un bénéfice « modeste » de l’ézétimibe dans les suites d’un SCA.
L’étude à large échelle visant à préciser l’intérêt de l’ézétimibe (Zetia, Merck/Schering-Plough) dans les suites d’un SCA a été l’objet de controverses et ses résultats ont été plusieurs fois retardés. Ils ont été enfin présentés à l’AHA 2014 et ils montrent un bénéfice « modeste » du traitement associé à de la simvastatine sur les évènements cardiovasculaires (CV).
Après 7 ans de prescription et par rapport aux patients traités par simvastatine seule, les malades traités par ézétimibe associée à de la simvastatine 40 mg présentaient une baisse de 6,4 % (p = 0,016) du critère composite pris en compte (décès d’origine CV, IDM, angor instable nécessitant une réhospitalisation, revascularisation, AVC). La réduction absolue du risque à 7 ans a été évaluée à 2 % : le critère principal étant atteint pour 32,7 % des patients dans le groupe ézétimibe/simvastatine et pour 34,7 % dans le groupe simvastatine seule. « C’est la 1re étude qui montre un bénéfice clinique de l’adjonction d’un agent hypocholestérolémiant non statine à une statine », a expliqué le Dr Christopher Cannon (Brigham and Women's Hospital, Boston, É.-U.), investigateur de l’étude.
Voir : Bénéfice de l’association ézétimibe/simvastatine en post-SCA : l’étude IMPROVE-IT laisse perplexe - titre
DAPT : un bon rapport bénéfice/risque d’une bithérapie antiagrégante plaquettaire à long terme après la mise en place de stents
Les résultats de l’étude DAPT (Dual Antiplatelet Therapy) prouvent que 30 mois de traitement par thienopyridine (clopidogrel ou prasugrel [Effient, Lilly/Daiichi-Sankyo]) associés à de l’aspirine font mieux que 12 mois de ce traitement en terme de prévention des thromboses de stents et des IDM, chez les patients traités par stent actif. Le risque de saignement modéré est pour sa part un peu augmenté.
Trois mois après l’arrêt par la thienopyridine, le risque thrombotique a été majoré, ce qui laisse supposer qu’il pourrait avoir un bénéfice à continuer ce traitement plus longtemps, voire à vie. « Prolonger la bithérapie est bénéfique pour les patients qui ont bien toléré la première année de traitement après la mise en place du stent actif. Ces résultats devraient donc se traduire par la prescription d’une bithérapie à long terme, sauf pour les patients qui ont des antécédents de saignement majeur », a expliqué le Dr Laura Mauri (Brigham and Women's Hospital, Boston, É.-U.).
Voir :
Bithérapie antiplaquettaire après stenting : DAPT prône le rallongement à 30 mois
AHA 2014 – Focus sur la durée de la bithérapie antiplaquettaire après stenting - titre
Absence de bénéfice de la chirurgie valvulaire réparatrice associée au pontage en cas de régurgitation mitrale ischémique
Les résultats à 1 an de la plus grande étude sur l’intérêt d’une chirurgie mitrale concomitante à un pontage chez des patients qui présentent une régurgitation mitrale ischémique modérée ont montré qu’il n’existe pas de bénéfice clinique et que le risque ischémique cérébral est majoré.
La plastie mitrale a permis de réduire la régurgitation, mais aucun bénéfice clinique n’a été noté. En outre, ces patients présentaient un risque neurologique majoré, probablement en rapport avec une durée plus longue de circulation extracorporelle au moment de la réparation mitrale.
« La chirurgie mitrale n’est donc pas nécessaire », a conclut le Dr Robert Michler (Montefiore Medical Center–Albert Einstein College of Medicine, New York, É.-U.). - titre
L’échec du traitement par aspirine à faible dose dans un grand essai prévention primaire
Chez les patients présentant 2 facteurs de risque CV, une prise unique quotidienne d’une faible dose d’aspirine n’est pas efficace en prévention primaire pour réduire le risque CV, selon les résultats de l’étude JPPP (Japanese Primary Prevention Project). « Aucun bénéfice n’a été rapporté sur le critère composite : infarctus non fatal, AVC non fatal et mort d’origine CV », a rapporté le Dr Kazuyuki Shimada (Shin-Oyama City Hospital, Tochigi, Japon).
« L’effet clinique de l’aspirine en prévention primaire est moins net que ce que l’on imaginait dans cette population ». De nouvelles études sont en cours afin de déterminer si le traitement par aspirine est indiqué dans une sous population particulière de patients. - titre
AVOID : l’oxygène est délétère dans le traitement de l’IDM
Les résultats de l’étude AVOID (Air Versus Oxygen in ST-Elevation Myocardial Infarction) suggèrent qu’une supplémentation en oxygène chez des patients atteints d’un infarctus avec élévation du segment ST pourrait être délétère en l’absence d’hypoxie. « L’oxygène pourrait en effet majorer la taille de la zone de myocarde infarcie à 6 mois, augmenter le risque de récurrence ou d’arythmies cardiaques majeures », a analysé le premier auteur de l’étude, le Dr Dion Stub (St Paul's Hospital, Vancouver, Canada, et le Baker IDI Heart and Diabetes Institute, Melbourne, Australie).
