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Enquête : comportement des médecins sur les réseaux sociaux

Véronique Duqueroy | 24 mars 2022 | Auteurs

Quels réseaux sociaux les médecins utilisent-ils ? Affichent-ils des profils professionnels, personnels ou les deux ? Comment jugent-ils le comportement en ligne de certains de leurs confrères ? Quels types de publications seraient acceptables ou bien contraire au code de déontologie pour les médecins ? Plus de 1000 praticiens français ont répondu à ce nouveau sondage de Medscape.

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Enquête : comportement des médecins sur les réseaux sociaux

Véronique Duqueroy | 24 mars 2022 | Auteurs

Plus de la moitié des médecins répondant à ce sondage sont inscrits sur au moins 1 réseau social. Sans surprise, ce sont en majorité les praticiens les plus jeunes qui utilisent ce type de media.

Quant à ceux qui ne sont pas présents sur les réseaux sociaux, c’est surtout par manque d’intérêt pour la majorité, et par manque de temps pour un tiers d’entre eux. Un peu plus de 3 médecins sur 7 indiquent que le manque de confidentialité les freine à être sur la toile. La crainte du harcèlement en ligne est également soulignée par 1 médecin sur 6 tout âge confondu (23% pour les 40-54 ans, contre 12% des >55 ans et +).

Pour ce médecin hospitalier de 60 ans, les réseaux sociaux sont « aliénants, addictifs, et décérébrants ». Plusieurs répondants, comme cet urgentiste de 67 ans ou ce généraliste de 61 ans, évoquent l’adage « pour vivre heureux, vivons cachés ».

Pour certains, les médecins ne devraient tout simplement pas s’afficher sur les réseaux sociaux : c’est « inapproprié avec notre fonction », considère un urgentiste de 61 ans. « En tant que médecin, ce n’est pas ma place », estime encore un addictologue de 61 ans.

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Enquête : comportement des médecins sur les réseaux sociaux

Véronique Duqueroy | 24 mars 2022 | Auteurs

Facebook est la plateforme virtuelle la plus utilisée de façon régulière, soit 3 fois ou plus par semaine, par les médecins français interrogés. Les applications mobiles de type WhatsApp ou Telegram arrivent en 2e position. Un quart des médecins sont également sur Instagram.

Seulement 13% suivent Twitter ― ce réseau social est significativement plus utilisé par les hommes que par les femmes (16% vs 9%), et Instagram est surtout consulté par les médecins les plus jeunes (31%, vs 21% pour les >45 ans).

L’utilisation des applications de type Snapchat ou Tiktok reste marginale. Dans leurs commentaires, environs 5% des médecins disent utiliser également Linkedin.

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Enquête : comportement des médecins sur les réseaux sociaux

Véronique Duqueroy | 24 mars 2022 | Auteurs

Si 2 médecins sur 7 ont choisi de séparer vie privée et vie professionnelle en utilisant 2 profils distincts sur les réseaux sociaux, la plupart (près des 2/3) y sont présents seulement à titre personnel.

Les médecins plus âgés sont significativement plus susceptibles d’avoir un profil uniquement professionnel, comparativement aux 40 ans et moins (10%, vs 2% respectivement).

Pour ce généraliste de 31 ans, « comprendre la séparation entre vie privée et vie professionnelle pour un médecin est indispensable. »

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Enquête : comportement des médecins sur les réseaux sociaux

Véronique Duqueroy | 24 mars 2022 | Auteurs

Les médecins sont très prudents concernant les interactions sociales virtuelles avec les patients. Presqu’à l’unanimité, ils ne suivent pas, et ne souhaitent pas suivre, un de leurs patients sur les réseaux sociaux. Ils n’envisagent pas « d’être amis » avec eux sur Facebook.

Plusieurs ont indiqué utiliser des profils anonymes, telle cette généraliste de 54 ans : « J'utilise un pseudo plutôt que mon nom pour éviter que les patients me contactent sur les réseaux sociaux personnels. »

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Enquête : comportement des médecins sur les réseaux sociaux

Véronique Duqueroy | 24 mars 2022 | Auteurs

Si les médecins estiment que c’est le plus souvent au travail que leurs confrères se conduisent de façon inappropriée*, plus d’1 sur 6 pensent que les réseaux sociaux sont le lieu le plus propice à ce type de comportement.

Dans notre enquête sur les comportements inappropriées au travail ou en privé, 13% des praticiens rapportaient avoir été témoins de tels comportements sur les réseaux sociaux au cours des 5 dernières années.

