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Burnout des médecins français : enquête 2020

Véronique Duqueroy | 19 novembre 2020 | Auteurs

Burnout, pensées suicidaires, dégradation des conditions de travail : quelle est la situation pour les médecins français en 2020? Comment la crise sanitaire du Covid a-t-elle contribué à exacerber l’épuisement professionnel?

1025 médecins ont répondu à ce nouveau sondage Medscape sur leur pratique professionnelle, mais aussi sur leur mode de vie, en renseignant sur leur condition physique, leur usage d’internet, leur consommation d’alcool et de tabac, et plus encore.

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Burnout des médecins français : enquête 2020

Véronique Duqueroy | 19 novembre 2020 | Auteurs

En 2020, près de la moitié des médecins interrogés rapportent être en burnout*.

Le phénomène s’est aggravé au fil des années : lors de nos précédents sondages réalisés en 2018 et en 2016, la proportion de praticiens présentant des symptômes d’épuisement professionnel était d’environ 30%, contre 49% aujourd’hui.

Femmes et génération X

La prévalence du burnout varie selon le sexe et l’âge. Les femmes sont significativement plus nombreuses que les hommes à déclarer être en burnout (56% vs 44%), et ce sont les médecins appartenant à la génération X, c.-à-d. âgés de 40 à 54 ans, qui sont le plus affectés (56%), suivis des milléniaux** (52%) et des baby-boomers** (43%).

*Dans notre questionnaire, le burnout était défini comme « un sentiment d'épuisement physique, émotionnel ou mental, de frustration et de cynisme par rapport à son travail, et sur le fait d’avoir des doutes sur ses compétences et la valeur de son métier ».

**Milléniaux ou génération Y : 25-39 ans ; Génération X : 40-54 ans ; Baby-boomers : 55-73 ans

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Burnout des médecins français : enquête 2020

Véronique Duqueroy | 19 novembre 2020 | Auteurs

La moitié des médecins en burnout présente des symptômes sévères. 14% d’entre eux estiment que la sévérité est telle qu’ils pourraient être amenés à quitter la médecine, une décision encore plus souvent envisagée par les médecins généralistes (23%) que par les autres spécialistes (12%).

L’épuisement professionnel de longue durée (plus de 2 ans) est quant à lui plus fréquent chez les praticiens hospitaliers (28%, vs 18% des libéraux) et chez les médecins âgés de 45 ans et plus (31%, vs 20% des plus jeunes).

Les symptômes les plus souvent décrits par les médecins en burnout sont des troubles du sommeil, de la fatigue chronique et de l’anxiété. Nombre d’entre eux déclarent être ou avoir déjà été en arrêt maladie en raison de leur épuisement.

Les témoignages sont édifiants : « angoisses de partir à l’hôpital chaque matin », « maux de tête constants entrainant irritabilité, perte d'énergie, consommation de codéine et prise d'alcool ». Pour cette ORL, c’est avec « anxiété, envie de pleurer, boule dans la gorge et au ventre » qu’elle part chaque jour travailler, avec « l’impossibilité de récupérer pendant les congés, pensant à la charge de travail attendant au retour. »  Un psychiatre attribue ses « troubles du sommeil, hypertension, prise de poids » à sa situation professionnelle.

Certains ont déjà quitté leur profession, comme cet anesthésiste qui a « démissionné du poste de praticien hospitalier et abandonné la carrière universitaire » pour « sauver sa famille ». Une urgentiste confirme envisager très fréquemment « d’arrêter la médecine. »

Une oncologue décrit le « sentiment d'échec de toute une vie… la poursuite de la vie comme un robot, faute de pouvoir y mettre un terme… »

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Burnout des médecins français : enquête 2020

Véronique Duqueroy | 19 novembre 2020 | Auteurs

Près d’un tiers des médecins en burnout déclarent avoir déjà eu des pensées suicidaires. Urgentistes, psychiatres, oncologues… plusieurs ont témoigné, dans leurs commentaires, avoir déjà envisagé ou tenté de mettre fin à leurs jours.