« Ces données doivent néanmoins être confirmées par des études randomisées à plus large échelle et dotées de critères cliniques stricts. Mais d’ores et déjà les investigateurs de l’étude AVOID se posent la question de l’utilisation systématique d’oxygène en l’absence d’hypoxie chez leurs patients atteintes d’IDM ». - titre
WOSCOPS : Le bénéfice des statines se maintient pendant 2 décennies
Après 20 ans de suivi, les patients de l’étude WOSCOPS (West of Scotland Coronary Prevention Study) gardent un bénéfice de leurs 5 années de traitement par statines en terme de risque CV. Le Dr Chris Packard (Université de Glasgow, Écosse) a expliqué que les résultats de l’étude sont remarquablement persistants en terme de réduction du risque CV sur une durée prolongée, suggérant que les statines pourraient influer sur l’histoire naturelle de la maladie en abaissant le taux de LDL cholestérol. Il suggère que les médecins gardent cette perspective en vue et qu’ils prennent en compte le fait que longtemps après la prescription, le bénéfice clinique peut persister.
Voir : Statine : cinq ans de traitement pour un bénéfice « à vie » ? - titre
Pacemakers et défibrillateurs implantables compatibles avec l’IRM, résultats du registre MagnaSafe
Les patients porteurs de pacemakers conventionnels ou de défibrillateurs implantables peuvent subir une IRM non thoracique (cerveau, genou, hanche…) en toute sécurité selon les résultats du registre prospectif MagnaSafe Registry. « Nous espérons désormais que ces résultats vont modifier les recommandations AHA/ACC et celles des centres Medicare & Medicaid Services (CMS). Nous souhaitons aussi que tous les patients éligibles à une IRM pourront y avoir accès »,a souligné le Dr Robert J Russo (Scripps Research Institute, La Jolla, É.-U.).
Image : Thinkstock - titre
La sécurité des stents nus est un « mythe » : analyse secondaire de l’étude DAPT
Le risque de thrombose de stents et d’accidents ischémiques majeurs n’est pas plus important avec les stents actifs qu’avec les stents nus, si l’on s’en réfère à une analyse propensive (de la tendance naturelle) de l’étude DAPT.
« Ce travail permet d’en finir avec le mythe d’une meilleure sécurité d’utilisation des stents nus », a expliqué le Dr Dean Kereiakes (Christ Hospital Heart & Vascular Center/Lindner Research Center Cincinnati, É.-U.), qui a présenté les résultats de ce travail. « En pratique quotidienne on voit qu’un certain nombre de nos collègues préfèrent encore les stents nus en raison de leur réputation de sécurité et de l’idée que le double traitement antiagrégant plaquettaire sera prescrit pour une durée moins longue. Mais je ne suis pas sûr que ce soit une bonne base de réflexion ». Néanmoins, certains observateurs ont fait remarquer qu’une étude de propension ne peut pas être considérée comme un véritable travail de comparaison. - titre
L’incidence des endocardites augmente depuis l’abandon progressif de l’antibiothérapie prophylactique avant soins dentaires
Une étude menée en Angleterre suggère que le nombre des cas d’endocardites potentiellement fatales augmente depuis que l’antibiothérapie prophylactique avant soins dentaires n’est plus recommandée. « Nous voulons néanmoins préciser que si nous avons pu démontrer une association temporelle entre les deux évènements (modification des recommandations et incidence des endocardites), nous n’avons pas pu prouver qu’il existe un véritable lien de causalité. La modification pourrait être liée à d’autres causes, » a mis en garde le Pr Martin H Thornhill (University of Sheffield School of Clinical Dentistry, Sheffield, G.-B.). « Lorsque les résultats de cette étude ont été dévoilés, le NICE (National Institute for Health and Care Excellence) a émis un communiqué de presse précisant que ces données seraient analysées et, si nécessaire, les recommandations seraient modifiées. Jusqu’à la parution des conclusions de l’analyse, les recommandations en cours doivent être appliquées, » a précisé le NICE.
Voir : Un peu plus d’endocardites en Angleterre : la faute à l’arrêt de l’antibioprophylaxie dentaire ?
Image : CDC - titre
La fonctionnalité des HDL est liée de façon inverse aux évènements CV.
Dans une population de sujets sains à l’inclusion, la capacité d’efflux du cholestérol – un marqueur de la fonction HDL qui mesure le transport rétrograde du cholestérol – est associée de façon inverse au risque CV en lien avec une maladie athéromateuse. Le risque combiné d’IDM, AVC, revascularisation coronaire ou décès de cause CV était abaissé de 67 % chez sujets dont la capacité fonctionnelle était la plus importante. À l’inverse, les taux d’HDL cholestérol n’étaient pas inversement associés au risque CV. « Ces données vont à l’encontre de l’idée simpliste que le risque CV pourrait être abaissé en majorant simplement le taux de HDL cholestérol. Il semble plus important de mesurer la fonctionnalité du HDL cholestérol », a expliqué l’investigateur principal de l’étude, le Dr Anand Rohatgi (University of Texas Southwestern Medical Center, Dallas, É.-U.).
Image : iStock - titre
Ce diaporama a été originalement publié sur Medscape.com le 4 décembre 2014.
Auteur :
Megan Brooks
Journaliste pigiste
Weston, CT, É.-U.
Steve Stiles
Associate Editor
theheart.org | Medscape Cardiology
Fremont, CA, É.-U.
Allison Shelley
Medscape Conference News Editor
Ottawa, ON, Canada
Darbe Rotach
Senior Photo Editor
Medscape, New York, NY, É.-U.
Michael O'Riordan
Journaliste
theheart.org | Medscape Cardiology
Hamilton, ON, Canada
Marlene Busko
Journaliste pigiste
Montréal, QC, Canada
Traduction :
Traduit par le Dr Isabelle Catala, médecin-journaliste.
Liens d’intérêts financiers : aucun