Les « réseaux sociaux ont tendance à supprimer les filtres éthiques et moraux », considère un anesthésiste/réanimateur ; tout comme ce pédiatre qui se dit « effaré par le niveau de haine de certains intervenants. »

*Un comportement inapproprié est ici défini comme une attitude non professionnelle ou irresponsable : être irrespectueux envers les patients, les collègues ou d'autres individus, en personne ou à distance (sur Internet, par téléphone…). P. ex., être publiquement en état d'ébriété ou vêtu de façon offensante, harceler, tenir des propos à caractère sexuel ou raciste, se moquer des patients ou ne pas tenir compte de la vie privée des patients sur les réseaux sociaux, etc.

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Enquête : comportement des médecins sur les réseaux sociaux

Véronique Duqueroy | 24 mars 2022 | Auteurs

Sur les réseaux sociaux, les médecins qui ont observé des comportements inappropriés de la part de leurs confrères rapportent principalement la publication de commentaires sur eux-mêmes, sur des amis ou sur la politique, mais aussi, dans plus d’un quart des cas, sur leurs patients.

La mise en ligne de photos irrespectueuses, que ce soit d’eux-mêmes (20%) ou de leurs patients (14%), est également citée.

Dans leurs commentaires, les médecins ont tenu à dénoncer certains propos antiscientifiques, inacceptables pour des professionnels de santé. Ainsi une médecin estime que « les comportements inappropriés sont surtout ceux qui sont contraires à la science et à l’éthique médicale vis-à-vis des patients. P. ex. déformer des faits scientifiques ou dire des mensonges sur des sujets de santé sur les réseaux sociaux. Cela met en danger des patients et ternit la confiance de la population envers les médecins. » Elle ajoute que « faire des photos à visée non médicale (avis, partage d’expérience) ou des commentaires publics inappropriés sur des patients est également contraire à l’éthique. »

Une chirurgienne de 35 ans s’insurge contre « l’absence de critique envers les pseudosciences et les comportements complotistes », et une gériatre de 50 ans contre le fait de « relayer des fausses informations médicales ». Beaucoup dénoncent le comportement de « médecins anti-vax ».

Plus rarement, d’autres reprochent à leurs confrères de « mettre en avant du matériel ou des techniques (publicité). »

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Enquête : comportement des médecins sur les réseaux sociaux

Véronique Duqueroy | 24 mars 2022 | Auteurs

Est-il acceptable, pour un médecin, de mettre en ligne des photos personnelles en maillot de bain, par exemple lorsqu’il est en vacances? Les avis sont partagés. Globalement, 4 médecins sur 7 estiment que ce n’est pas convenable. Mais lorsqu’on regarde les réponses en fonction de l’âge, les différences sont significatives. Si les babyboomers* ne voient pas ce type de publication d’un bon œil, les moins de 40 ans sont moins sévères et ne voient pas de problème à s’afficher en bikini.

En 2019, une étude publiée dans le Journal of Vascular Surgery rapportait que le nombre de médecins postant des photos en maillots de bain était en augmentation. Les investigateurs jugeaient durement et spécifiquement « des femmes médecins en bikini, buvant de l'alcool ou s'amusant en dehors de leur travail ». L’article avait déclenché un tollé chez les jeunes médecins et incité des milliers d’entre eux à publier des selfies en maillot de sous le hashtag #MedBikini. L’étude a depuis été rétractée.

*Milléniaux ou génération Y : 25-39 ans ; Génération X : 40-54 ans ; Baby-boomers : 55-73 ans

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Enquête : comportement des médecins sur les réseaux sociaux

Véronique Duqueroy | 24 mars 2022 | Auteurs

Les médecins sont plus sévères lorsqu’il s’agit de comportements en lien avec la santé. Pour la majorité d’entre eux, il est en effet malvenu que les praticiens publient en ligne des photos d’eux-mêmes fumant, buvant de l'alcool ou consommant de la nourriture jugée mauvaise sur le plan diététique.

Si environ un quart d’entre eux estiment que ce type de comportement est acceptable, ce sont surtout les hospitaliers et les médecins les plus jeunes qui sont plus enclins à accepter ce type de publications.

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Enquête : comportement des médecins sur les réseaux sociaux

Véronique Duqueroy | 24 mars 2022 | Auteurs

Facebook étant le réseau social le plus utilisé par les médecins, il se place sans surprise en tête des plateformes sur lesquelles les comportements inappropriés de praticiens ont été observés par leurs confrères.