Alors qu’aux États-Unis, les médecins ont un taux de suicide plus élevé que dans toutes les autres professions, en France le sujet est peu abordé dans les médias. Pourtant, en 2015, le suicide du Pr Megnien interrogeait déjà sur les pratiques managériales à l’AP-HP. En 2018, l'Intersyndicat national des chefs de clinique et assistants alertait sur le suicide chez les jeunes médecins, déplorant « une liste qui s’allonge ». La même année, après qu’une médecin ait tenté de se suicider au CHU de Besançon, c’est au centre de Chateauroux qu’un radiologue s’est enlevé la vie. En 2019, après le suicide du Pr Barrat, les médecins du travail ont dénoncé la recrudescence de la souffrance au travail des praticiens hospitaliers.

En 2020, l’Intersyndicale nationale des internes a décidé de saisir la justice, alors qu’au premier trimestre on comptait déjà quatre suicides d’internes.

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Burnout des médecins français : enquête 2020

Véronique Duqueroy | 19 novembre 2020 | Auteurs

Pour la majorité des médecins en burnout (63%), la crise du Covid-19 a augmenté la sévérité de leurs symptômes.

À l’épuisement physique lié au travail, s’est ajouté celui associé à la maladie elle-même. Un généraliste rapporte ainsi une « fatigue chronique accentuée par le Covid contracté sans protection à l’époque » et une neurologue avoue avoir « souffert du Covid et contaminé sa famille », son mari souffrant « encore des séquelles sur son état de santé ». Interrogés sur leur risque d'être infectés par un patient ou un confrère et de tomber gravement malades, la majorité des médecins (2/3) ont pourtant déclaré de pas avoir été particulièrement inquiets.

C’est la perte de confiance en les instances gouvernementales et médicales qui a, pour certains, le plus contribué à accentuer leur burnout : « malade du Covid avec des complications, je n'ai plus confiance dans les directives, notamment concernant la protection des soignants ».

Malgré les différentes options proposées en soutien aux soignants, la crise sanitaire a gravement impacté les médecins de première ligne qui ont dû faire face à des dilemmes éthiques difficiles. D’autres spécialités, comme l’oncologie ou la psychiatrie, ont également été très affectées psychologiquement par la pandémie.

« Fortement angoissée par les injonctions sanitaires », une gériatre estime que « la crise sanitaire semble à la fois avoir fragilisé et fortifié le nœud social. »

Dans notre sondage, seulement 2 médecins sur 9 estiment que les applaudissements de 20h en soutien aux soignants ont permis de leur remonter le moral pendant la crise… Un gérontologue pense que ce sont souvent « ces mêmes gens qui applaudissaient qui refusent de mettre le masque. »

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Burnout des médecins français : enquête 2020

Véronique Duqueroy | 19 novembre 2020 | Auteurs

Les trois quarts des médecins travaillent plus de 40 heures par semaine, 18% d’entre eux dépassant les 61 heures. Rappelons que la durée maximale, avec dérogation, ne devrait pas, selon le code du travail (art. R3121-23), dépasser 60 heures hebdomadaires. Près d’un médecin sur 5 serait donc concerné par ce dépassement horaire, dont les effets néfastes sur la santé sont bien établis.  

L’impact COVID

35% des médecins interrogés déclarent avoir travaillé davantage depuis le début de l’épidémie de Covid-19, la moitié ayant consacré plus de 5 heures supplémentaires par semaine. Sans surprise, les praticiens hospitaliers, très sollicités durant la crise, étaient plus nombreux à avoir effectué des heures supplémentaires (41%) que les médecins libéraux (21%), qui, pour certains, ont dû parfois diminuer leur activité. Ainsi, 29% des répondants rapportent avoir moins travaillé, en particulier les médecins âgés de 55 ans et plus (35%, vs 23% pour les plus jeunes). Enfin, 35% des répondants n’ont pas changé leurs horaires de travail.  

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Burnout des médecins français : enquête 2020

Véronique Duqueroy | 19 novembre 2020 | Auteurs

Lorsqu’ils sont interrogés sur les facteurs contribuant le plus à leur burnout, c’est bien le nombre excessif d’heures de travail que les médecins français mettent en tête du classement. Près de 3 répondants sur 8 sont concernés.

Le manque de respect de la part de leurs collègues ou de leur employeur est également, pour un tiers des médecins, une des sources les plus importantes de burnout : ce sont ceux exerçant en hôpital (44%, vs 6% en cabinet) et pratiquant une spécialité (37%, vs 13% MG) qui en sont les plus fréquemment victimes. Inversement, les médecins libéraux (38%, vs 17% hospitaliers) et généralistes (37%, vs 19% spécialistes) sont plus nombreux à rapporter l’impact du manque de respect de la part de leurs patients.

Un médecin sur 5 dénonce le trop d’importance donné aux profits financiers, au détriment des patients. Ce ressenti était plus fréquent chez les hospitaliers (27%, vs 11% des libéraux), les femmes (26%, vs 16% des hommes) et les spécialistes (23%, vs 12% des MG).

L’informatisation de la pratique constitue aussi une cause d’épuisement professionnel pour un médecin sur 6, en particulier chez ceux âgés de 45 ans et plus (20%, vs 5% des plus jeunes).

Enfin, des revenus insuffisants, dénoncés par les soignants depuis plusieurs années, contribuent au burnout pour près d’un quart des répondants. Cette frustration est encore plus exacerbée aujourd’hui qu’en 2018 (24% vs 18% respectivement), en particulier chez les médecins de la génération X dont près de 30% s’insurgent contre une rémunération insuffisante (vs 20% pour les 55 ans et +).

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Burnout des médecins français : enquête 2020

Véronique Duqueroy | 19 novembre 2020 | Auteurs

Entre mai et juin 2020, le gouvernement a versé aux professionnels de santé une prime exceptionnelle allant de 500 à 1500 euros selon les départements, en « reconnaissance pour l'effort et le dévouement des personnels soignants mobilisés depuis le début de l'épidémie du coronavirus ». Une prime considérée comme grandement méritée selon les deux tiers des médecins interrogés dans notre sondage. On note cependant plus d’hommes (38%) que de femmes (30%) déclarant être contre ce type de récompense épisodique. Une anesthésiste précise : « Je ne demande ni prime ni médaille, mais une meilleure rémunération pour tout le personnel soignant! ».

En octobre, alors que s’amorçait la 2e vague, internes, praticiens, et personnels de santé ont vu leurs salaires revalorisés.

Réduction de salaire?

Certains médecins seraient néanmoins prêts à accepter une réduction de salaire ou une diminution de leurs revenus, si cela leur permettait d’améliorer l’équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie privée ou de disposer de plus de temps libre. C’est le cas notamment des libéraux (52%, vs 41% des hospitaliers) et des femmes (51%, vs 41% des hommes).

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Burnout des médecins français : enquête 2020

Véronique Duqueroy | 19 novembre 2020 | Auteurs

Cinq médecins sur 6 expliquent que leur épuisement professionnel a eu un impact délétère sur leurs relations personnelles, notamment familiales. Beaucoup évoquent leur divorce, comme ce généraliste qui énumère « l’absence du domicile, le divorce » et regrette de pas « avoir vu grandir [ses] enfants ».

Une généraliste explique ne plus avoir « aucune disponibilité mentale pour la famille, les enfants, les amis ; quand je suis présente avec eux, ma tête est souvent au travail, d'où beaucoup plus de tensions avec les enfants. Je me sens beaucoup plus irritable, agressive et intolérante. »

Une rhumatologue témoigne : « Je me plains toujours à la maison alors que j'aimais mon métier, mais je ne le supporte plus, je passe pour une pleureuse insatisfaite auprès de mon conjoint, et je rêve d'arrêter de travailler. J'ai l'impression de gâcher ma vie et ma santé dans les cadences de consultation que je ne peux plus tenir à 57 ans. »