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Enquête : comportement des médecins sur les réseaux sociaux

Véronique Duqueroy | 24 mars 2022 | Auteurs

Il est assez rare (8%) que des médecins aient vu personnellement des confrères prendre des selfies inappropriés dans un contexte médical, par exemple lors d'une consultation, en salle d'opération, à la morgue, etc.

Ils sont cependant un peu plus nombreux (14%) à avoir observé leurs collègues prendre des photos (autres que des selfies) dans de telles situations. C’est surtout à l’hôpital (20%), plutôt que dans le milieu libéral (9%), que cela se produit.

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Enquête : comportement des médecins sur les réseaux sociaux

Véronique Duqueroy | 24 mars 2022 | Auteurs

Pour les deux tiers des répondants, les médecins comprennent parfaitement les règles en matière de confidentialité médicale (p. ex. images diagnostiques de patients). Mais 3 médecins sur 7 (42%) estiment que leurs confrères ne prennent pas suffisamment au sérieux les lois sur la protection des données médicales et de la vie privée des patients. Les soignants ayant des comportements inappropriés concernant la confidentialité médicale devraient donc être, selon eux, tenus responsables de leurs actes.

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Enquête : comportement des médecins sur les réseaux sociaux

Véronique Duqueroy | 24 mars 2022 | Auteurs

Dans leurs commentaires, plusieurs praticiens ont décrit des comportements qu’ils ont jugés inappropriés de leurs confrères sur les réseaux sociaux. Trois types de mauvaise conduite ressortent :

Comportements inappropriés envers les collègues : les médecins dénoncent le plus souvent des « propos injurieux et insultants » proférés en ligne par leurs collègues.

Un cardiologue déplore les « commentaires désobligeants sur des confrères en difficulté », et cette chirurgienne les « critiques empreintes de cynisme et de mépris, en se considérant supérieur aux autres. »

Comportements inappropriés envers les patients : un généraliste a vu publiés « des propos de patients présentés comme comiques, avec une connotation méprisante ». Une généraliste rapporte des blagues « à caractère raciste sur les réseaux sociaux ». Une urgentiste condamne la « publication d’une image choc d’un enfant gravement atteint sans préserver le visage... sans le consentement parental... ».

Une chirurgienne relate ce « patient pris en selfie sur Facebook avec le médecin racontant ses exploits chirurgicaux, avec des photos de l’intervention. »

Un réanimateur juge « un chirurgien imbu, prenant des selfies avec une patiente, et se félicitant de l'avoir sauvée… sans l'accord de l'intéressée ».

Révisionnisme scientifique et complotisme : les répondants sont également très sévères envers leurs confrères ayant des « positions inadaptées et complotistes sur le Covid-19 » et affichant un « révisionnisme anti-vaccins » sur les réseaux sociaux. Une médecin estime que son collègue ne devrait pas « relayer son opposition à la vaccination contre le Covid-19. » Et beaucoup, comme ce gériatre, regrettent que certains fassent « suivre, par les réseaux sociaux, un certain nombre de théories du complot et une critique systématique de toute décision ou acte politique, en particulier depuis le début de la pandémie. »

Voir la première partie de ce sondage consacrée au comportement inapproprié des médecins sur leur lieu de travail ou dans la vie privée.

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Enquête : comportement des médecins sur les réseaux sociaux

Véronique Duqueroy | 24 mars 2022 | Auteurs

1077 médecins exerçant en France et membres des sites Medscape/Univadis ont participé à un sondage en ligne entre le 27 octobre et le 17 décembre 2021. Un peu plus de la moitié était des hommes (51%).

40% des répondants exerçaient en hôpital, et 55% étaient salariés. La grande majorité (79%) exerçaient à temps plein.

*Marge d'erreur à +/- 2.99%, IC de 95%. Données non pondérées, recueillies à partir d'un échantillon aléatoire de membres de Medscape/Univadis, qui ne sont pas nécessairement projetables sur une population plus large.

*Milléniaux ou génération Y : 25-39 ans ; Génération X : 40-54 ans ; Baby-boomers : 55-73 ans

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Enquête : comportement des médecins sur les réseaux sociaux

Véronique Duqueroy | 24 mars 2022 | Auteurs

Dans notre échantillon, 23% des répondants étaient médecins généralistes. Les autres spécialités les plus représentées étaient la psychiatrie (8%), l'anesthésiologie (7%), la médecine d'urgence (6%), la médecine du travail (6%), la cardiologie (4%) et la pédiatrie (4%).

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