La géographie

Exercer dans certaines régions aurait un impact encore plus important sur le burnout des médecins. Ainsi, pour ce psychiatre, « le fait de vivre en Île-de-France influence énormément mon état émotionnel par les contraintes que cela impose : coût de la vie à salaire égal qu’en province, charge de travail et précarité du public (je travaille en Seine-Saint-Denis), difficultés de transport, absence d'espaces verts. Je vis difficilement le fait qu'il n'y ait pas de reconnaissance spécifique de ce problème. Des confrères venus de province pour nous aider pendant la crise Covid ont confirmé cet écart majeur, tant sur la charge de travail que sur les stress générés par les aspects liés à la géographie. À défaut de contrôler les loyers et le coût de la vie, ainsi que de limiter la densité de véhicules (impossible à mon sens), une revalorisation salariale ou une prime IDF devrait être accordée. Je me questionne sérieusement sur le fait de quitter cette région dans les années futures. »

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Burnout des médecins français : enquête 2020

Véronique Duqueroy | 19 novembre 2020 | Auteurs

Premier réflexe des médecins en burnout : s’isoler. Le repli sur soi est, avec la fatigue physique, un des signes les plus évocateurs de l’épuisement professionnel. Dans les commentaires, certains mentionnent adhérer au « binge-watching » leur permettant de « s’isoler devant la TV ».

Deuxième réaction : ils dorment. Probablement lorsqu’ils le peuvent, compte tenu des dépassements d’horaires rapportés plus haut dans cette enquête.

Conscients des effets bénéfiques des activités sportives sur la santé mentale, près d’un tiers des praticiens souffrant de burnout disent pratiquer de l’exercice physique.

Un peu plus d’un quart des médecins se sont déjà confiés à des amis ou à leur famille à propos de leur épuisement professionnel. Mais est-ce par lassitude ou manque d’écoute, la proportion de répondants partageant leurs préoccupations avec leurs proches est significativement moindre en 2020 qu’en 2018 (27% vs 38% respectivement). À l’inverse, la consommation d’alcool chez les médecins en burnout est plus importante aujourd’hui qu’il y a 2 ans (20% vs 14%).

La malbouffe tient toujours une place non négligeable dans ce contexte, en particulier chez les femmes (21%, vs 13% des hommes) et chez les médecins les plus jeunes (28% des milléniaux, vs 11% des baby-boomers). Le tabagisme est également plus fréquemment cité par les plus jeunes comme une conséquence du burnout.

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Burnout des médecins français : enquête 2020

Véronique Duqueroy | 19 novembre 2020 | Auteurs

Réduire leurs horaires d’activité et/ou modifier leur organisation professionnelle pour diminuer la charge de travail sont les deux principales mesures prises par les médecins pour tenter d’améliorer la situation. Un exercice parfois très ardu, en particulier pour les urgentistes : « j'essaie de diminuer mon temps de travail, sans y arriver! »

Dans leurs commentaires, beaucoup avouent n’avoir pu agir, tel ce chirurgien qui ne voit « aucune possibilité de changement ». D’autres, tel cet urgentiste, ne font « rien, car c'est fluctuant donc ça ira mieux ».

Des jeunes médecins prêts à abandonner

Devant le statu quo, plus d’un quart des médecins en burnout envisage d’abandonner la médecine. Une proportion qui atteint 46% chez les milléniaux. Ces derniers sont également prêts, dans leur grande majorité, à changer de pratique médicale (57%), ou à rechercher un autre emploi en médecine (51%). Une idée partagée par 45% des médecins hospitaliers.

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Burnout des médecins français : enquête 2020

Véronique Duqueroy | 19 novembre 2020 | Auteurs

45% des médecins souffrant de burnout n’ont pas l’intention de faire appel à un professionnel spécialisé en santé mentale. Une attitude encore plus fréquente chez les hommes (55%). « Je n’y crois pas », indique simplement un hématologue. Les femmes étaient 3 fois plus nombreuses à rechercher actuellement une aide professionnelle pour faire face à leur burnout.

Le manque de temps est la principale raison évoquée pour ne pas entreprendre une thérapie. Cette anesthésiste-réanimatrice reconnait quant à elle : « je ne suis pas prête à explorer les raisons, autres que le travail, qui participent à mon mal-être, ni à changer mes habitudes ou mon mode de travail ». Pour ce praticien en cardio-pédiatrie, « les causes sont structurelles et seules une réforme de l'hôpital, de sa gouvernance et une augmentation des effectifs, me seraient bénéfiques ».

Un peu moins d’un tiers des répondants estime que leurs symptômes ne sont pas suffisamment graves. 11% admettent ne pas faire confiance à leurs confrères psychiatres ou psychologues, ou craignent que leur situation soit révélée.

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Burnout des médecins français : enquête 2020

Véronique Duqueroy | 19 novembre 2020 | Auteurs

Pour la grande majorité des médecins, ni l’employeur, ni le lieu de travail actuel n’offrent de programme de lutte contre le stress et/ou l'épuisement professionnel. Lorsqu’il est disponible, seulement 12% des praticiens y ont accès, mais c’est 2 fois plus que lorsque nous les avions interrogés en 2018. Des efforts de communication restent encore à faire, puisque plus d’un médecin sur 6 ignore si un tel programme existe (dont 22% des hospitaliers, vs 10% des libéraux).

Néanmoins, si une telle structure de prise en charge spécialisée était offerte, à peine un tiers des soignants envisagerait d’y participer (40% des femmes, vs 26% des hommes).

L’employeur désigné coupable

Mais comment envisager un soutien de l’hôpital ou de l’employeur lorsqu’on considère qu’il fait lui-même partie du problème, font remarquer plusieurs répondants. Ainsi cet addictologue dénonce une « politique managériale de l’hôpital insupportable et destructrice ; trop d’administratifs et pas assez de soignants ; déclassement total des soignants au sein des hôpitaux qui en souffrent quotidiennement ; changer la gouvernance de l’hôpital est une urgence. »

Pour ce cardio-pédiatre « le problème du burnout est un faux problème. Le vrai problème est celui de l'oppression des malades et de ceux qui les soignent par un système hospitalier dont les directeurs sont les derniers rouages, et qui n’a d’autre but que de réduire l’argent dépensé pour la santé… »

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Burnout des médecins français : enquête 2020

Véronique Duqueroy | 19 novembre 2020 | Auteurs

Au-delà du burnout et de leur souffrance psychologique, nous avons également interrogé l’ensemble des 1025 médecins sur leurs habitudes de vie.

Exercice les médecins bons élèves : plus des trois quarts des répondants pratiquent une activité physique. Les généralistes sont significativement plus sédentaires (28%) que les autres spécialistes (20%). Deux médecins sur 5 tentent de maigrir, et ce sont les hospitaliers qui sont actuellement les plus engagés dans une stratégie de perte du poids (45%, vs 32% libéraux).

Alcool excès chez les hommes libéraux plus âgés : plus de la moitié des médecins consomment au moins 4 boissons alcoolisées par semaine, alors que près d’un sur 5 dit être abstinent. 5% dépassent la limite recommandée en France, soit 10 verres par semaine. Les libéraux (8%, vs 3% hospitaliers), les hommes (7%, vs 2% des femmes) et les médecins de 45 ans et plus (6%, vs 2% des jeunes) sont significativement plus nombreux à rapporter cette consommation excessive d’alcool.

Tabagisme surtout chez les jeunes : 17% des médecins consomment du tabac, plus rarement vapotent (5%) ou encore moins consomment du cannabis (2%). Les médecins appartenant à la génération des milléniaux sont plus enclin à fumer (23%) ; ils sont notamment 2 fois plus susceptibles de consommer du cannabis que ceux de la génération X et 6 fois plus que les baby-boomers.

Religion une aide contre le burnout : la moitié des répondants indique ne pas avoir de croyances religieuses ou spirituelles. Parmi les croyants, les 2 tiers estiment que leur religion/spiritualité les aide à faire face à leurs problèmes professionnels.

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Burnout des médecins français : enquête 2020

Véronique Duqueroy | 19 novembre 2020 | Auteurs

Les médecins français passent en moyenne 17 heures par semaine sur Internet, sur mobile ou ordinateur. C’est un peu plus que la moyenne nationale (~15h/sem.).

  • 9.5 heures sont consacrées au travail (actualités médicales, journaux scientifiques, courriers, réunions etc.), les hospitaliers rapportant un peu plus de temps sur Internet que les libéraux (10.4 vs 8 h/sem. respectivement). La FMC, le e-learning et les échanges avec les collègues sont cités comme activités virtuelles par plusieurs répondants. Un gériatre confie : « [on a] plus de confiance et d’optimisme quand on ne sent pas tout seul, face aux mêmes difficultés que les autres confrères ».
  • E-mails, chats, films, actualités… 7,5 heures sont dédiées à surfer pour des raisons personnelles chaque semaine. Les médecins de moins de 45 ans y passent un peu plus de temps que les plus âgés (8,9 vs 6,1 h/sem.).

La grande majorité des médecins estiment que les réseaux sociaux n’ont pas d’impact sur leur pratique quotidienne ou leur relation avec leurs patients. 8% y voient même une influence positive. Ainsi, une addictologue précise : « Je demande systématiquement aux patients ce qu'ils pensent de leur pathologie suite à leur recherche sur Internet et tiens compte de leurs croyances pour proposer une orientation thérapeutique ». Certains émettent cependant des réserves : « Les patients pensent en savoir plus que le médecin! » estime une onco-pédiatre, ou « c'est le patient qui fait le diagnostic et impose le traitement... », selon une urgentiste.

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Burnout des médecins français : enquête 2020

Véronique Duqueroy | 19 novembre 2020 | Auteurs

Dans leur ensemble, seulement 41% des médecins déclarent être heureux dans leur vie professionnelle. Ceux exerçant en hôpital étaient significativement plus insatisfaits (+6,5%).

Même lorsqu’ils déclarent ne pas souffrir de burnout, certains répondants, telle que cette praticienne en réanimation pédiatrique, reconnaissent que les temps ont changé et que la pratique de la médecine n’est plus du tout gratifiante. «En tant qu'ancienne, je suis effarée par la dégradation des conditions de travail et de l'Assistance publique, et suis profondément blessée par le manque de considérations de nos dirigeants et le mépris de l’administration. Si je reste c'est vraiment pour les patients… Je ne sais pas où nous allons, dans le mur sûrement…»

C’est donc en privé que la majorité des médecins français trouvent leur bonheur, 59% se disant plutôt heureux, voire très heureux dans leur vie personnelle.

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Burnout des médecins français : enquête 2020

Véronique Duqueroy | 19 novembre 2020 | Auteurs

1025 médecins exerçant en France ont répondu à ce sondage* en ligne entre le 2 juin et le 8 septembre 2020.

Un peu plus de la moitié de l’échantillon est composé d’hommes (54%) et près d’un quart des répondants exerce en Île-de-France. La grande majorité des participants vit en couple (62% mariés, 16% en concubinage) avec, pour la moitié d’entre eux (51%), un partenaire qui travaille également dans le domaine de la santé (27% sont aussi médecins). 10% sont divorcés.

*Certains chiffres dans les graphiques ont été arrondis, le total peut donc parfois ne pas être égal à 100%.Marge d’erreur : +/- 3,08%, IC de 95%, estimation ponctuelle 50%.

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Burnout des médecins français : enquête 2020

Véronique Duqueroy | 19 novembre 2020 | Auteurs

Plus de la moitié des médecins interrogés exerce à l’hôpital, principalement dans le secteur public, et ils sont, pour la plupart, salariés. 86% travaillent à temps plein.

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Burnout des médecins français : enquête 2020

Véronique Duqueroy | 19 novembre 2020 | Auteurs

Parmi les répondants, on retrouve principalement des médecins généralistes (19%), suivis des urgentistes (9%), des psychiatres (8%), des anesthésistes (7%) et des cardiologues (6%). Les autres spécialités représentent pour chacune entre 4% et 1% de l’échantillon.*

*Dans cette enquête « spécialistes » renvoie à « médecins de toute spécialité sauf la médecine générale », pour permettre de comparer spécifiquement ce groupe aux médecins généralistes.

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